NETTALI.COM - Le juge du 2e cabinet, Mamadou Seck, a organisé une confrontation avec les députés Mamadou Sall et Boubacar Biaye, ainsi que l’une des épouses fictives O. Touré. Au cours de cette audience, le député Mamadou Sall a été confondu par un audio.
Ils ont eu chaud au deuxième Cabinet d’instruction du Palais de justice de Dakar. Le magistrat Mamadou Seck a, en effet, organisé une confrontation avec les députés de la mouvance présidentielle, Mamadou Sall et Boubacar Biaye, ainsi que leur complice El Hadji Diadji Condé, et l’une des plaignantes, O. Touré.
Selon nos informations, l’inculpé El .H. Diadji Condé a reconnu avoir traité avec les dames Ng. Camara et O. Touré dans un processus d’obtention de passeport diplomatique. Il est d’alleurs revenu sur ses déclarations faites devant les policiers-enquêteurs de la Division des investigations criminelles (Dic), en déchargeant ses co-inculpés Mamadou Sall et Boubacar Biaye. Il nie avoir traité avec eux sur des démarches de titres de voyage. Diadji a tout endossé, disant avoir pris l’argent des parties civiles pour son propre compte. Mieux, il a déclaré n’avoir jamais conduit O. Touré dans le bureau du député Mamadou Sall à l’Assemblée nationale.
Interrogé par le magistrat instructeur sur les faux certificats de mariage trouvés dans son domicile lors d’une perquisition des éléments de la Dic, El H. Condé déclare : «J’ai confectionné ces faux actes de mariage à l’insu des députés Sall et Biaye».
Comme il fallait s’y attendre, Mamadou Sall et Boubacar Biaye se sont lavés à grande eau. M. Sall a soutenu n’avoir jamais rencontré la dame O. Touré. Son collègue B. Biaye a aussi clamé son innocence, se disant blanc comme neige.
Les tremblements du député Mamadou Sall…
Toutefois, les déclarations des inculpés ont été battues en brèche par la dame O. Touré. L’épouse fictive de Boubacar Biaye a réitéré ses dépositions faites à la Dic. Elle a dit avoir porté plainte contre Diadji Condé et le député Mamadou Sall pour escroquerie. Elle a dit au juge Mamadou Seck que Diadji lui avait promis un passeport diplomatique contre un montant de 5 millions de FCfa, de même que sa copine Ng. Camara. Mme Touré a poursuivi ses déclarations, soutenant avoir rencontré Mamadou Sall par le biais de Condé qui lui a présenté comme son collaborateur. Ce dernier l’a convaincue de verser la somme de 5 millions de FCfa pour un passeport diplomatique. Des déclarations tenues devant Mamadou Sall qui a continué à nier les accusations. Il ignorait que la dame détenait une preuve contre lui. Pour donner crédit à ses dires, O. Touré a fait écouter au juge d’instruction Mamadou Seck un enregistrement qu’elle avait fait dans le bureau de Mamadou Sall.
La séance d’écoute de cet enregistrement a mis mal à l’aise le député M. Sall qui n’a pas manqué de trembler comme une feuille morte. Le juge a suggéré alors à son conseil de requérir l’avis d’un huissier s’il veut contester l’audio qui risque de faire très mal à la défense, s’il est authentifié.
El Hadji D. Condé, présenté comme le cerveau de cette affaire, était le premier à être arrêté par la Division des investigations criminelles (Dic). Il était accusé d’escroquerie par les dames O. Touré et Ng. Camara. Condé avait balancé les noms des deux parlementaires, disant qu’ils sont ses collaborateurs dans les processus d’obtention de passeports diplomatiques. Une perquisition faite à son domicile a permis aux policiers-enquêteurs de découvrir des certificats de mariage aux noms de Mamadou Sall, Boubacar Biaye, O. Touré et Ng. Camara. Condé sera inculpé pour association de malfaiteurs, escroquerie, blanchiment de capitaux, faux et usage de faux sur des documents administratifs et faux en écritures publiques authentiques, puis placé sous mandat de dépôt le 13 septembre dernier.
Le 9 novembre suivant, l’Assemblée nationale avait levé l’immunité des députés. Quelques jours après, Mamadou Sall a été convoqué par le juge du deuxième Cabinet qui l’a inculpé pour les mêmes infractions que Condé avant de le placer sous mandat de dépôt. Son collègue Boubacar Biaye l’a rejoint en prison le 31 janvier dernier.