NETTALI.COM - L'ancien patron de Renault-Nissan accusé de malversations financières raconte son évasion du Japon en novembre 2019, expliquant avoir voulu fuir parce qu'il n'avait "aucune chance d'obtenir un traitement équitable". Il charge également Bruno Le Maire qu'il accuse de l'avoir lâché.
"Lorsque vous avez perdu tout espoir, vous êtes prêt à embarquer sur des opérations très risquées". Dans un long entretien accordé au Parisien dimanche 13 février, Carlos Ghosn raconte son évasion du Japon en novembre 2019. L'ancien patron de Renault-Nissan qui était assigné à résidence pour des soupçons de "malversations financières" dit avoir "pris la décision de s'échapper quelques semaines avant (son) départ, en arrivant à la conclusion qu'(il) n'avait aucune chance d'obtenir un traitement équitable". L'ex PDG qui vit désormais au Liban, explique avoir envisagé "plusieurs options" pour s'échapper. "D'abord, une sortie par la mer. Nous l'avons étudiée pendant quelque jours, mais nous l'avons écartée parce qu'elle prenait trop de temps. Entre le moment du départ et de l'arrivée, les autorités japonaises pouvaient intervenir", raconte-t-il.
Le Franco-Libano-Brésilien n’a pas non plus mâché ses mots à l’encontre de Bruno Le Maire, en raison d’un contrôle fiscal lancé par Bercy en 2019 : "il était venu visiter des tas d’usines avec moi, s’était battu pour mon renouvellement, est celui qui s’est manifesté de la manière la plus hostile, à ma grande surprise. C’est lui qui a ordonné le contrôle fiscal. C’est lui qui a donné une consigne claire à deux membres du conseil d’administration de Renault : ‘On abandonne Carlos Ghosn, on ne peut plus le soutenir’." Et d'ajouter : "Il est au centre de tout ça. Ce ne sont pas des accusations, ce sont des faits, avec des témoins. Les langues vont se délier avec le temps et nous saurons pourquoi la France m’a lâché."
Carlos Ghosn a aussi réglé ses comptes avec son ancien entreprise. "J’ai fait la croissance de Renault pendant treize ans, l’État français était présent chez Renault, j’ai obtenu des résultats exceptionnels et aujourd’hui, certains ont l’indécence de dire que les résultats minables de 2019, 2020 et 2021, c’est à cause de moi ?", lâche-t-il. "La vérité, c’est qu’un numéro 1 mondial est devenu un petit constructeur fragile. Cela me fait de la peine de voir que Renault n’est plus que l’ombre de lui-même."