NETTALI.COM - Invité du Jury du dimanche, Thierno Alassane Sall propose des assises sur la question de la rémunération des enseignants pour régler la crise scolaire. Il n'a pas épargné le régime de Wade qu'il accuse d'être à l'origine cette crise.
Président de la République des valeurs, Thierno Alassane Sall estime que l’Etat n’a pas les moyens de satisfaire toutes les revendications des enseignants. Selon lui, pour mettre fin à cette crise scolaire, le gouvernement doit organiser des assises nationales sur la question de la rémunération. « Il y aura, en ce moment, des mesures courageuses qui pourront être discutées. Une nation est bâtie sur la base de sacrifices », a souligné l’ancien ministre, invité du Jury du dimanche. Il pense que les enseignants ont raison de parler d’iniquité. On doit, à son avis, avoir plus de considération envers un enseignant qui est à l’intérieur du pays qu’envers quelqu’un qui est dans un bureau climatisé, qui perçoit des indemnités et deux fois le salaire d’un enseignant. « Ce sont des réalités qui existent dans ce pays-là. On parle des enseignants parce qu’ils ont une capacité de mobilisation mais on ne parle pas des agronomes, des médecins, entre autres, qui vivent la même chose. Il y a une part considérable des ressources qui est captée par une petite catégorie », regrette-t-il.
Le régime de Wade au banc des accusés
Poursuivant, il rappelle que depuis 20 ans, l’école est dans une instabilité quasiment chronique, délétère. Il accuse le régime libéral d’être à l’origine toutes ces perturbations. Selon lui, c’est Abdoulaye Wade, l’ancien chef de l’Etat qui a détérioré et détraqué le système d’égalité sur lequel était bâti la Fonction publique sénégalaise. Ce, en octroyant à certains corps privilégiés des avantages assez extravagants. Lesquels se sont étendus, par la suite, à beaucoup d’autres composantes. « Dans certaines agences, les salaires pour certaines catégories et certains diplômes n’avaient rien à avoir avec ce que pouvait avoir un ingénieur agronome, un médecin, un capitaine de l’armée etc. Le système n’était plus assis ni sur le mérite, ni sur le risque, ni sur l’exposition à la périodicité mais simplement à la proximité avec le régime de Wade », déplore-t-il non sans regretter que le président Macky Sall, au lieu d’apporter des solutions à ces iniquités, a perpétré le legs de Wade. Car, révèle-t-il pour le déplorer : « on voit des gens qui sont dans certains ministères ou dans certaines agences percevoir des salaires plus que des gens qui ont bac + 6. J’ai personnellement les chiffres et le gouvernement avait commandité des études en 2016-2017 qui montraient des disparités importantes ».
Et d’ajouter : « vous ne pouvez pas avoir la masse salariale qui représente 80% de vos dépenses courantes ou du budget consacré à tel ou tel secteur, 17% pour le fonctionnement et 2% pour l’investissement et dire que vous préparez l’avenir. Vous ne préparez pas l’avenir mais vous vivez sur la dette. Or dans ce pays, pour parler de l’éducation nationale, on investit peu puisqu’on fait peu d’écoles nouvelles ».