NETTALI.COM- Les limiers de la Division spéciale de cybersécurité ont interpellé et déféré au parquet le nommé C. Ndiaye, qui se faisait passer pour la députée à l’Assemblée nationale Yéya Diallo, avec l’aide d’un probable complice. Il a réussi à soutirer de l’argent à deux ministres et à un DG.
Le 18 janvier dernier, la Division spéciale de cybersécurité (DSC) a été saisie d’une plainte formulée par la députée à l’Assemblée nationale Yéya Diallo, pour escroquerie via les systèmes informatiques, usurpation d’identité numérique et de fonctions.
Dans sa note, elle reprochait à un usurpateur d’avoir utilisé son identité et ses fonctions, pour solliciter de l’aide financière et du carburant à de hautes personnalités de l’Etat, en jouant sur les relations entre eux et l’honorable députée. Deux ministres et un directeur général ont répondu favorablement, en lui envoyant de l’argent via Orange Money et Wave. Par contre, d’autres, plus alertes, ont informé la plaignante qui a décidé d’ester en justice.
En effet, l’escroc s’y est mal pris, en insistant lourdement auprès de certaines proies. Egalement, il est clair qu’il avait un complice. Puisque, selon des sources de EnQuête, une femme se faisait passer pour la députée, au bout du fil. Elle disait à ses interlocuteurs que sa maman, acheminée au Maroc, est malade. Qu’elle avait besoin de soutien pour prendre en charge les frais médicaux. Cette étape terminée, la fausse Yéya Diallo rappelait la cible 72 heures plus tard, pour lui dire que sa maman avait finalement perdu la vie et qu’elle s’activait pour le rapatriement du corps. Ainsi, les usurpateurs recevaient des montants qui varient entre 50 000 et 500 000 F CFA. A d’autres proies, elle demandait de l’argent pour se rendre à l’intérieur du pays. Mais un jour, l’honorable députée a reçu un appel d’un ministre qui lui présentait ses condoléances. Surprise, elle s’est rendu compte qu’elle était victime d’un escroc, puisqu’un autre DG l’a aussi appelée, pour l’avertir qu’une personne se faisait passer pour elle. Elle s’est résolue à porter plainte.
Les résultats de la perquisition au domicile du suspect
Les hommes du commissaire de police Aly Kandé, le chef de la DSC, ont ouvert une enquête. Grâce au numéro utilisé par l’usurpateur, le Groupe de recherches et d’interpellation (GRI) de ce segment de la police a réussi à identifier et à procéder à l’interpellation du sieur C. Ndiaye, en compagnie de son épouse Aida dite B. C. Bocoum, contre qui il existait des soupçons de complicité.
Auditionné, C. Ndiaye a soutenu être un agent administratif en service au ministère de l’Environnement et du Développement durable. Puis, il a rejeté en bloc les faits qui lui sont reprochés. Malgré ses dénégations, les constatations techniques effectuées sur ses lignes téléphoniques ont confirmé qu’il est bien l’auteur de ces faits. Il utilisait, par moments, le téléphone portable de sa conjointe, pour mieux ferrer ses victimes savamment choisies. Il a aussi été interrogé sur le numéro d’un téléphone portable qui avait fréquemment appelé les numéros des victimes. Il a déclaré l’avoir vendu dans un marché noir à Kaolack, pour 20 000 F CFA, il y a plus de 45 jours.
Egalement entendue sur procès-verbal, la nommée Aida dite B. C. Bocoum, épouse du principal mis en cause, a confirmé que son téléphone portable a servi à gruger les personnalités citées. Elle a ajouté que son mari utilisait plusieurs numéros pour communiquer avec elle ou pour effectuer des transferts de fonds via Wave ou Orange Money sur son compte.
Ensuite, une perquisition a été effectuée au domicile du suspect. Elle a permis de retrouver le téléphone portable que C. Ndiaye avait pourtant déclaré vendu sur le marché noir à Kaolack. Il était soigneusement dissimulé dans un sac de riz, ainsi qu’une dateuse, un encrier et un gyrophare de couleur rouge.
Interrogé sur la provenance de ces objets, M. Ndiaye a soutenu avoir fait confectionner la dateuse et l’encrier pour ses propres activités. Quant au gyrophare, il a indiqué l’avoir reçu d’un de ses amis, chauffeur au ministère de l’Intérieur.
En outre, selon les interlocuteurs du journal, les résultats de l’exploitation technique du téléphone portable du mis en cause ont corroboré les charges retenues contre lui. Interrogé à nouveau, il a, cette fois-ci, reconnu l’intégralité des faits, avant de se confondre en regrets et excuses.
Les deux ministres et DG n’ont pu faire l’objet d’audition, du fait de leur indisponibilité, renseignent nos interlocuteurs. L’épouse a été libérée. Par contre, C. Ndiaye a été déféré au parquet, vendredi dernier, pour les faits d’escroquerie via les systèmes informatiques, usurpation d’identité et de fonctions et/ou complicité. Aux dernières nouvelles, une information judiciaire a été ouverte contre lui, en attendant son procès.