NETTALI.COM – Dame Mbodj a-t-il tombé le masque en décidant de rejoindre la coalition Yewwi Askan Wi, en direction des prochaines législatives ? On serait tenté de répondre par l’affirmative, d’autant plus que le syndicaliste a souvent été décrit, à travers le prisme déformant de ses contempteurs, comme un pion de Ousmane Sonko qui avance en tapinois.
Par un revirement spectaculaire au fort retentissement médiatique, le syndicaliste Dame Mbodj, qui a rejoint la coalition Yewwi Askan Wi, décide de s’engager en politique. Un Rubicond est franchi, pour quelqu’un qui a toujours affirmé qu’il n’a pas de coloration politique et qu’il ne veut pas en avoir.
« Mes activités syndicales font que je ne peux pas adhérer à un parti politique. Cela est formellement interdit. Je n’ai pas le droit de participer à des meetings ou d’être membre dans des instances. On m’interdit de faire de la politique politicienne », affirme Dame Mbodj, dans un entretien avec la 2S Tv, à l’émission « Matin Bonheur » avec Astou Dione.
Là où il enfonce vraiment un coin, c’est lorsqu’il dit qu’il ne roule pas pour Ousmane Sonko, dans l’affaire qui oppose ce dernier à Adji Sarr. « On dit que je suis avec Ousmane Sonko, alors que je n’ai jamais échangé au téléphone avec lui. Il n’est jamais passé me voir dans mon bureau. Moi non plus, je n’ai jamais été le voir dans son bureau », mentionne le syndicaliste.
Pourtant, dans le même entretien avec la 2S TV, tenu dans la foulée des évènements de février-mars 2021, Dame Mbodj raconte ceci : « En réalité, Ousmane Sonko a obtenu le récépissé pour son parti vers 2014. En 2015, on s’est rencontré, lui, El Malick (le porte-parole de Pastef) et moi-même. El Malick et moi, on fréquentait une entreprise. On s’est connus là-bas. Il m’a proposé d’établir la connexion avec Ousmane Sonko. La rencontre eut lieu dans un restaurant du Point. On a échangé de 17h à 19h et ce fut Ousmane Sonko qui dirigea la prière du crépuscule. Il m’a supplié de venir adhérer au Pastef, en déclarant qu’il venait de le créer et que personne ne le connaissait. Il m’a fait remarquer que j’étais plus célèbre qui lui. A l’occasion, il me révéla qu’il était en train d’écrire son premier livre et qu’il craignait pour son poste à la Direction générale des impôts et domaines. Certes, il sera licencié, par la suite mais ce fut pour autre chose et non à cause du livre en question ».
Dans une autre vidéo, Dame Mbodj soupçonne des connexions nébuleuses entre le chef de l’Etat, Macky Sall et Khalifa Sall, haute figure de Yewwi Askan Wi. « D’ailleurs, il fut des temps où Bamba Fall a été cité comme l’intermédiaire pour opérer ce rapprochement. Khalifa Sall s’est fait hara-kiri depuis longtemps. Vous savez, en politique, il faut éviter de manœuvrer pour accéder au pouvoir. Et le pouvoir, il ne s’obtient pas sur un plateau d’argent. Il faut lutter pour accéder au pouvoir », ironise le syndicaliste.
Cette accusation peut susciter le malaise, d’autant plus que l’ancien maire de Dakar a souvent été soupçonné d’opérer un double-jeu, de négocier en catimini avec le pouvoir, pour obtenir une réhabilitation synonyme de quitus, pour recouvrer ses droits civiques après sa condamnation dans l’affaire de la Caisse d’avance.
En tout cas, Dame Mbodj, en contrepartie de son activisme à tout bout de champ, n’entend pas jouer les « seconds les rôles », comme il prend date lui-même dans un entretien avec Seneweb la semaine passée. Il exige d’être investi en bonne place sur les listes de Yewwi. On ne dira pas qu'il n'a pas le sens du calcul politicien !