NETTALI.COM - Se faire voler 890 millions à son domicile, c’est la prouesse qu’a réussie Farba Ngom. Il y a en tout cas à se demander d’où peut bien provenir cette fortune pour le député qu’il est ? Une autre question que l’on est aussi en droit de poser, c'est comment il a pu garder autant d’argent à son domicile alors que les banques poussent comme de petits pains sur la place de Dakar ? Une affaire qui a fini par scandaliser bon nombre de Sénégalais, comme ce concert d'indignations noté sur les réseaux sociaux au travers desquelles, des internautes réclament une action judiciaire.
Toujours est-il que la provenance de cet argent reste un mystère. Un grand mystère même ! Il y a de toute façon matière à s’interroger sur le cas Farba Ngom.
Frapp de Guy Marius Sagna ne compte pas laisser cette affaire impunie. Aussi, a-t-il envisagé dans un court délai, de saisir l’Ofnac, la Centif, la Crei, la Bceao, l’Ige, etc. estimant que Farba Ngom n’est pas au-dessus des lois. L’organisation pense même que l’argent doit être saisi par l’administration fiscale pour violation du code général des impôts, des règles bancaires, des dispositions relatives à la corruption, la concussion, le blanchiment d’argent, le faux monnayage et tout autre infraction assimilée ou similaire à la thésaurisation…
Il y a pourtant de cela quelques années, plus exactement en novembre 2017, Farba Ngom avait été interpellé à l'aéroport Roissy Charles de Gaulle à Paris. Il détenait une importante somme d'argent en euros supérieures au montant fixé par la loi française. Certaines sources de BBC avançaient un montant de 38 000 euros (25 millions de de francs CFA) que le député n'aurait pas déclaré à la douane. Or la loi française prévoit que toute personne physique, et quel que soit son pays d'origine, est soumise à déclaration en douane lorsqu'elle transfère de l'étranger vers la France 10 000 € ou plus.
Après avoir été interrogé par les douaniers, il avait été relâché pour cause d'immunité parlementaire, mais le montant qu’il détenait avait été confisqué. S’il avait ainsi pu quitter le Sénégal sans contrôle en usant de son influence, il n’avait malheureusement pas eu cette même baraka en France, pays qui applique la loi à tout le monde.
Les récentes et accablantes déclarations de Farba Ngom, sur la 7 TV contre Thierno Alassane Sall et lui-même, selon lesquelles, ils auraient tous les deux reçu des enveloppes au cours d'une visite chez un quidam qu’il ne veut d'ailleurs pas citer, peut donner à réfléchir. Il avait aussi menacé de déballer si jamais l’ancien ministre venait à contester. Comment avait-il pu oser proférer de tels propos au cœur de la république ? Sa seule volonté était, semble-t-il, de salir un ancien ministre qui avait osé faire un affront au président Sall en refusant de signer un contrat au profit de Total avant de démissionner.
Réponse de Thierno Alassane Sall chez Babacar Fall à l’émission « Faram Facce » sur la TFM, Farba Ngom a agi comme « quelqu’un qui a une ceinture d’explosifs qui saute juste pour faire sauter les autres avec lui ». Aussi, celui-ci, le laisse-t-il salir ses enfants si Farba le souhaite. Et l’ancien ministre de déclarer qu’il était lui-même au cœur du système et sait comment certains font avec les contrats pour s'enrichir. Pour TAS, s’il voulait de l’argent, il aurait non pas eu des mallettes, mais des containers d’argent, au lieu d’enveloppes, comme l’a déclaré Farba Ngom. Thierno Alassane Sall estime que beaucoup de gens ont suivi son passage à l’Asecna, à l’Artp et son salaire qu’il a baissé. Donc, il n’y a pas à son avis de quoi s’attarder sur le cas Farba qui délire.
Et même à supposer que cette histoire de Farba Ngom ait été vraie, voulait-il nous informer qu’il gagne souvent de l’argent par ces canaux douteux ? C'est lui-même qui a fait des aveux, personne ne l'accuse de quoi que ce soit ! Ses déclarations sont en tout cas troublantes et heurtent fortement la morale. Et il est bien difficile de ne pas établir de lien puisque manifestement personne n’a forcé Ngom à sortir de pareilles inepties. Sa proximité avec le président de la république aurait pourtant du l’inciter à plus de pudeur et de retenue.
Mais une question toutefois. D’où peut bien provenir la fortune prêtée à Farba Ngom ? A la remarque d’Aïssatou Diop Fall selon laquelle, il n’y a guère longtemps, on l’a vu distribuer des mallettes d’argent, au vu et au su de tout le monde, celui-ci de répondre : « je suis courtier et apporteur d’affaires. C’est un métier noble. J’ai choisi d’être libre. J’aurais pu me battre comme tout le monde dans les marchés publics, mais c’est ma conscience qui ne me permet pas de faire certaines choses. Comment puis-je être intermédiaire d’une transaction foncière et ne pas percevoir de commission ? J’exploite mes relations et si j’arrange l’affaire, je perçois quelque chose et c’est légal. Je n’ai ni volé, ni perçu de l’argent indu. Jamais, on ne trouvera de l’argent public dans mon compte. Mon salaire de député n’est pas viré, c’est une députée Coumba Hamidou Dème qui le récupère pour moi et le donne à mon jeune Aliou Ba. J’ai un immeuble depuis 2012 et l’Etat la pris depuis l’époque d’Alionne Sarr au patrimoine Bâti, 24 appartements, 7 magasins 5 studios payés par le patrimoine bâti », a déclaré Farba Ngom.
Sauf que Ngom semble oublier que très peu de personnes ont la possibilité de percevoir des commissions et encore moins faire du "courtage" à un certain niveau de l’Etat. Il faut vraiment être au cœur du dispositif étatique pour avoir accès à certains rouages. Les relations dont il se targue, sont des relations étatiques. Donc, il est du même acabit que ceux-là qu’il pointe du doigt et qui gagnent des marchés publics à tour de bras.
Mais ce que le député ne nous dit pas en plus, c’est le statut de ces montants ? Sont-ils imposés ou pas ?
Ce qui est d’autant plus grave, est que dans la vie de tous les jours, tout quidam qui perçoit de l’argent liquide n’atteignant même pas dix millions, est susceptible de faire l’objet d’une déclaration de soupçons de la part de sa banque. Imaginons maintenant des montants aussi astronomiques en liquide qui circulent !
D’aucuns désignent Farba Ngom par le terme de « griot du président ». Ce qui fait de lui un proche d’entre les proches du chef de l’Etat. Celui-ci a d’ailleurs confié à Aïssatou Diop Fall, au cours d’une récence émission « Face to face », qu’il nomme désormais son patron « lamtoro » du fait des origines du 1er. Qu’il le dise ou non, il est un homme puissant dans le dispositif du président Sall. Il est non seulement militant de la 1ère heure, mais également membre du secrétariat exécutif de l’APR et député de Benno Book Yaakaar. Signe particulier, il fait partie de ceux-là qui huilent la machine et les rouages politiques de cette coalition dirigée par Macky Sall.
C’est pourquoi il a été au début et à la fin de l’acte de l’acte posé par Djibril Ngom. Comme il le revendique d'ailleurs. Farba Ngom n’exprime d’ailleurs aucun remord à ce propos. Bien au contraire, selon ses propres termes, l’acte de Djibril Ngom qui avait fui, aux plus forts moments du dépôts des listes des locales, avec la liste de Yewwi, est « un coup de maître ». Il a même, figurez-vous, « loué le courage de celui-ci pour avoir rallié le camp de Macky Sall ». Pour l’inconditionnel du Président Sall, il a surtout été question dans cette confrontation avec Yaw, d’avoir « réussi un coup politique » et « d’avoir privé Yeewi Askan Wi de liste dans le département de Matam». Un aveu qui n’honore vraiment pas les tenants du pouvoir.
Difficile en tout cas de savoir comment on peut manquer à ce point de scrupules et mépriser totalement la morale, au point d’assimiler l’acte commis par Djibril Ngom de « tactique politique ? » Djibril Ngom, n’est-ce pas celui-là qui avait été reçu par Macky Sall avec une enveloppe d’argent visible à ses pieds. C’est du moins ce qui avait été donné à voir sur les images qui avaient circulé et étaient partagées sur les réseaux sociaux. A la question d’Aïssatou Diop de savoir s’il a remis de l’argent à Djibril Ngom afin qu’il quitte Sonko, Farba Ngom a tout simplement estimé que ce dernier est un homme de principe, courageux et intelligent ; et c’est pour cette raison qu’il avait été avec le leader de Pastef. Pour Farba Ngom, « il y’a des actes qu’on pose pour éliminer nos adversaires». On ignorait en tout cas jusqu’ici, sous nos cieux, qu’il y a des armes utilisées pour éliminer les adversaires ! Il en délivre des informations ce cher, c'est pourquoi il devrait moins l'ouvrir.
Au point où on en est, il semble bien qu’à travers les nombreux actes illégaux posés, que certains semblent tester la capacité d’indignation des Sénégalais. Mais à la vérité, elle est à certain point atteinte que beaucoup d’actes malveillants peuvent aujourd’hui sembler bien banals et finissent désormais par être la norme. Le voleur n'aurait jamais dû être pris, c'est l'argent qui aurait dû plutôt être saisi et Farba Ngom interrogé sur l'origine du cash qu'il manipule.