NETTALI.COM - Les divergences entre Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng, qui ont ouvert un boulevard à Macky Sall en 2012, étaient-elles insurmontables ? A lire, en tout cas, les confidences faites par l’ancien secrétaire général de la Ligue démocratique, dans ses mémoires “Passion de liberté’’, on serait tenté de le croire. Dans ce deuxième jet consacré aux mémoires du Pr. Abdoulaye Bathily, l’auteur de “Passion de liberté’’, revient avec force détails sur les péripéties de l’éclatement de la coalition Benno Siggil Senegaal en 2012, ouvrant un boulevard au candidat à la Présidentielle Macky Sall. Bathily évoque aussi le premier contact qu’il a eu avec le jeune cadre de Petrosen en 2000…
“De toute évidence, participer à cette élection présidentielle semblait relever pour chacun d’eux d’une motivation quasi mystique’’, écrit le Pr. Abdoulaye Bathily. “Lui, Tanor, trahirait la mémoire de Senghor, fondateur du PS, s’il ne se présentait pas. Quant à Moustapha Niasse, il disait avoir exercé toutes les plus hautes fonctions administratives et gouvernementales. Il ne pouvait donc pas renoncer à briguer la seule qui ne fut pas inscrite à son palmarès, qui plus est la plus prestigieuse de toutes. Il ne pouvait se contenter d’un simple poste de Premier ministre, et encore moins de parlementaire. Rien ne put convaincre l’un de renoncer au profit de l’autre, pas même la nécessité d’un sacrifice pour l’intérêt supérieur de la nation’’, poursuit-il sous une plume dépitée. Pourtant, explique l’auteur de “Passion de liberté’’, beaucoup d’initiatives politiques ont été tentées pour trouver une solution au problème dont la mise sur pied d’”un groupe de facilitation pour la désignation de la candidature commune’’. Sa coordination qui fu confiée par les leaders au Pr. Bathily, alors Chef de file de la Ligue démocratique/Mouvement pour le parti et le travail (LD/MPT).
Choc de personnalités et échec
“Des discussions engagées, il apparut très vite que seuls le Parti socialiste et l’Alliance des forces de progrès tenaient chacun à présenter un candidat par l’intermédiaire de leurs leaders respectifs Ousmane Tanor Dieng (PS) et Moustapha Niasse (AFP)’’. C’est donc naturellement qu’il les “reçut plus d’une fois à mon domicile en terrain neutre, pour leur permettre de discuter directement’’. Mais “à l’issue de quatre rencontres, chacun campa sur sa position’’. Ousmane Tanor Dieng arguait que c’est le Parti socialiste qui avait été battu et délogé du palais que, par conséquent, il lui revenait de chercher à y retourner de nouveau. Et il ajoutait qu’il était inconcevable que ce parti historique, qui avait amené le Sénégal à l’indépendance, ne présentât pas de candidat à une élection présidentielle’’.
Les effets politiques de ces longues “semaines de négociations vaines avaient fini par exaspérer l’opinion nationale, qui avait placé un immense espoir dans une issue heureuse, par la capacité de dépassement des prétendants au nom de l’intérêt général’’.
Pour le Pr. Bathily, s’’’il en était ainsi’’, c’est “parce que tout le monde était convaincu qu’un ticket Tanor-Niasse ou Niasse-Tanor ouvrirait le boulevard au candidat de Benno Siggil Senegaal dont le programme constitué des conclusions et recommandations des assises nationales était une garantie de rupture d’avec le monde d’avant, tant décrié’’.
“Pendant que les deux larrons se battaient, “arrive un troisième larron/Qui saisit maître Aliboron’’, comme dit la fable. On n’avait pas besoin d’être devin pour affirmer qu’une candidature unique aurait garanti une victoire certaine de Benno en 2012, répondant alors à l’aspiration largement partagée du peuple sénégalais. Ainsi, Macky Sall, arrivé deuxième au premier tour, après Wade, mais devant Niasse, bénéficia du soutien de toutes les composantes de BSS, dans le cadre d’une vaste coalition et remporta l’élection avec 65 % des suffrages au second tour’’.