NETTALI.COM- Entre le 16 et le 19 juin derniers, les limiers de la Sureté urbaine du commissariat central de Dakar ont interpellé, selon EnQuête, dans différentes localités, une dizaine de personnes. Ila été trouvé chez elles un impressionnant dispositif qu’elles voulaient utiliser pour incendier des bâtiments administratifs, attaquer des personnalités publiques, les FDS et installer le chaos durant la journée de la manifestation de la coalition Yaw. Elles sont toujours dans le régime de garde à vue dans les locaux de la SU.
À la veille de la manifestation interdite de la coalition Yewwi Askan Wi (Yaw) qui a fait trois morts dont un à Dakar et deux dans le sud du pays, la police sénégalaise, à travers ses renseignements, a été informée que des personnes s’activaient à planifier des actes en vue de compromettre la sécurité publique et occasionner des troubles politiques graves, dans le cadre de la manifestation projetée par la coalition Yaw.
Pour éclaircir cette affaire, l’enquête a été confiée à la Sureté urbaine (SU) du commissariat central de Dakar. Après des investigations et recoupements qui ont été effectués le 16 juin dernier, le premier suspect a été interpellé. Il s’agit de B. Ba (30 ans), soudeur métallique de fonction.
Selon les informations de Enquête, il a été interpellé à son atelier sis au parking du stade Léopold Sédar Senghor. Sur les lieux de son arrestation, renseignent nos sources, les enquêteurs ont trouvé des centaines de herses qu’il avait déjà confectionnées. Interrogé par les hommes du commissaire Bara Sangharé, le patron de la SU, il a déclaré qu’il a été recruté par une personne du nom de P. O. Seck. Ce dernier lui a demandé de confectionner ces outils.
Cette même nuit, aux environs de 21 h, à la suite d’une réunion qu’il avait tenue à Grand Médine pour les besoins de la préparation de la manifestation, le nommé P. O. Seck (né en 1984) et par ailleurs agent des impôts et domaines, a été interpellé. Le 17 juin, tôt dans la matinée, les limiers ont aussi procédé à l’interpellation de F. Mancabou alias “Vieux gradé”. Agent de sécurité de profession, cet homme de 51 ans avait par devers lui une arme à feu de type Walther, calibre 22 LR avec des munitions. Son rôle, selon nos sources, consistait à développer des stratégies d’attaque contre les forces de sécurité. Toujours dans cette journée du 17 juin, il a été procédé aussi à l’interpellation, à Rufisque, de trois personnes à bord d’un véhicule de type Peugeot 307. Il s’agit de M. Guèye (né en 1978), agent de sécurité incendie ; B. Ndao (né en 1992), éleveur de fonction et A. Ndiaye (né en 1999). La fouille de leur véhicule, informent nos interlocuteurs, a permis aux enquêteurs chargés de cette affaire de découvrir un arsenal composé de 27 cocktails Molotov, 20 bouteilles contenant des produits chimiques nocifs, 59 bouteilles pour la fabrication de cocktails Molotov, neuf fusées fumigènes, six masques à gaz, cinq lunettes de protection oculaire. À cela s’ajoutent des masques de protection, des armes blanches, un révolver factice, des herses destinées à crever les roues des véhicules, des sacs contenant des morceaux de tissu destinés à la fabrication de cocktails Molotov.
Continuant toujours leurs investigations et usant de techniques d’enquêtes modernes, le 18 juin, vers les coups de 21 h, il a été procédé, aux Almadies 2 de Rufisque, à l’interpellation d’A. Dramé (24 ans), technicien en électricité-bâtiment. Selon nos sources, il faisait partie des personnes qui confectionnaient les cocktails Molotov à Rufisque. Elles n’ont pas voulu donner plus de détails. Le 19 juin, en début de soirée, O. Seck (51 ans), apiculteur de métier, et A. A. Niang (40 ans), électromécanicien ont été interpellés à la plage de la BCEAO (située à Yoff). Selon les renseignements obtenus par les hommes de Bara Sangharé, ils faisaient partie des organisateurs des émeutes du mois de mars 2021. On les accuse aussi d’avoir financé les activités après avoir reçu des fonds provenant d’”Akhenaton” et de “Max Kilumati” établis en Europe.
“C’est moi qui ai confectionné ces produits explosifs composés d’essence”
Tout ce beau monde est placé en garde à vue dans les locaux de la SU. Lors de son audition, avancent nos sources, M. Guèye a confié qu’il fait partie du groupe dit “Force spéciale” dirigé par un nommé Boubacar, sans autre précision. “C’est moi qui ai confectionné ces produits explosifs composés d’essence, d’acide et d’eau de javel mélangée avec de la moutarde pour créer un effet explosif”, dit-il aux enquêteurs. Dans le cadre de cette affaire, son téléphone a été exploité. Ce qui a permis de savoir qu’ils prévoyaient de s’attaquer à la centrale électrique du Cap des biches, aux intérêts français et aux domiciles de certaines autorités de l’État. En effet, renseignent nos sources, ils avaient déjà planifié des actes de destruction de biens publics bien avant même la manifestation non interdite du 8 juin 2022. En outre, M. Guèye a soutenu que c’est O. Seck qui lui a remis les herses qui étaient destinées à bloquer les véhicules des forces de l’ordre pour empêcher leur progression.
Sur ces indications, il a été procédé à l’interpellation d’un entrepreneur du nom d’I. Diédhiou (né en 1992). Les policiers l’accusent d’avoir participé à la confection des substances explosives au domicile d’O. Diouf, à Rufisque. À cette étape de l’enquête, on leur reproche les faits de complot contre l’autorité de l’État, acte de nature à occasionner des troubles politiques graves, association de malfaiteurs en vue d’organiser des bandes en leur fournissant des armes et munitions dans le but de s’attaquer à la force publique, détention et transport de produits et substances incendiaires en vue de compromettre la sécurité publique, détention illégale d’armes à feu. Ils seront déférés au parquet au terme de leur période de garde à vue. En attendant, l’enquête se poursuit.