NETTALI.COM - L'Alliance des forces de progrès (AFP) qui est au cœur des deux alternances en 2000 et en 2012, est à la croisée des chemins concernant son destin politique. Selon la livraison de ce mercredi 6 juillet du journal Enquête, le départ de Moustapha Niasse du poste de secrétaire général, lors du prochain Congrès du parti prévu cette année, risque d'ouvrir la boîte de pandores des luttes et des querelles intestines avec comme possible conséquence une implosion du parti.
Selon l’enseignant-chercheur en sciences politiques à l’UGB, Moussa Diaw, il faut prévoir des lendemains sombres, en cas de retrait de Moustapha Niasse, dans la mesure où cette figure politique aussi imposante et omnipotente au sein de l’AFP condamne le parti à se configurer. “Des partis comme l’AFP sont emblématiques au regard de leurs leaders qui sont au centre de toutes les attentions. Et ces partis risquent de disparaître après le départ de leurs leaders. Le retrait d’un chef politique autour duquel est organisée la vie de sa formation politique va forcément nuire à la dynamique de ce dernier. Moustapha Niasse n’a pas d’héritier, ni de n°2 à qui il peut confier les rênes de son parti sans contestation interne. Aucun digne successeur ne se dégage avant leur Congrès qui devra désigner un nouveau secrétaire général. Ce qui pourrait conduire d’éventuelles dissidences et révoltes contre le nouveau SG du parti qui n’aura pas pu asseoir sa légitimité à la tête de l’AFP’’, a déclaré l’universitaire qui indique que le parti n’a pas su remobiliser autour d’un nouveau discours pour s’adapter aux nouvelles réalités.
A en croire l’analyste politique, le grand risque pour l’AFP est la dislocation, avec la disparition progressive au sein des instances du parti de Moustapha Niasse. “Des cadres défaits ou frustrés à l’issue du prochain Congrès risquent de claquer la porte du parti et de mettre sur pied de nouvelles formations politiques dans la galaxie progressiste. Ces batailles de leadership en perspective sont le fruit d’une absence de structuration du parti, car toutes les instances ne possédant qu’un seul baromètre ou référence Moustapha Niasse. Le parti a perdu de son ardeur depuis qu’il s’est rallié à BBY. Le parti a été noyauté par l’APR, même si on lui concédait quelques postes au sein du gouvernement. Le départ de Gackou et d’autres dissidents ont aussi affaibli le parti. Il n’y a pas une dynamique interne. Avec le départ de Niasse, ça risque de se disloquer’’, précise-t-il.
Toutefois, joint par téléphone, Zator Mbaye, le responsable des jeunes politiques de l’AFP, se veut prudent et parle de retrait de la vie politique et non de retraite politique de l’ancien responsable socialiste. “Moustapha Niasse n’a jamais dit qu’il se retirerait de la scène politique. Il avait surtout indiqué qu’il se retirerait des fonctions administratives comme le poste de président de l’Assemblée. Il a aussi toujours prôné l’avènement des jeunes à la tête du parti. C’est un homme politique qui ne sera jamais à la retraite, mais seulement en retrait dans le fonctionnement du parti. Moustapha Niasse a lui-même décidé de ne plus être secrétaire général du parti. Personnellement, je le verrai comme président du parti ou président d’honneur du parti, car nous avons encore besoin de son expérience et de son expertise. De ce fait, nous aurons un secrétariat général qui se chargera de l’organisation et de la gestion quotidienne’’, a-t-il confié à Enquête.