NETTALI.COM - Une enquête sérieuse suite au décès de François Mankabou, c’est ce que demande Me Samba Thiam, Président de de l’Organisation nationale des droits de l’homme du Sénégal (Ondh). Celui-ci, invité du "Jury du dimanche", a fustigé les propos du procureur sur cette affaire.
Le décès de François Mankabou est sur toutes les lèvres. Cette triste nouvelle est depuis quelques jours l’actualité la plus commentée au Sénégal avec son lot d’indignations. L’invité du "Jury du dimanche", l’avocat Samba Thiam et non moins président de l’Organisation nationale des droits de l’homme du Sénégal(Ondh) s’est prononcé sur affaire. A l’instar de ses camarades, il exige la lumière. Selon lui, le Sénégal n’a pas le choix. Il est obligé d’ouvrir une enquête. « Il doit répondre même à une demande internationale. Le Sénégal se doit de rendre compte à toute la communauté internationale. Cette personne a été gardée à vue et l’Etat avait l’obligation de la protéger », soutient le défenseur des droits humains.
Il avoue ne pas comprendre la sortie du procureur qui, dans ses propos, a évoqué l’existence d’une vidéo de 13 minutes. Pour lui, le procureur devait se limiter à dire qu’une enquête a été ouverte. « Je ne comprends pas qu’on y aille jusqu’à parler d’une vidéo. C’est comme si on avait déjà tranché », regrette-t-il. « Ce qu’on veut, c'est la lumière dans cette affaire. L’Etat doit mener une enquête très sérieuse parce que c’est extrêmement grave. Le procureur par ailleurs avocat de la société doit veiller à ce que tous les droits soient respectés », ajoute-t-il, non sans réitérer ses inquiétudes sur l’évocation de la vidéo par le parquet. « S’il en parle alors qu’on est en phase d'enquête, c'est comme si le jugement a déjà commencé et qu’on a déjà tranché », regrette-t-il.
A l’en croire, la responsabilité de l’Etat peut être engagée. Il peut être poursuivi pour non-assistance à personne en danger. « Quand on a le temps de filmer une personne pendant 13 minutes, on a le temps de lui apporter aide et assistance », indique-t-il.
Interpellé sur la pratique de la torture dans les prisons sénégalaises, Me Thiam fait remarquer : « dans le cadre de la fonction que j’exècre j’ai constaté que les locaux de la police et de la gendarmerie sont des lieux de torture. La façon de parler, c’est aussi de la torture. Le fait de rester longtemps sans s’alimenter, c’est aussi de la torture ».