NETTALI.COM - Samba Thiam prend la défense de la justice. Selon le professeur de droit et avocat au barreau de Paris et de Dakar, la justice se porte bien mais ce sont les comportements et les attitudes des gens qui ont changé. Il considère également que le Sénégal n'a pas de problème avec l'Etat de droit.
Professeur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et avocat au barreau de Paris, Samba Thiam, par ailleurs président de l’Organisation nationale des droits de l’homme du Sénégal était l’invité du Jury du dimanche. Il s’est prononcé sur le fonctionnement de la Justice qui fait l’objet de plusieurs attaques depuis quelque temps. « La dame justice est toujours une institution, une organisation. Notre constitution a prévu des institutions de la République et a cité les cours et tribunaux. Des décisions de justice sont rendues et quand il y a une confiance remise en cause dans son expression ça pose problème. Puisque l’équilibre de notre société repose sur trois moyens: la croissance, la paix et la justice », a expliqué Me Samba Thiam.
Il rappelle que la justice est un facteur de développement et les trois doivent être combinés. Cette justice, souligne-t-il, doit être crédible. Mais, il pense qu’il faut avoir confiance en elle. « Quand elle prend une décision, cela doit forcer la soumission. Mais quand il y a un doute, quand la confiance est remise en cause au lieu d’une paix, nous risquons de vivre dans le désordre », prévient-il. Pour le juriste, cette vieille dame se porte bien. « Ce sont nos comportements, nos mentalités, nos gestes qui changent. Et qui font que diriger vers elle, elle souffre », relativise le défenseur des droits humains, estimant que la responsabilité de cette souffrance de la justice doit être imputée à tout le monde. Il exhorte ceux qui détiennent le pouvoir à avoir une attitude qui inspire le respect vis-à-vis de l’institution de la justice. Il ne faut pas qu’il y ait un moindre doute. « Ceux qui veulent également arriver au pouvoir il faut que depuis la phase préparatoire qu’ils montrent qu’ils sont respectueux des institutions de la République. Même si la décision elle n’est pas correctement rendue, il faut faire semblant de respecter », dit-il.
Avant de préciser : « quand je dis faire semblant je veux dire qu’il ne faut pas désigner du doigt cette institution. Malheureusement, les populations n’auront plus confiance. Or, cette décision est rendue au nom du peuple ».
« Je n’ai pas de doute par rapport à l’Etat de droit qui est le Sénégal »
Par ailleurs, le professeur de droit à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a pris le contrepied de ceux qui émettent des doutes sur l’Etat de droit au Sénégal. Le Président de l’Ondh est catégorique. Il ne doute pas de l’Etat de droit au Sénégal. « Je vous dis honnêtement que je n’ai pas de doute par rapport à l’Etat de droit qui est le Sénégal. J’estime que les institutions sont là maintenant. Ce sont ces personnes qui sont chargées de faire fonctionner l'Etat, ce sont des comportements, des attitudes, des discours, des incompréhensions, des décisions qui amènent à faire exprimer ce doute. Mais l’institution, l’Etat il est grandement présent », a expliqué l’avocat.
Revenant sur le manifeste de ses collègues universitaires, il indique que ce n’est pas mal que l’université, de temps en temps, s’exprime, rappelle, s’adresse à ces femmes et hommes qui nous dirigent ou qui cherchent à prendre le pouvoir pour leur dire qu’il y a un ordre. « La société a mis en place un État pour veiller sur notre bonheur, assurer notre sécurité. Et la sécurité repose sur le droit. Et si ce qu’on enseigne comme principe, comme règle, comme valeur ne se retrouve pas dans la vie de l’Etat ça peut conduire à ce type d’inquiétude. Le fondement de l’Etat n’est pas rogné à mes yeux », souligne-t-il.