NETTALI.COM - Invité du "Jury du dimanche", Ngouda Mboup, enseignant chercheur à la faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar pense que le président de la République devrait lire les résultats des élections législatives du 31 juillet dernier avec une très grande lucidité parce que la légitimité du suffrage universel est importante dans une démocratie.
Selon lui, le suffrage universel est tel que le président de la République est l’élu du peuple. Et cela lui permet d’avoir les grandes options dans ce pays. Il est au carrefour du système.
Mais dans cette lecture, il faudrait, à en croire le juriste, que le Chef de l’Etat y associe un aspect assez important. C’est la stabilité politique. Car, rappelle-t-il, pour gouverner, il faut avoir la majorité à l’Assemblée nationale dans ce pays et le président de la République en a besoin pour s’assurer d’une gouvernance stable. « Au-delà de ça, l’opposition réunie majoritaire, pourrait bloquer les projets du Président de la République ou pourrait donner une nouvelle orientation politique de ce pays », a déclaré Ngouda Mboup.
L’opposition n’a pas intérêt à bloquer le pays
Pour étayer ses propos, il donne cet exemple : « bientôt l’Assemblée nationale sera installée. Pour le vote du budget, cela ne va pas être facile parce que le gouvernement a besoin de la majorité pour l’adoption des lois, a besoin de la majorité absolue pour gouverner et faire fonctionner l’administration. Aussi, l’opposition aujourd’hui, pour pouvoir faire quelque chose, il faudra qu’elle puisse changer le règlement intérieur. Le règlement intérieur étant une loi organique, pour le modifier, il faut forcément la majorité absolue, c’est-à-dire 83 voix pour. Là aussi ce serait très difficile, très compliqué si les autres qui ont des plus forts restes ne sont pas d’accord ».
L’autre chose, poursuit le juriste ; « le président de la République, pour pouvoir voter son budget, il faudra qu’il ait la majorité absolue. Maintenant, le président a les cartes en main parce que la constitution lui donne des pouvoirs. C’est-à-dire la possibilité de demander une seconde lecture et à ce niveau, ce sera très difficile pour l’opposition de pouvoir contrecarrer la volonté du président de la république. Parce que là, l’opposition doit adopter la loi avec une majorité renforcée. C’est-à-dire les 3/5. Mais la constitution lui donne une autre prérogative, c’est que le président de la République pourrait faire fonctionner le budget par décret. Mais en ce moment, ce sera toujours les services votés. Mais s’il y a retard, il pourra faire fonctionner le budget en entier ».
L'invité de JDD estime qu’on a une assemblée démocratique du point de vue de sa composition. Mais ,pense-t-il : "il faudrait aussi se dire que le pays ne doit pas être bloqué parce qu' en réalité, l’opposition n’a pas intérêt à bloquer le pays. L’opposition à intérêt à faire de telle sorte que les choses puissent basculer de son côté ».