NETTALI.COM - Le Parti démocratique sénégalais (Pds) a marqué un retour en force lors des législatives du 31 juillet dernier. Ainsi, il a contribué à la dynamique gagnante de l’opposition qui a obtenu 80 députés sur les 165 que compte l’Assemblée nationale. Une situation qui présage des perspectives heureuses pour ce parti d’opposition historique s’il parvient à régler la question du leadership.
C’est une nouvelle page qui semble s’ouvrir pour le Parti démocratique sénégalais (Pds) dirigé par l’ancien Président Abdoulaye Wade. Considéré, dans un passé récent, comme un parti en perte de vitesse suite à sa perte du pouvoir, en 2012, le Pds a su se donner les moyens de rebondir en créant une alliance avec des leaders de l’opposition regroupés au sein de « Yewwi Askan Wi » (Yaw). Cela, à quelques jours des élections législatives du 31 juillet dernier.
Ainsi, l’inter-coalition « Wallu–Yaw » a su réaliser des prouesses pendant le dernier scrutin, selon des analystes politiques. Elle a pu remporter 80 sièges de députés contre 82 pour la majorité présidentielle. « Wallu–Sénégal », piloté par le leader du Pds, devient, de fait, la troisième force parlementaire du pays, eu égard aux résultats détaillés des législatives. La coalition « Benno Bokk Yaakaar » (Bby), qui est arrivée en tête avec 82 députés, est suivie de Yaw avec 56 sièges, puis de « Wallu Sénégal » avec 24 sièges. Ces résultats, en passe de changer la carte politique en perspective de la présidentielle, augurent d’un meilleur repositionnement du Pds dans l’échiquier politique.
Selon Doudou Wade, ancien porte-parole de cette formation libérale, ils ont su saisir les enjeux de la dynamique unitaire après avoir refusé de rejoindre les rangs de Yaw lors des élections territoriales du 23 janvier 2022. « Nous réaffirmons notre ancrage au sein de l’opposition et notre posture d’opposition républicaine. Nous avons su apporter notre touche dans la dynamique gagnante de l’opposition, même s’il y a eu des incompréhensions dans le passé », souligne M. Wade. Pour lui, comme pour d’autres, c’est un avenir radieux qui se dessine pour l’une des partis politiques les plus représentatifs du pays.
Stratégies gagnantes
Pour des analystes politiques, tels que Mamadou Albert Sy, il y a lieu de se demander si le Pds saura élargir ses horizons sans son leader, Me Abdoulaye Wade. Il assure que l’effet Me Wade, difficilement maîtrisable, a largement contribué à la percée de l’opposition durant les législatives. Toutefois, Mamadou Albert Sy estime que le Pds n’est pas encore sorti de l’auberge. « Il a perdu, lors des locales, des collectivités territoriales. C’est à partir de cela que les leaders du Pds ont fait une évaluation et développé de nouvelles stratégies gagnantes. Mais, c’est le coup de pouce de Me Wade qui leur a permis d’aborder un nouveau tournant », explique-t-il d’emblée. Pour M. Sy, le leader du Pds dispose de son électorat. Il précise : « Il est aussi le fédérateur du parti. Les électeurs se sont mobilisés au dernier tournant de la campagne. La rivalité entre Yaw et « Wallu » constituait un enjeu. Abdoulaye Wade l’a compris et a su accélérer la percée de ‘‘Wallu’’ ».
L’ancien président du groupe parlementaire de la formation libérale n’en pense pas moins. D’après Doudou Wade, le maintien de cette dynamique de l’opposition est important pour la présidentielle de 2024. Si « Wallu Sénégal » entend travailler pour un meilleur repositionnement sur l’échiquier politique, il est difficile d’occulter, à ses yeux, l’existence et la force politique du secrétaire général du Pds et de son fils, Karim Wade.
« L’implication de Me Abdoulaye Wade, lors du dernier scrutin, a été déterminante dans la percée de « Wallu Sénégal » et de ses alliés. Cela a influé le vote. Aujourd’hui, nous attendons le retour de Karim Wade. L’opposition est assez intelligente pour comprendre qu’Abdoulaye Wade et son fils, Karim, sont là », indique-t-il. Toutefois, Doudou Wade estime que la conjugaison des forces de l’opposition est importante pour faire face au régime en place. « Il nous faut de la célérité et de la sérénité pour montrer aux Sénégalais que nous sommes sur la bonne dynamique », ajoute-t-il. M. Wade croit savoir que la candidature de Karim Wade, qui est une réalité, renforcera le retour du Pds. « Sa candidature devance celle des autres. Nous l’avons proposée en 2019 ; le Congrès ne s’est pas prononcé depuis sur la question. On réaffirme sa candidature pour 2024. Le problème ne se pose plus », souligne-t-il.
« 2024 risque d’être difficile pour le Pds »
L’analyste politique Mamadou Albert Sy pense que des réalités tenaces risquent de plomber l’envol du Pds. « Le Pds revient au-devant de la scène, il est dans l’inter-coalition, il s’est mieux repositionné après sa défaite des locales due à l’absence de Me Wade et progresse. Mais, c’est un nouveau scénario qu’exige la présidentielle », souligne-t-il.
M. Sy touche du doigt l’impératif de régler la question de la candidature du Pds pour la présidentielle de 2024. « Karim Wade ne pourra pas se présenter aux prochaines élections s’il n’est pas amnistié, ni mener une campagne présidentielle à partir de l’étranger. Me Abdoulaye Wade aussi n’est plus en mesure de se lancer dans cette compétition. Le Pds a deux ans pour résoudre cette équation et trouver un remplaçant à M. Wade », fait-il savoir.
L’analyste politique soutient que le Pds doit être en mesure de survivre à la période post-Wade pour exister. « C’est là où se situe leur problème. Ils n’ont pas trouvé de remplaçant à Me Wade, voire un nouveau secrétaire général. S’ils ne trouvent pas une solution, ce serait extrêmement difficile pour eux en 2024 ». Mamadou Albert Sy de recommander alors : « Ils peuvent trouver un consensus avec Yaw, car ils n’ont pas assuré leur leadership au niveau de l’opposition dirigée par les trois ténors que sont : Khalifa Sall, Déthié Fall et Ousmane Sonko ».