NETTALI.COM - Il était attendu, telle la lune annonciatrice du début du Ramadan, qu’on scrute. Mais à l’arrivée beaucoup se sont demandés s’ils rêvaient, tellement le discours manquait de contenu. Il est à la vérité d’une grande vacuité. Un tel acte de communication a quand même besoin d’un prétexte plus conséquent.

Difficile en effet de savoir, à entendre ce discours, si Macky Sall tire des enseignements des différents signaux que lui adressent les populations, au rythme des élections qui se succèdent. Avec lui, la politique de l’autruche semble être érigée en règle de gouvernance. Il avance comme dans une sorte de marche forcée. Une course effrénée vers on ne sait d’ailleurs quel objectif, cherchant en tout temps à brouiller les pistes. Comme ce fameux ni oui, ni non si inacceptable en démocratie où le jeu se devait d’être clair et transparent. Mais l’homme Macky Sall refuse de marquer une pause, de faire le point, de regarder dans le rétroviseur. Une course qui ne peut, au bout du compte, que le mener tout droit au mur.

Les locales qui se passent au niveau des communes, livrent leur verdict avec une poussée de l'opposition dans les grandes villes, il avoue avoir gagné dans les départements. On n’était pourtant pas dans le cadre d’élections législatives ! Les législatives révèlent une poussée encore plus importante de l’opposition qui met dans sa besace d’autres grandes villes, il avoue détenir la majorité. Il dégringole pourtant de 125 à 82 députés, et a même besoin de Pape Diop pour avoir la majorité absolue. D’une courte tête. Sauf qu’il ne se rend pas compte qu’il n’a plus toutes les cartes en main.  Sacré Macky, l’autocritique ou la reconnaissance d’un effritement de son bassin électoral, ce n’est pas son fort. Il préfère ceux-là qui lui demandent de foncer et d’user de subterfuges, tout détenteur de tous les moyens de l’Etat qu’il est ! Et pourtant même la politique a besoin d’un esprit sportif mais plus que cela d’humilité.

En ce vendredi 16 septembre, il s’est davantage enfoncé dans son message à la nation, en se vantant d’avoir organisé des élections transparentes avec un résultat crédible. Tout cela avec une seule logique, montrer qu’il reste un démocrate. Serait-ce en prélude à son voyage à l’étranger, question de faire bonne figure ? Ou pour casser l’élan Aminata Touré qui n’a cessé, en l’espace de 3 jours, de le vilipender à travers Rfi et TV5, en le présentant comme le tenant de la gestion familiale, contrairement à sa stature de démocrate qu’il vend si souvent aux médias français ? Les sorties de l’ancienne Première ministre causent quelques dégâts. C’est sûr. N’en déplaise à Oumar Youm qui pense qu’elle devrait démissionner. Les Sénégalais adorent certes les victimes, mais n'est-elle pas allée trop vite en besogne ?

Une fois encore, Macky Sall a raté l’occasion de se taire. Car un message à la nation, est à dire vrai, fait pour annoncer des mesures fortes. Mais quelles mesures a au juste annoncé le président Sall si ce n’est de parler de conseil de la consommation pour aborder la question du pouvoir d’achat et du coût de la vie. Qu’il n’oublie surtout pas qu’il a manqué ce rendez-vous au cours duquel, il se devait de poser son veto sur le coût du loyer et de dire stop à la cupidité des commerçants. N’avait-il pas publiquement démissionné sur la question du loyer avant d’abdiquer récemment sur le prix du ciment ? Si seulement les associations de défense avait une quelconque utilité ! La question du coût du loyer se règle manière structurelle en agissant sur l'offre et la demande. Comprendre créer des logements sociaux, créer de nouvelles zones d'habitations avec toutes les commodités.

Evoquer les « plus de 620 milliards de francs CFA, soit : 300 milliards de subventions au carburant, à l’électricité et au gaz au 30 septembre 2022; 157 milliards de renonciation aux recettes fiscales pour éviter le renchérissement des prix du riz, du blé, du maïs, du sucre et de l’huile ; 120 milliards pour la revalorisation des salaires des agents publics ; plus de 43 milliards de transfert d’argent en soutien à 543 000 familles vulnérables » peut certainement avoir une résonnance auprès des élites qui savent ce que peut bien vouloir dire un milliard. Mais la vérité est que les Sénégalais comprennent bien mieux la baisse de la pression des prix dans leur panier, plutôt que des milliards qui leur passent au-dessus de la tête, sans qu’ils n’en voient l’horizon. La plupart grande masse raisonne en termes de 1000. Comment peuvent-ils être sûrs et mesurer ces efforts de l’Etat si ce n’est de les ressentir dans leur quotidien ?

Le président Sall s’est attardé sur les détails des violences à l’Assemblée nationale, appelant à l’observation des valeurs républicaines et à la paix, oubliant ses propres méfaits. Comme ces consignes de vote données de manière aussi anti-démocratiques, cassant le caractère secret du vote ou encore ces procurations de la honte ! Des actes aussi violents que ceux de Barthelemy Dias et Guy Marius Sagna qu’il semble désigner comme les acteurs, sans les nommer. Mais à la vérité, ce qui s'est passé dans l'hémicycle, ne regarde nullement le président qui est un pouvoir comme l'assemblée nationale l'est. Cette institution n'est en aucun régie par lui qui est du pouvoir exécutif.

Bref Macky Sall n’est pas bien placé pour parler de sacralité d’une institution de la République. Sinon aurait-il reçu kaliphone Sall, ce grand insulteur public, en grande pompe à la résidence de l’ambassadeur de France, au point que ce dernier dîne avec lui, les interviewe lui et son épouse, sans oublier ces actes de familiarité que le couple présidentiel n’aurait jamais dû entretenir avec un tel individu ? Ce que ce monsieur a fait, est grave. D’une gravité extrême. Il a insulté toutes les institutions de la république, les forces de sécurité y compris. Si Macky Sall cherchait vraiment à protéger la république, aurait-il reçu Djibril Ngom, celui-là qui avait fui (pour ne pas dire volé) avec les listes de Pastef au palais de la république, ce lieu symbole du pouvoir exécutif et de la république. Difficile de donner des leçons aux autres si on ne fonctionne pas sur le mode de l’exemplarité.

Le président Sall a certainement oublié d’aborder la question de l’occupation de l’hémicycle par les gendarmes. Le dernier acte de ce genre date de 1962. Un fait assez grave pour être relevé. Mais lorsque l'assemblée ressemble à un ring de boxe, que faut-il faire ?

Il nous a, à la fin de son discours, appris qu’il allait former son nouveau gouvernement. Une information que tous les Sénégalais savaient déjà. Quel était donc le prétexte, au finish de cette communication ? Reprendre l’initiative de la parole ? Détourner les commentaires sur son discours en attendant la formation du gouvernement ? Si c’était un contrefeu, il est bien passé à côté. Parfois quand on n’a rien de mieux à dire que le silence, il vaut mieux se taire…