NETTALI.COM - Loin du tumulte médiatique de ces derniers jours, le parti Pastef d'Ousmane Sonko fait face à une vive polémique qui risque de laisser des traces dans ses rangs. Entre responsables et militants de ce parti, on ne parle pas le même langage à propos du cumul des mandats.
Les élections législatives du 31 juillet dernier ont été un grand succès pour le parti Pastef. Si son leader a été recalé par le Conseil constitutionnel qui a invalidé la liste des titulaires de la coalition Yewwi askan wi, les "Patriotes" sont passés d'un représentant dans la législature précédente à 25 députés dans cette nouvelle Assemblée. Mieux, des ténors de ce parti comme Birame Soulèye Diop, Abass Fall, Cheikh Alioune Bèye ont fait leur entrée au Parlement. Mais alors que l'on débat encore sur les conditions d'installation du nouveau bureau de l'Assemblée nationale, une vive polémique est venue s'installer dans les rangs de Pastef. Il s'agit de la question du cumul des mandats.
Le Pastef est sans doute le seul parti politique au Sénégal à s'engager à mettre fin au cumul des mandats s'il accède au pouvoir. Seulement, la polémique n'a pas attendu l'arrivée de Sonko au pouvoir pour se poser dans les rangs de Pastef. Le parti semble rattrapé par ses promesses plutôt que prévu. Elus maires dans leurs communes, des responsables de premier plan de Pastef comme Birame Soulèye Diop de Thiès Nord et Cheikh Alioune Bèye de Diamagueune Sicap Mbao sont devenus députés au sortir des élections du 31 juillet. Pour de nombreux militants de Pastef, ces derniers ne peuvent pas cumuler leur mandat de député à celui de maire. Leur argument : Pastef doit respecter cet engagement de Sonko qui était également inscrit dans le programme "Jotna" lors de la présidentielle de 2019. Mais pour d'autres, le non-cumul des mandats n'est pas inscrit dans le règlement intérieur de Pastef. Pour ces derniers, un maire peut bel et bien être député.
Cette question du cumul de mandats est donc en train de miner le Pastef obligeant les concernés à sortir de leur silence. Sur le plateau de Walf Tv, ce lundi 19 septembre, Cheikh Alioune Bèye, maire de Diamagueune Sicap Mbao, s'est voulu catégorique. Pour ce proche d'Ousmane Sonko, il n'est pas question de démissionner de l'Assemblée nationale. "Je ne cumule rien du tout. Pendant la campagne, j'ai dit aux électeurs de la banlieue que j'allais les défendre au prix de ma vie. Ils m'ont fait confiance en votant pour moi tout en sachant que j'étais déjà maire. Je veux que ça soit très clair pour tout le monde. Je ne démissionnerai pas de l'Assemblée, encore moins de mon poste de maire. Pour l'instant, je ne suis pas prêt à trahir le vote de ceux qui m'ont fait confiance", a-t-il laissé entendre.
Cette position de Cheikh Alioune Bèye n'est pas du tout partagée par son camarade Birame Soulèye Diop. "Le moment venu, je ferai le choix qu'il faut, mais sans pression aucune. Je choisirais entre l'Assemblée nationale et ma mairie pour respecter l'engagement qui a été pris par le président Ousmane Sonko parce que je me vois dans cet engagement. En attendant, qu'on me laisse faire mon choix en toute sérénité", souligne le maire de Thiès Nord sur les antennes de 2A Tv.
Ces deux positions témoignent de la complexité du débat au sein de Pastef. La preuve: si Birame Soulèye Diop démissionne de l'Assemblée nationale, son fauteuil reviendra à un autre responsable de Pastef, le juriste Amadou Ba, son suppléant sur la liste départementale de Thiès. Ce qui n'est pas le cas pour Cheikh Alioune Bèye qui risque de laisser son mandat à El Mamadou Ndiaye de Taxawu Sénégal. D'ailleurs, Khalifa Ababacar Sall et ses camarades de Taxawu Sénégal n'ont jamais pris d'engagement sur le non-cumul des mandats. Mieux, les "Patriotes" sont dans la même coalition que des maires comme Barthélemy Dias ou encore Ahmed Aïdara qui cumulent au moins deux mandats. Quoi qu'il en soit, Pastef va devoir trancher. Et c'est la position d'Ousmane Sonko qui est attendue par ses militants de plus en plus divisés sur la question du cumul des mandats.