NETTALI.COM - Elle fut longue l’attente. Autant pour la nomination du Premier ministre que pour la publication de la si longue liste des nouveaux membres du gouvernement. Ainsi vont les remaniements. Ils suscitent toujours une grande curiosité, mais laissent à la fin des commentaires d’approbations, de désapprobations et d’autres plus mesurés. Il est en tout cas bien difficile de dégager l’unanimité sur un tel sujet où les opinions divergent et s’apprécient à l’aune des profils en présence, des différentes composantes de la nouvelle équipe et l’alchimie ou non qui va en découler.
Ce remaniement là a, en tout cas, le désavantage d’avoir été précédé d’un discours bien creux et sans intérêt du président de la république, à tel point que le silence aurait été préférable à la place. Mais à l’arrivée, ce "gouvernement de combat" qu’on a vendu aux Sénégalais, ne fait pas beaucoup d’émule et ne suscite pas un grand enthousiasme, même si certains profils, tels que le duo Mamadou Moustapha Ba et Oulimata Sarr qui va s’occuper de notre économie et de nos sous, bénéficie d’un préjugé favorable. Mais attention à ne pas trop encenser la novice. même si elle est issue du réseau onusien, il s’agira de la juger à l’épreuve des faits et non comme cela a été le cas sur son physique et également sur CV bien étoffé. La gestion gouvernementale est un terrain bien différent et encore plus difficile. Quant à Moustapha Ba, il est en terrain connu. Jugé très efficace, très technique et infatigable travailleur de l’ombre, le budget repose sur lui depuis très longtemps. Le signe que nos finances et notre budget, sont entre de bonnes mains.
La question à toutefois se poser, réside dans le terme «gouvernement de combat». Mais contre quoi et contre qui ? Le coût de la vie ? Le pouvoir d'achat ? Une réponse quant à l'orientation de ce gouvernement, est vite trouvée, car dans la si longue liste figure en nombre et en bonne place, ces jeunes sentinelles du Macky. Pas vraiment de grosses lumières ! Des choix qui ne laissent penser qu’à un affrontement sur le terrain politique avec des visages connus pour les joutes verbales : Mame Mbaye Niang, Pape Malick Ndour, Birame Faye, Karim Fofana et des jeunes issues des mouvances alliées de l'Apr, Moussa Bocar Thiam, l'ex-agent judiciaire de l'Etat du Parti socialiste, Aliou Sow entré au gouvernement grâce à l'alliance Bokk Gis Gis de Pape Diop avec Benno... Nouveau ministre de la Culture, cet ancien du PDS est aussi connu pour ne pas porter Ousmane Sonko et compagnie dans son cœur. Il n'avait d'ailleurs pas hésité à qualifier le leader de Pastef de menteur quand ce dernier a accusé une certaine opposition de travailler pour Macky Sall.
L'on peut aussi citer Yoro Dia qui a atterri à la communication de la présidence. Il figure en bonne place dans cette liste de jeunes combattants. Il s’était distingué par quelques sorties et une récente tribune distribuée dans la presse, lors de l’installation des députés de la 14ème législature, et dans laquelle il s’en était pris à Guy Marius Sagna et à Barthélémy Dias.
L'on peut également souligner la zone sud qui hérite de deux ministres. Deux jeunes également : Doudou Ka et Victorine Ndèye. Une présence surprenante pour la nouvelle ministre de la microfinance et de l'Economie solidaire qui a été laminée par le "bulldozer" Guy Marius Sagna, avec un écart considérable qui s'est d'ailleurs creusé, passant de 5000 à 20 000 voix entre Yeewi askan wi et la coalition au pouvoir dans l'épisode locales et les législatives.
Tous ces jeunes ministres ont en effet un dénominateur commun. Ils sont jeunes et porteurs d'un discours virulent, parfois même violent contre l'opposition et son principal chef, Ousmane Sonko.
Fait notable, le groupe marque la présence des proches de la première dame parmi lesquels, figure aussi Fatou Diané (ministre de la femme, de la famille et de la protection des enfants) et pas seulement, avec dans le lot, la connexion fatickoise fidèle au couple présidentiel.
Derrière ces nominations, se cache ainsi une volonté difficile à camoufler, celle de découdre avec cette opposition composée de quarantenaires, tels qu’Ousmane Sonko, Déthié Fall, Barthélemy Dias, Ahmed Aïdara, Guy Marius Sagna, Abasse Fall... et dont le discours rencontre l'adhésion de la frange jeune. Le président Sall est en effet bien conscient que sa coalition est principalement composée de "barons" incapables de descendre sur le terrain de ses opposants actuels. Macky Sall veut donc miser sur eux qui n'ont d'ailleurs pas attendu d'être nommés pour faire le job.
Mame Mbaye Niang, par exemple, ce conseiller du chef de l’Etat, est récompensé d'un retour dans le gouvernement, en partie pour ses attaques sans concession contre Ousmane Sonko. Au cœur de la campagne pour les législatives du 31 juillet dernier, il avait par exemple fait le tour de plusieurs médias pour traîner le leader de Pastef dans la boue. Idem pour Abdou Karim Fofana qui devient porte-parole du gouvernement. Nouveau ministre de la Jeunesse, Pape Malick Ndour est connu pour faire le tour des plateaux de télévision pour s’attaquer à Ousmane Sonko et ses alliés de l'opposition. Quant à Moussa Bocar Thiam, nouveau ministre de la Communication, il avait mobilisé ses jeunes pour perturber la campagne de « Yewwi askan wi » à Ourossogui dont il est le maire. La gendarmerie avait même dû intervenir afin d'éviter un bain de sang.
Seront-ils à la hauteur de la mission qui leur est confiée ? Leur jeunesse, va-t-elle pour autant changer la donne en créant une empathie avec les jeunes ? L’exercice ne sera pas aussi simple qu’ils le croient car le capital sympathie des Sonko, Barth et Guy ne sera pas du tout facile à entamer. Ce d’autant plus que le leader de Pastef jouit d’une cote de popularité bien trop importante face à des discours favorables à Macky Sall qui ne portent pas bien loin.
Le risque est en effet pour ce gouvernement de s'enliser dans un combat qui ne sera pas une partie de plaisir car les Sénégalais surveillent. Surtout que le parti de la demande sociale, même s'il n'espère pas des miracles en 18 mois, ne voit pas du tout comment le gouvernement pourra impacter sur le coût du loyer après son retentissant échec sur la question ; de même que les prix qui flambent avec à la clef une certaine anarchie sur les prix non contrôlés. Sur la question des inondations, c'est le désastre pour les populations et les automobilistes qui ont vécu d'énormes galères cette année malgré les 766 milliards du plan décennal 2012-2022. "Un gouvernement de combat" qui risque de rester un simple slogan sur une question ô combien difficile de l'emploi dont on ne voit pas d'ailleurs comment le gouvernement pourrait faire des miracles en si peu de temps. Mettre en face de ces jeunes qui ont perdu tout espoir d'un mieux-être, ne devrait point suffire.
Des permutations, des inamovibles et des heureux perdants maintenus
Dans cette armée de nouveaux ministres, on note en effet de nombreux perdants maintenus dans le gouvernement : Adama Faye, Ismaël Madior Fall, Moussa Baldé, Alioune Ndoye, Yankhoba Diattara, Aliou Sow, Mame Mbaye Niang, Doudou ka, Victorine Ndèye, etc malgré la promesse de sanctions en cas de défaite. Mais avec Macky Sall, il est bien difficile de savoir à quelle logique se tenir si ce n'est d'éviter des frondes.
C'est donc sans surprise que le Professeur Ismaël Madior Fall qui n'a pas gagné à Rufisque, retrouve le poste de ministre de la Justice. Un choix donc qui vient renforcer cette idée de bataille politique en perspective avec des questions voire des arguments juridiques à défendre, ainsi que des affaires judiciaires à dénouer et à porter. Le ministre Malick Sall apportait des réponses plutôt politiques, n’a pas suffisamment d’envergure et d’étoffe qu’un Ismaïla Madior FALL qui, malgré son image qui semble écornée par ses prises de position et ses postures incompréhensibles, a cette caution de constitutionnaliste qu’il peut toujours utiliser dans le débat pour davantage plaider en faveur de Macky Sall. Il y a à la fois la question de l’amnistie, les dossiers judiciaires de Barth et Sonko pas encore vidés.
Le retour d’Aly Ngouille Ndiaye, le maître incontesté de Linguère dans le gouvernement, n’est pas aussi surprenant, même s’il figurait dans le lot des premiers ministrables.
Mais au-delà de ces ministres intégrés dans une logique guerrière, le reste est constitué de collègues qui ont permuté au moment avec de rares qui sont resté à leur poste comme l’inamovible beau-frère Mansour Faye. Ou Serigne Mbaye Thiam. Ce qui laisse une impression de changement de gouvernement pour la forme. Comme le ministre de la Pêche et de l’Économie Maritime, Alioune Ndoye, qui devient Ministre de l’Environnement du développement durable et de la transition écologique. Cheikh Omar Hanne qui quitte le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation au profit du ministère de l’Education. Il est remplacé à ce poste par Moussa Baldé qui occupait le département de l'Agriculture et de l'Equipement Rural. Mamadou Talla atterrit à celui des Collectivités territoriales de l’aménagement et du développement des territoires, après avoir quitté le ministère de l'Education. Yankhoba Diattara passe du Ministère de l'Economie numérique et des Télécommunications à celui des Sports. Bref c’est à ne rien comprendre.
La nomination d’Abdoulaye Daouda Diallo qui quitte le poste de Ministre des finances et du budget pour devenir le directeur de cabinet du président, est fort remarquée. Il était premier ministrable, mais l’on a bien compris qu’il ne pouvait en aucun cas être dirigé par Amadou Ba, un de ses grands rivaux.
Mais ce qui est surtout drôle dans cette affaire, c’est le fait de voir naître des titres bien bizarres tels que celui de « ministre auprès d’un autre ministre… » Une manière détournée de ne pas avoir à dire « secrétaire d’Etat auprès de.. » ou « ministre délégué », question de conférer un titre de ministres aux «récipiendaires». Sacrée république de rigolos où l’on pense que le gâteau est à partager, est illimité en termes de parts. Comme quoi répondre aux préoccupations des sénégalais, à savoir résoudre la question du pouvoir d’achat et la réduction des prix, n’est pas au centre de la gouvernance Sall.
Mais avec le président Sall, il y aura toujours et toujours des questions sur le bien-fondé de maintenir un Moustapha Diop au « développement industriel », comme si l’industrie n’a pas vocation à être prise en charge à l’heure où on parle de Programme Sénégal Emergent et de découverte de ressources qui devrait pouvoir avoir comme conséquence positive, un développement de nos petites et moyennes entreprises et industries, sans oublier la chaîne de valeur avec un contenu local bien réfléchi. L’on a bien compris qu’il n’a pas l’étoffe pour cela. Il y a aussi à se demander l’intérêt d’un ministère, chargé de la Sécurité de proximité et de la Protection civile confié à l’ex-directeur de l’Agence de la sécurité de proximité.
Mais qu’est-ce que l’accouchement fut difficile ! Macky Sall a dû s'employer à éteindre un feu. Les relations entre Amadou Ba et Abdoulaye Daouda Diallo n'ayant jamais été des meilleures, leur cohabitation était quasi impossible au sein du même attelage gouvernemental. Résultat des courses : Abdoulaye Daouda Diallo atterrit à la présidence de la République comme directeur de cabinet de Macky Sall. Et comme pour calmer une éventuelle colère, le chef de l'Etat lui donne le titre de ministre d'Etat. Mais le désormais ancien ministre des Finances n'était pas la seule raison du retard de la formation du gouvernement du Premier ministre Amadou Ba.
Selon des informations qui ont aussi circulé, le cas Mactar Ba n'a pas du tout été des plus simples. Le désormais ex-ministre des Sports ne voulait pas quitter le département des Sports pour un autre ministère. Finalement, le chef de l'Etat s'est résolu à se séparer de celui qui fait partie de ses plus fidèles lieutenants. L’on a même vu des même des pétitions voire le jour en faveur de Matar Ba. Qu’ils ne nous pompent pas l’air ceux-là. Matar Ba n’a été à la vérité qu’un ministre du football et de la lutte. S’est-il autant occupé des autres disciplines ? Assurément non. Une politique sportive digne de ce nom, a fait défaut sous sa gestion. Mais peut-on espérer mieux de Yangkoba Diattara ?
Autre difficulté à laquelle Macky Sall et Amadou Ba ont dû faire face pendant cette journée du samedi, c'est celle liée à la présence dans le gouvernement de ses alliés. Si le Parti socialiste (Ps) a gardé "ses" deux portefeuilles ministériels, il était question que les noms des occupants changent. Peine perdue. Selon nos sources, Serigne Mbaye Thiam a tenu à rester dans le gouvernement malgré un début de rébellion au sein de la formation dirigée par Aminata Mbengue Ndiaye. Comme cette intervention en direct à l’émission « Edition spéciale » de la TFM par Amadou Gallo Diawo pour dénoncer ce fait. Réplique de Wilane, le chargé de Communication qui a répondu pour semble-t-il tempérer cette sortie.
Toutes choses qui ont abouti à la formation d'un gouvernement avec des ministres issus de l'Apr, mais aussi de l'Afp de Moustapha Niass, du Rewmi d'Idrissa Seck, du Ps ou encore du Pit. Ce, après de longues heures d'attente.
A l’arrivée, ce sont 38 ministères dont des ministères amputés sans doute pour répondre aux préoccupations des quotas. Ce sont ainsi 8 jeunes et 8 femmes qui ont fait leur entrée.
Amadou Ba et l’image de « milliardaire » qui fait désordre
Le choix de la personne d’Amadou Ba comme premier ministre, a en tout cas suscité moult commentaires. Pour beaucoup d’observateurs, celui-ci n'a jamais été le choix numéro 1 du président de la République pour occuper le fauteuil de chef du gouvernement. L'ancien ministre de l'Economie et des Finances semble confirmer cela quand il déclare que c'est le samedi matin 17 septembre qu'il a appris que le Président Macky Sall a porté son choix sur sa personne pour conduire les destinées du gouvernement.
Des observateurs avaient même fait valoir que c'est Idrissa Seck, actuel président du Conseil économique, social et environnement (Cese) qui était pressenti pour occuper le poste de Premier ministre, spéculant même sur une supposée déception du président de Rewmi d'apprendre qu'il n'était pas finalement le choix du chef de l'Etat. Une information qui s’est révélée être de la manipulation pure et simple. Car à quoi devait réellement pouvoir prétendre le maire de Thiès qui a par deux fois mordu la poussière à Thies, lors des locales et des législatives. Il peut s’estimer heureux d’avoir deux membres de Rewmi dans le gouvernement.
Dans ce casting de premier ministrable, ce sont plutôt les noms d’Aminata Touré, tout comme celui de Aly Ngouille Ndiaye, Mouhamadou Makhtar Cissé et Amadou Ba qui étaient souvent revenus comme de potentiels nommés. Mais dans le cas de Mimi Touré, sa posture va-t-en-guerre a fini par plomber ses chances.
Mais c’est désormais connu que c’est une habitude chez le président que de promettre les postes à beaucoup de personnes à la fois.
Aussi la question est de savoir ce qui a bien poussé Macky Sall à finalement porter son choix sur l'ancien ministre des Affaires étrangères ? Tout serait lié à la "fronde" d'Aminata Touré à l'Assemblée nationale. Le chef de l'Alliance pour la république (Apr) qui peine à enlever l'épine Aminata Touré de son pied, ne voulait surtout pas ouvrir un nouveau front. Or, laisser Amadou Ba et Aly Ngouille Ndiaye à l'Assemblée nationale, aurait été le chemin le plus court pour créer une large fronde dans son parti. D'où le choix d'envoyer Amadou Ba à la Primature.
Amadou Ba a en tout cas du souci à se faire. Non seulement, c’est le président de la République qui a formé le gouvernement ainsi qu’il l’a lui-même déclaré dans son discours, à tel point que d’aucuns se sont même demandés s’il s’agissait d’un lapsus ou de la vérité. Et la question à raisonnablement se poser, est ce qu’il en sera dès lors de son autorité sur les autres ministres ? Difficile de le savoir.
De même des sources font valoir ses bons rapports avec Ousmane Sonko. Et le président voudrait bien voir comment Ba va désormais se comporter face au leader patriotique.
Décrit comme un homme d’un commerce facile, en plus d’être à l’écoute, il sera chargé d’impulser l’action d’un gouvernement dont le président a mis l’accent sur sa volonté de réduire le coût de la vie.
Mais le hic est qu’Amadou Ba qui a bonne presse pour avoir une bonne relation avec les journalistes, jouit d’une image surfaite. Et même s’il est considéré comme un fonctionnaire expérimenté, il souffre de cette image de « milliardaire » qui le poursuit. Ce qui ne correspond pas à l’idée que beaucoup de Sénégalais se font du fonctionnaire et qui le rend tout à fait suspect. Invité de « Edition spéciale » sur Walfajri, Doudou Coulibaly qui a, entre autres, avoué ne « rien attendre » de lui, s’est épanché sur des dégrèvements qu’il aurait fait à l’endroit de certaines multinationales.
De même sont notées sur les réseaux sociaux, des attaques de Barthélémy Dias à peine voilées sur la fortune du nouveau Premier ministre, sans oublier ces menaces brandies contre lui, si d’aventure il venait à vouloir présenter sa candidature au moment où il se susurre qu’il serait le dauphin de Macky Sall. Autant d’actes qui participent à davantage écorner son image. C’est en tout cas une avalanche de critiques et de commentaires négatifs qu’il a récoltés à la suite de l’annonce de sa nomination avec cette fameuse vidéo montrant son salon avec l’ascenseur, un jour alors qu’il recevait le marabout Serigne Abdou Karim Mbacké.
Réagissant à la nomination du Premier ministre, Amadou Ba, le coordonnateur du Forum Civil, Birahim Seck a aussitôt sauté sur l’occasion pour demander à celui-ci d’emprunter une nouvelle trajectoire pour réussir la mission qui lui a été confiée, estimant que depuis quelques années, le Sénégal est dans une pente favorisant l’opacité dans la distribution des ressources. Celui-ci l’a toutefois invité à faire sa déclaration de patrimoine. Il faut, selon lui, que les gens sachent ce qu’il a comme biens avant sa prise de fonction.
Les débuts de Amadou Ba, ont en tout cas été bien laborieux, en termes de communication, même s’il doit être jugé à l’action. Toujours est-il qu’en 18 mois, il sera bien difficile de faire des miracles.
Trois jours après sa nomination au poste de Premier ministre, il a adressé un nouveau message via sa page facebook pour faire la promesse de prendre en charge les préoccupations des Sénégalais. Puisqu'il écrit : "C’est pour moi un honneur d'être à la tête du gouvernement pour mener cette exaltante tâche au service exclusif de la prise en charge urgente des préoccupations des Sénégalais, selon les orientations du Chef de l’Etat."
Macky Sall et l’équation de la 3ème candidature
Amadou Ba, nommé Premier ministre, cela veut-il dire qu’il est le futur dauphin de Macky Sall ? Difficile de répondre par oui ou par non, même si l’ancien argentier de l’état a toujours exprimé le souhait de voir Macky Sall, faire plusieurs mandats. Une posture aux yeux de bon nombre d’observateurs qui ne serait qu’un jeu de dupes. Mais si Macky Sall avait voulu en faire un dauphin, ne l’aurait-il pas tout simplement nommé tête de liste des législatives et le laisser aller à l’assaut du Sénégal en lui permettant de gagner en notoriété ? Ce dernier a préféré Aminata Touré dont il était assuré, en femme d’engagement et de rigueur, qu’elle ferait bien le boulot. Le seul hic, c’est sa position hostile contre la 3ème candidature et sa précipitation à jeter du sable dans le couscous, alors qu’elle s’attendait à être nommée présidente de l’Assemblée nationale.
Dans une tribune, l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur Mary Teuw Niane, évoquant la question de la 3ème candidature, pense que « le Gouvernement répond à une préoccupation essentielle dans la marche vers février 2024 ». Selon lui, « les potentiels candidats de BBY concurrents du Président de la République, sont tous dans l’équipe gouvernementale », faisant savoir qu’il « détient seul le chronogramme de la date d‘annonce de sa décision de candidature. » Ajoutant que « tant qu’ils sont dans le gouvernement, ils sont prisonniers de cette décision. » « Imaginez que le Président de la République décide d’annoncer sa candidature pour l’élection présidentielle tardivement au mois de novembre 2023. Les trois candidats potentiels de BBY n’auront d’autre choix que de soutenir sa candidature car le temps sera alors trop court pour se préparer pour espérer gagner ces élections. Ce gouvernement apparaît ainsi comme un piège pour annihiler toute velléité de candidature dissidente dans BBY. Il fallait endiguer au plus vite la fronde de Madame Aminata Touré née de l’élection sur la proposition du Président de la République du Président de l’Assemblée nationale. », fait remarquer l’ancien ministre. Avant de faire une précision de taille : « le retour de mon collègue juriste rédacteur de la constitution au ministère de la justice dans cette période critique, ne peut que nous rappeler les affaires de justice en cours de messieurs Barthélemy Diaz et Ousmane Sonko et, aussi, la légalité de la troisième candidature sur laquelle le Conseil constitutionnel pourrait être amené à se prononcer. »
Beaucoup sont de plus en plus convaincus, avec ces actes posés par Macky Sall qu'il s'achemine vraisemblablement vers un 3ème mandat. Et sur les réseaux sociaux, l'on cherche à montrer que de nouveaux ministres nommés sont contre ce 3ème mandat. Comme cette vidéo où l'on voit et entend Yoro Dia, face à Pape Ngagne, ramener le débat à une "question de français" et non de droit, répétant "nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs".
Tout comme cette vidéo d’Aliou Sow qui a mentionné au cours d’une émission « Déclic » sur la TFM que Macky Sall avait mentionné dans un de ses livres, « Le Sénégal au cœur » qu’il lui a dédicacé, qu’il ferait « un second et dernier mandat ». Il estimait d’ailleurs qu’il n’allait pas respecter son engagement au regard de son insistance.
Sur la question de la 3ème candidature, Abdourahmane Diouf de Awalé est catégorique. Pour lui, il n’est pas question d'attendre le Conseil constitutionnel pour savoir si Macky Sall a le droit ou non de briguer un troisième mandat. "Le piège, ce serait d'attendre le dépôt des candidatures au mois de décembre 2023 pour que M. Ismaëla Madior Fall demande au Conseil constitutionnel d'interpréter ce qu'il a, lui-même, écrit dans la Constitution", a dit le coordonnateur de la coalition "Aar Sénégal" ce dimanche au cours d'un live sur les réseaux sociaux. "Pour faire face à la volonté de Macky Sall de briguer un troisième mandat, j'appelle à l'unité de toute l'opposition", a laissé entendre le président de "Awalé". Abdourahmane Diouf lance à un appel pressant aux coalition Yewwi askan wi, Aar Sénégal, Wallu Sénégal, "Les Serviteurs"... pour "un front uni de l'opposition contre la 3e candidature". "Le combat doit commencer tout de suite. Il n'y a pas une minute à perdre", estime-t-il.
Ce qui augure de futures et chaudes empoignades, aussi bien sur le terrain politique et peut-être même… de la rue. « Gouvernement de… combat », ils ont dit.