NETTALI.COM- Suite à la baisse annoncée des denrées de première nécessité, l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (CICODEV Afrique) a commandité une étude pour vérifier l’effectivité de la mesure. Les résultants montrent que 82,22% des consommateurs enquêtés disent que la décision portant sur la baisse des prix n’est pas appliquée dans leurs différents points d’achat.
Lors du Conseil des ministres du 24 février 2022, le Gouvernement avait annoncé la baisse des prix des denrées alimentaires « pour soulager durablement les ménages sénégalais face à la hausse des prix. » Cette mesure n’est pas ressentie par les consommateurs qui jugent qu’elle n’est pas effective. C’est ce que révèlent les résultats d’une enquête conduite par l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (CICODEV Afrique). Selon son secrétaire exécutif, l’enquête s’est déroulée entre avril et mai de l’année 2022, soit 2 mois après l’annonce de la mesure dans les 14 régions du Sénégal. D’après Amadou Kanout qui participait à une concertation présidée par le Chef de l'Etat sur la vie chère, l’enquête a touché 821 personnes dont, des consommateurs, des grossistes, des semi grossistes, des boutiquiers détaillants entre autres..
« A la question de savoir s’ils étaient au courant de la décision du Conseil des Ministres de baisser les prix, 601 personnes enquêtées, soit 73,2% disent avoir connaissance de la décision prise par le chef de l’État lors du Conseil des Ministres », révèle M. Kanouté.
Sur l’effectivité de l’application de cette décision, l’enquête révèle d’après le secrétaire exécutif de Cicodev que, « 82,22% (soit 675) des consommateurs enquêtés disent que la décision portant sur la baisse des prix n’est pas appliquée dans leurs différents points d’achat » alors que « 44% des grossistes soutiennent qu’ils n’appliquent pas la décision portant baisse des prix dans leurs points de vente. »
D’après toujours l’étude, « sur les 66 boutiquiers-détaillants enquêtés, près de la moitié disent appliquer la baisse des prix dans les points de vente contre 42.42%.»
Sur la question de savoir les raisons pour lesquelles la décision gouvernementale de baisser les prix n’est pas appliquée, l’enquête renseigne que « 72% des consommateurs disent qu’ils ne savent pas pourquoi la décision portant baisse des prix n’est pas effective, 14% estiment que c’est parce qu’il n’y a pas de contrôle et 3% disent que c’est parce que les taxes sont élevées. »
Quant aux grossistes et semi grossistes, poursuit M. Kanouté, « un peu plus de la moitié estime ne pas pouvoir appliquer la décision de baisser les prix parce que les prix d’achat sont chers. » L’étude précise que « 20% de grossistes et 15% des semi grossistes déclarent que la baisse des prix n’est pas effective chez leurs fournisseurs. Seul 4% des grossistes affirment que les taxes à l’importation sont élevées. Enfin 12% des grossistes et 16% des semi grossistes considèrent que leurs anciens stocks ne sont pas écoulés. »
Concernant les boutiquiers détaillants, la Cicodev renseigne que « près de la moitié des enquêtés disent qu’ils vendraient à perte s’ils appliquaient les prix fixés, 35% des enquêtés affirment qu’il y’a un non-respect de la baisse des prix chez les fournisseurs et les grossistes. »
« Tout ceci se passe au moment où l’État du Sénégal annonce avoir procédé à une renonciation de taxes et d’imports à hauteur de 97 milliards de francs CFA - en l’espace de 6 mois - (47 milliards en Septembre 2021 et 50 autres milliards en février 2022) qui étaient prélevés sur le sucre cristallisé importé, sur les huiles brutes importées, sur le riz, sur le blé, sur la farine pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages », regrette M. Kanouté.
Méconnaissance des organes, centres, lieux de dénonciation de la non application des baisses des prix
Par ailleurs, le secrétaire exécutif de Cicodev a fait une analyse des résultats. « D’abord, les différents stades de commerce s’accusent mutuellement de ne pas respecter la décision de baisse de prix et donc ne peuvent l’appliquer, ensuite, les consommateurs sont désemparés et disent à 65% ne pas avoir connaissance des organes, centres, lieux de dénonciation de la non application des baisses des prix. Enfin, l’État n’atteint pas son objectif de soulager les ménages défavorisés en renonçant à des ressources qui auraient pu être utilisées ailleurs et de manière plus efficace et plus efficiente », constate-t-il.
Des éléments qui font dire à M. Kanouté que « la question de la cherté des prix des denrées alimentaires trouve aussi ses sources dans notre forte dépendance à certains produits extérieurs ; dépendance qui peut saper nos efforts de promotion du consommer local et nos efforts pour tendre vers la souveraineté alimentaire. »