NETTALI.COM- Le Professeur Mouhamadou Bassir Diop plaide pour la réforme de l’Inspection générale d’Etat et la remise de ses rapports d’enquête directement à la justice, sans passer au préalable par le Chef de l’Etat, Macky Sall.
Invité du Jury du dimanche, Mouhamadou Bassir Diop, professeur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et membre de l’Inspection générale d’Etat (Ige) était devant le Jury du dimanche. Il a été interpellé sur les rapports de ce corps de contrôle que certains jugent politiques.
Pour mettre fin à cette supposition, il pense que des mesures doivent être prises par les autorités en l’occurrence le Chef de l’Etat. « Le Sénégal gagnerait à transmettre les rapports de l’Inspection générale d’État (IGE) à la Justice. L’IGE est un corps de contrôle pour la reddition des comptes », a déclaré l’invité du Jury du dimanche tout en admettant que l’Ige a des limites. A l’en croire, les inspecteurs généraux d’État travaillent sous les ordres de mission du président de la République. Donc, explique-t-il : « moi, quand on me donne une mission en tant qu’inspecteur, il y a un élément fort, je suis indépendant, je suis libre d’écrire ce que je veux. Mais une fois que j’ai écrit, en toute bonne conscience d’ailleurs, je le soumets à l’autorité du président de la République, qui, de façon discrétionnaire, lui donne l’issue qu’il veut ».
D’après M. Diop, les rapports de l’Ige ne sont pas comme ceux de l’Ofnac dont la présidente peut saisir le Procureur. « On a cette limite-là au Sénégal. Maintenant, il y a des pays où l’Ige a la possibilité, s’il y a des indices concordants sur un sujet, de transmettre directement son rapport au Procureur. Ainsi, il estime qu’on doit réformer ce corps de contrôle. Ce, afin de ne plus attendre de parler de « de dossiers mis sous le coude ou de politisation d’enquêtes » A ses yeux, les rapports des corps de contrôle doivent aller directement à la Justice. « Il ne faut pas qu’ils soient sous le contrôle des politiques. C’est à la Justice d’apprécier. Nos magistrats sont suffisamment armés pour réprimer qui doit l’être. Mais, quand on donne un rapport d’enquête de vérification administrative, financière ou d’audit à un politique, il réagira toujours de façon politique. Nous sommes dans un système où le pouvoir politique a trop de pouvoirs », souligne-t-il.
A la question de savoir s’il y aura une mission de vérification de la gestion de Aminata Touré en tant que présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese), il rétorque : « je ne peux pas me prononcer dessus parce que l’IGE est tenue du droit de réserve ». Il renseigne qu’il y a des rapports qui sont déclassifiés et c’est le président de la République qui a cette prérogative. Mais, conviction est que tous les citoyens doivent être égaux devant la Justice. « Il faut qu’on règle ces problèmes. Tant qu’on ne les règle pas, on sera dans un cercle vicieux », prévient-il.