NETTALI.COM - Le fait est inédit pour ne pas être souligné. En l’espace de 15 jours, les deux plus grands syndicats de la Senelec ont fait des sorties pour fustiger la gestion du Directeur général, Pape Demba Bitèye. Ils demandent à la Direction générale de la société d’électricité de faire la lumière sur la tension de trésorerie que traverse l’entreprise, tout en interpellant sur l'achat de deux immeubles qui ont coûté selon Sutelec, 10 milliards.
C’est d’abord le SUTELEC qui manifeste sa profonde préoccupation par rapport à la situation financière réelle de Senelec et exige que la Direction générale fasse immédiatement la lumière sur les causes de la tension de trésorerie notée ces derniers mois. Le SUTELEC interpelle a ainsi interpellé la direction générale de Senelec, dans un communiqué, «sur la nécessité de s’inscrire dans une dynamique d’efficience, d’efficacité et de pertinence dans la prise de décisions stratégiques dans le but d’optimiser les ressources de l’entreprise».
Interrogations sur l'achat de 2 immeubles à 10 milliards et les tensions de trésorerie
Il a ensuite dénoncé une gestion «aux antipodes des principes de bonne gouvernance», pointant du doigt «l’achat de deux immeubles à dix milliards de francs CFA, les retards récurrents sur l’édition et la présentation des factures de vente d’énergie, les retards de paiement de la quinzaine, le non-respect des engagements du Directeur général, le népotisme sur les embauches laissant en rade les braves prestataires, le blocage du FOPES dû à la tension de trésorerie et l’insécurité au niveau des nouveaux bâtiments (Kaolack, Patte d’Oie, Tamba, etc…) ainsi que les chantiers des bâtiments de la DRN qui ont été suspendus».
Le Sutelec a enfin exigé «la clarification sur les conditions, modalités et mesures de sécurité autour de l’achat des immeubles, la reprise de l’édition des factures de vente d’énergie par Senelec, le paiement, à date, de la prime cyclo et de la quinzaine au niveau de toutes les banques, le respect sans délai des engagements du Directeur général (Protocole d’accord du 28 décembre 2021, PUR, embauche des prestataires) et le reversement immédiat des sommes collectées auprès des agents au FOPES ».
Le Sudeten dénonce une gestion nébuleuse et relève une image trompeuse de société reluisante
Embouchant la même trompette, le Syndicat unique et démocratique des travailleurs de l’Energie (SUDETEN), affilié à la Confédération des syndicats autonomes du Sénégal (Csa) semble aller dans le même sens que ses collègues de Sutelec puisqu'il dénonce lui aussi la gestion nébuleuse de Mademba .
«Au regard des résultats comptables bénéficiaires affichés ces dernières années, d’aucuns peuvent penser que la situation économique et financière de la société est reluisante. Donc que « tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ». Mais en fait, à y regarder de plus près à l’observation des faits vécus quotidiennement, des actes et pratiques posés régulièrement, on est emmené à douter de la réalité de cette image plus que trompeuse. Nos questionnements sont nombreux et ne sauraient être exhaustifs dans le cadre de cette seule déclaration, nous citons quelques-uns des faits les plus saillants qui sont à l’antipode d’une bonne gouvernance», informe le Syndicat.
Interrogations sur la fondation Senelec et les circonstances de l'achat de 2 immeubles dont un dans une zone inondable
Les syndicalistes citent «l’acquisition d’un immeuble à Keur Gorgui dans des conditions et circonstances les plus nébuleuses (aucune étude approfondie sur la praticabilité du site, sur la fonctionnalité du bâtiment, aucune expertise sur sa valeur réelle, avec une précipitation dans le déménagement, digne du dernier des amateurs), un second à MBAO dans une zone inondable, une structure pompeusement dénommée Fondation Senelec, très vite financée sur fonds propres (Senelec) et confiée à une équipe d’affidés tirés sur le volet, d’importantes prestations contributives au développement du chiffre d’affaires de la Senelec sont aujourd’hui externalisées sous de parfaites conditions d’opacité quant aux procédures d’attribution et d’identification des bénéficiaires ultimes».
Le Sudeten dénonce le népotisme, la discrimination, les contrats spéciaux d'anciens directeurs et le clientélisme
Selon eux, malgré l’embellie qu’elle clame urbi et orbi, la Senelec est confrontée à de sérieuses tensions de trésorerie.
«Cette mal gouvernance a déclenché une sérieuse crise de confiance des travailleurs et de l’opinion à l’égard des dirigeants de Senelec au sein de l’entreprise avec des directeurs promoteurs et complices, comme à l’extérieur avec ces anciens directeurs ayant trouvé des planques juteuses. (Cf. les contrats spéciaux). La gestion des ressources humaines demeure le lit privilégié de la mal gouvernance où font légion le népotisme, les discriminations de tout ordre, les règlements de comptes, les mutations arbitraires, le favoritisme, les promotions sur des bases parentales et ou régionalistes, le recrutement massif de militants, sympathisants et recommandés. La promotion interne est sujette à moult manipulations avec des concours internes de façades dont les résultats sont acceptés ou annulées selon le sort des candidats préalablement ciblés. C’est ainsi qu’une grande partie du personnel sérieux, compétent qui ne compte que sur leur mérite sont aujourd’hui envahis par la frustration, le découragement et la démotivation », dénonce-t-on.
Le SUDETEN demande ainsi l’audit de Senelec et exige «le maintien de l’emploi et des acquis, l’intégrité de la Senelec, la préservation de la souveraineté énergétique et enfin l’accès universel à une électricité durable de qualité et à moindre coût».