NETTALI.COM- Cheikh Bamba Dièye disqualifie Macky Sall pour la Présidentielle de 2024. L’ancien maire de Saint-Louis, convaincu que les Sénégalais ne votent que par sanction, craint un remake de 2000 et de 2012 et alerte sur un éventuel choix par défaut.
« Au Sénégal jusqu’à présent malheureusement, on est plutôt habitué à enlever un homme au pouvoir et on ne réfléchit pas souvent à ce qui suit après ». Le constant est fait par Cheikh Bamba Dièye confortant certains observateurs de la scène politique qui disent que les Sénégalais « n’élisent pas mais votent par sanction ». La preuve, rappelle l’invité de l’émission « Jury du dimanche », « en 2000, on avait dit tout sauf Abdou Diouf. En 2011, compte tenu de la gravité de la situation du pays et avec le 23 juin, ce qui s’était posé comme question c’était tout sauf Wade. »
Il poursuit son raisonnement : « quand on réfléchit, on se rend compte que les grands mots qui étaient utilisés à l’époque telle que la reddition des comptes, la transparence, une gestion sobre et vertueuse, la patrie avant le parti qui étaient des revendications non pas d’un homme politique mais de tous les sénégalais. Mais, les vieux démons du passé à savoir la politique politicienne, l’esprit partisan qui traduit l’esprit clanique même de cette volonté d’accaparement de ce qui revient à tout le monde. »
Au regard de ce constant, Cheikh Bamba Dièye soutient qu’on a l’impression que « c’est un remake de 2000, 2012. » Parce qu’argue-t-il, « la question de fond aujourd'hui sera le 3e mandat. On ne réfléchira plus sur le Sénégal, sur les enjeux du moment, sur la question de la pauvreté, sur l’éducation, sur quelle société nous voulons bâtir etc. Ces questions qui doivent être la base d’une élection présidentielle vont être carrément occultées autour d’un slogan : Non au 3e mandat. »
Le leader du FSD /BJ d’ajouter : « aujourd’hui, la totalité de l’opposition est opposée à un 3e mandat. Je trouve le slogan bon mais très limité. Parce que l’élection présidentielle c’est une question d’une journée à la limite. Au-delà qu'est-ce qu’on va faire ? Quelle perspective allons-nous décliner ? C’est ce qui est dommage et c’est ça qui pose beaucoup de problèmes. Parce que des acteurs politiques s’engagent pour leur pays et mènent un combat pour la justice. Il est dommage qu’à la fin de leur mandat qu’on soit retourné aux engagements premiers et aux revendications premières. C’est pourquoi les acteurs politiques de tout bord doivent réfléchir profondément et penser au Sénégal.
Aussi alerte-t-il " sur un éventuel choix par défaut en 2024." Car relève M. Dièye : " Une élection présidentielle autour du non au 3e mandat va occulter l’essentielle de la vie publique et politique au Sénégal. Pendant tout ce temps, on aurait dû avoir du temps pour parler aux Sénégalais sur les enjeux de l’heure. »
Par ailleurs, l’ancien parlementaire a disqualifié le Président Macky Sall pour 2024 en rappelant que « la parole donnée à un sens. » Pour lui, « s’opposer à un troisième mandat de Macky Sall est un impératif » car, cette candidature n’est pas nécessaire et que « personne n’est indispensable au Sénégal. »
Pour étayer ses propos, Cheikh Bamba Dièye déclare : « des Présidents ont été exceptionnels durant leur mandat mais au-delà, la vie ne peut pas se suffire sur une certaine forme de stagnation. Nous avons besoin de nous renouveler dans nos idées, dans nos personnalités. C’est pour cela qu’on a voulu rejeter le mandat permanent. Parce que nous sommes dans un monde qui change, qui évolue. Et les gens peuvent être fatigués, émoussés. Il y a l’usure du pouvoir. Il y a tellement de facteurs qui participent à ce que nous puissions comprendre qu’au-delà de deux mandats, la personne est éreintée, usée par le pouvoir qu’elle n’est plus capable de relever les défis. C’est monstrueux de penser qu’une personne est la clé de la situation ».