NETTALI.COM - Le Sénégal reprend son souffle après être passé du stade de l'émotion à celui de l’apaisement. A 10 jours du match Sénégal-Hollande, le public sénégalais a découvert la liste des 26 lions retenus, non sans se livrer à ces commentaires sans fin dont il est le seul à avoir le secret.
L’absence de Saliou Ciss, le latéral gauche sénégalais, considéré comme le meilleur à son poste, lors de la dernière coupe d'Afrique des nations, a fait beaucoup parler. Mais toujours est-il que le concernant, la question a été vite tranchée par Aliou Cissé. Le premier critère pour venir en équipe nationale, est d’avoir un club, si on en croit le coach. Une absence qui n'a toutefois rien de surprenant. Elle était prévisible, le concerné ayant été zappé du dernier regroupement des Lions au mois de septembre pour le même motif. Autant dire que Saliou Ciss était averti et avait largement le temps de trouver un nouveau club. Ses négociations avec Grenade en Espagne n'ont malheureusement pas pu aboutir.
Des interrogations sur la présence de certains joueurs dans la liste, il y en a également eues. Certains dont Gana Guèye et Cheikhou Kouyaté, sont jugés émoussés par le poids de l’âge et des prestations récurrentes en demi-teinte, même s'ils ont de l'expérience. La jeune génération des Pape Guèye, Pathé Ciss et Pape Matar Sarr est en train d’aiguiser ses crocs.
Difficile aussi de comprendre le choix de zapper un attaquant qui a inscrit 5 buts en 14 matchs de Ligue 1 française et la convocation de Famara Diédhiou qui totalise zéro but en seulement 24 minutes (2 matchs) depuis le début de la saison avec Alanyaspor (Turquie). On parle du cas Habib Diallo.
L'équation de l'efficacité dans l’attaque de l’équipe nationale se pose dès lors. Car jusqu’ici, elle n’a pas apporté la preuve de son efficacité. Imaginez-la en plus sans Sadio Mané. L’inquiétude qui a résulté de la blessure de l’enfant de Bambali, prouve sans aucun doute une Sadio-dépendance des Lions, du staff et des supporters. Il s’agit ainsi tout faire pour signer une victoire lors du 1er match contre la Hollande, le temps que Mané puisse se remette de sa blessure.
Aliou Cissé, lors de son face à face avec la presse, a annoncé la présence de Sadio Mané en Autriche pour des examens complémentaires. La bonne nouvelle, a-t-il dit, est qu'il n'y a pas d'opération et dispose d’une marge d’une semaine ou 10 jours pour voir l'évolution de sa blessure" et faire un IRM de contrôle.
Aliou Cissé a ainsi préféré garder Mané dans le groupe évoquant le précédent Ismaïla Sarr à la Can que le Sénégal avait su bien le gérer.
Mais qu'en pense vraiment Julian Nangelsmann, l'entraineur du Bayern. Celui-ci ne semble pas très en accord avec le fait de faire jouer le Sénégalais, ainsi que le souligne son commentaire : "le Sénégal aimerait qu'il joue, mais s'il a mal, il ne pourra pas jouer. La santé passe avant le football". Un maintien de Sadio Mané, qui selon Christian Falk, le responsable du football à Sport Bild, fâche au Bayern.
Mais Cissé semble n'en avoir cure, même s'il veut se préparer au pire. "Perdre Sadio Mané, ce n'est pas une mince affaire pour un entraîneur, pour l'équipe et même pour le football africain. Aujourd'hui, on n'a pas envie d'y penser, mais on est obligé d'anticiper au cas où Sadio Mané serait absent. Je n'ai pas envie de parler de l'absence de Sadio Mané, même si au fond de ma tête, j'essaie de m'y préparer", a t-il commenté.
Toujours est il qu'au total, ce sont 8 joueurs sur les 26 retenus par Aliou Cissé qui avaient pris part à la coupe du monde en Russie 2018 qui se retrouvent dans la Tanière. Il s’agit d’Alfred Gomis, Kalidou Koulibaly, Youssouf Sabaly, Cheikhou Kouyaté, Gana Guèye, Sadio Mané, Ismaïla Sarr et Famara Diédhiou. Le reste du groupe, soient les 18 autres Lions, vont participer au premier Mondial de leur carrière.
A noter que pour la troisième participation du Sénégal en coupe du monde, 5 nouveaux vont vivre leur première grande compétition avec l'équipe nationale : Ismaïl Jacobs, Formose Mendy, Pathé Ciss, Iliman Ndiaye et Nicolas Jackson.
Mais après l’épisode des Sénégalais commentateurs-pro devant l’éternel, place à la réalité, l’heure de vérité ayant sonné. Les lions devront compter avec l’effectif qu’ils ont et tenté de faire mieux que lors de la dernière coupe du monde où ils s’étaient montrés si inefficaces en se faisant éliminer dès le 1er tour, défavorisés aussi par le nombre de cartons jaunes récoltés. L’on espère ainsi qu’ils apprendront de leurs erreurs.
Et Sonko reprend du service
Mais une coupe du monde qui n’occulte toutefois pas la sortie d’Ousmane Sonko de jeudi et son némékou tour qu’il poursuit avec un cap sur Tivaouane. Il est retourné à ses anciens amours, la dénonciation. Aussi, a t-il balancé une nouvelle bombe relative à un contrat signé entre l'État du Sénégal et une famille israélienne répondant au nom de Peretz. S’appuyant sur des journaux, cette famille, nous a-t-il appris, a signé un contrat avec l'État à hauteur de 300 millions d'euros, soit à peu près 196 milliards de francs CFA. Toutefois, a-t-il précisé, "Macky Sall doit emprunter cet argent à la famille en question qui va garantir la ligne de crédit. » Une somme qui sera « utilisée pour l'achat d'armements». Le maire de Ziguinchor ne s’est pas arrêté en si bon chemin, puisqu’a-t-il renseigné, Abdoulaye Daouda Diallo, ancien ministre des Finances et du Budget, a signé une exonération totale pour la famille Peretz qui ne paiera pas, en conséquence, de TVA au Sénégal.
Pour le leader de l'opposition sénégalaise qui poursuit sa stratégie de dénonciation, ladite famille Peretz possède une société dénommée AD Immobilier Sénégal, ajoutant que c'est avec cette dernière que le président Macky Sall et son régime, à travers l'Agence de gestion du patrimoine bâti, ont d'abord signé un premier contrat pour donner à la famille l'immeuble qui abritait le haut commandement de la gendarmerie. Ensuite, ils y ont ajouté cinq autres immeubles de 4 722 m2 au centre-ville, a-t-il fait remarquer. Un terrain dont il a estimé la valeur à plus de 7 milliards F CFA.
«Si on doit faire le calcul, le terrain appartenant à la société, est évalué à 7 milliards 83 millions F CFA. Et elle devra seulement payer un loyer annuel de 5 millions F CFA. Soit un loyer mensuel de 416 000 F. Voilà l'assiette foncière dont elle bénéficie. C'est un scandale ! », a martelé Ousmane Sonko. Qui souligne que l'article 27 de la convention est assez clair et bénéfique à la société de la famille Peretz. D’autant que cette dernière peut demander la cession définitive, dès qu'elle a fini de construire. "C'est une relation extrêmement douteuse. Avec ce contrat, il faut savoir que Macky Sall et son régime ont commencé le processus de cession du patrimoine immobilier de l'État. Pour ce faire, ils ont commencé par modifier le décret 2013 qui a créé l'Agence de gestion du patrimoine bâti. Ils l'ont modifié en 2018, pour dire que cette agence a la possibilité de concéder des baux sur 99 ans, alors que la loi a limité cela à 50 ans'', nous a appris l’ancien inspecteur des impôts.
Sacré Sonko quand il s’y met… Il ne lâchera décidément jamais le procureur Serigne Bassirou qu’il rend responsable de tous ses déboires judiciaires. Aussi, a-t-il annoncé "une plainte auprès de l'Inspection générale et une autre auprès du premier président de la Cour suprême » pour faute disciplinaire très grave, parce que Serigne Bassirou Guèye, a-t-il argué, a manipulé un PV d'enquête pour essayer d'incriminer un député opposant, en voulant lui trouver un motif pour l'envoyer en prison. « Dans les prochaines heures, a-t-il ajouté, il y aura deux autres plaintes qui seront déposées par mes avocats. La sphère des comploteurs doit commencer à trembler. Ils n'ont absolument rien, aucune preuve. Nous déposerons ces plaintes pour que les comploteurs soient châtiés, car il y a 14 personnes qui sont mortes'', a ajouté le leader de Pastef.
A l’heure de la contre-offensive, suite à son audition, Ousmane Sonko a affiché tout son soutien à Pape Alé Niang, le journaliste chargé par le procureur de la république, Amath Diouf, au point de lier les mains du juge d’instruction, Mamadou Seck, obligé de le placer sous mandat de dépôt. Beaucoup croyaient pourtant que Pape Alé Niang doit son mandat de dépôt au rapport interne de la gendarmerie versé par Ousmane Sonko dans le dossier du Doyen des juges dans l’affaire Adji Sarr. Ce qui est en réalité en cause, ce sont plutôt les faits suivants, si on en croit l'accusation : le fait d’avoir divulgué un document de la police nationale, relatif au déploiement des éléments du Groupement mobile d’intervention (GMI), en prélude à l’audition d’Ousmane Sonko et un message radio des sapeurs-pompiers; un post facebook sur les "véhicules blindés débarqués à l'Aibd" ; une référence à l’unité spécialisée dans la torture au sein de la police" ; un "live sur l'affaire Mancabou" (un membre de «la force spéciale de Pastef» mort lors de sa garde à vue).
Ce sont donc les chefs de «divulgation d'informations non rendues publiques par l'autorité compétente de nature à nuire à la Défense nationale, recel de documents administratifs et militaires et diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques» qui ont été retenus par le juge du 2ème cabinet Mamadou Seck. Des faits prévus et réprimés par les articles 64, 370, 430 et 255 du Code Pénal.
Dans son réquisitoire introductif, le procureur de la république a donc requis le mandat de dépôt et convoqué les dispositions de l'article 139 du Code de Procédure Pénale. Article qui dispose que «sur les réquisitions dument motivées du ministère public, le juge d'instruction est tenu de décerner mandat de dépôt contre toute personne inculpée de l'un des crimes ou délits prévus par les articles «56» à «100» et «255» du Code pénal». Ce qui fait que le magistrat instructeur Mamadou Seck n’avait d’autre choix que d’envoyer le journaliste en prison.
A l'heure du débat sur le secret défense et des documents estampillés confidentiel dans le contexte d'emprisonnement du journaliste Pape Alé Niang pour des raisons connexes, Macky Sall a pris le prétexte de la célébration de la journée des forces armées pour prodiguer des conseils aux soldats. Aussi, s'est-il appesanti sur les principes immuables pour devenir un bon soldat, afin de le guider et de l’aider à dominer des situations inconnues. "Que disent ces principes ? Ils disent que, le bon soldat acceptera toujours les servitudes que lui imposent les charges de son sacerdoce militaire. Il se méfiera toujours de l’appel des sirènes et de l’exposition aux médias et réseaux sociaux qui flattent son égo et brouillent ses références. Il obéira toujours à ses supérieurs pour apprendre à commander. Il inspirera toujours ses subordonnés par le respect de l’exemple et non de la peur, parce qu’il sait que c’est le respect et non la peur qui nourrit le devoir d’obéissance et allie les exigences du commandement aux nécessités de la fraternité d’armes et de la vie en communauté. En tout temps et en tout lieu, soyez de bons soldats pour rester dignes de vos parrains".
Ousmane Sonko a lui de son côté sonné l’heure de la mobilisation. Selon lui, les Sénégalais doivent se lever et faire bloc pour se dresser contre l’emprisonnement du journaliste Pape Alé Niang. Mais à un moment où les gens de Benno sont convaincus d’accointances entre le journaliste et le leader patriotique, lui-même se défend de toute connivence ou lien comme lors de sa conférence de presse « Je n’ai jamais dicté à Pape Alé Niang une conduite dans son travail. C’est en 2014 que je l’ai connu après la création du Pastef. Pape Alé est une personne tellement fière que cela frise la susceptibilité. Je ne pense pas qu’il aurait accepté que je lui dicte quoi que ce soit dans sa manière de faire son travail. Macky Sall détient une liste de personnes à emprisonner dans laquelle figurent des hommes politiques, des journalistes et des membres de la société civile »
Difficile en effet de suivre Ousmane Sonko. Un coup, il défend des journalistes; un autre coup, il s’en prend à d’autres journalistes. Son camarade de coalition, Barthélémy Dias, s’inscrit aussi dans cette même logique. Et pourtant, la posture vis-à-vis de la presse devrait obéir à une certaine cohérence.
L’affaire de supposé viol opposant Ousmane Sonko à Adji Sarr a en effet, fini de créer une division au sein de la presse. Ce qui ne devrait pas avoir lieu si le journaliste reste sur son terrain, tout en évitant de tomber dans le piège du pro ou du contre. Il ne devrait à la vérité être guidé que par l’éthique et la déontologie de son métier en adossant son travail sur le principe d’équilibre, mais tout en faisant de sa religion les faits, rien que les faits.
L’unité qui est en train de se dessiner dans la défense du journaliste, est celle qui doit prévaloir en toutes circonstances.
En tout cas, pour la libération du journaliste et directeur du site Dakarmatin, la Coordination des associations de presse a mis en place une stratégie. Elle compte ainsi mettre la pression sur le gouvernement. C’est dans cette optique qu’une marche nationale est prévue le 18 novembre. Des spots contre cet emprisonnement seront confectionnés pour être diffusés dans tous les médias avant les journaux. Un éditorial commun sera aussi programmé. Dans la mêlée, un sit-in est prévu, une campagne d’affichage et des séquences de publications seront activées sur les réseaux sociaux. Ils veulent aussi que l’inculpé soit entendu au fond du dossier afin qu’il puisse bénéficier d’une mise en liberté provisoire. Une rencontre avec les avocats du journaliste est également prévue pour peaufiner ensemble un plan de lutte. En outre, il est prévu de rencontrer les acteurs de la société civile. Le mercredi 16 novembre, un grand rassemblement des journalistes, appelé Conseil des médias, est inscrit à l’agenda. Ainsi, les journalistes comptent mettre la pression sur le régime en place pour faire libérer Pape Alé Niang.