NETTALI.COM - Comme promis, la Coordination des associations de la presse (Cap) a organisé ce mercredi 16 novembre, un vaste rassemblement pour réclamer la libération de Pape Alé Niang. Présent à la rencontre, Me Assane Dioma Ndiaye a relevé ce qu'il qualifie de paradoxe et de contradictions du pouvoir politique.
C'est désormais chose faite. Les journalistes et les défenseurs des droits de l'homme font jonction pour réclamer la libération du journaliste Pape Alé Niang. C'est en tout cas ce qui a été relevé ce mercredi, lors d'un rassemblement organisé à la maison de la presse.
S'exprimant au nom des organisations de la société civile, l'avocat Me Assane Dioma Ndiaye a d'abord salué "la mobilisation et l'esprit de solidarité que les journalistes affichent depuis l'arrestation de Pape Alé Niang". "Pour la première fois, je vois cet élan de solidarité, cette unanimité autour d'une question de principe. On ne peut inquiéter un journaliste du fait de l'exercice de sa profession dans un Etat démocratique. La liberté de la presse est le socle de la société démocratique. Et tout le monde peut aujourd'hui attester du rôle considérable que la presse a joué dans l'efficience de la démocratie au Sénégal", souligne l'avocat et défenseur des droits de l'homme.
De l'avis de Me Assane Dioma Ndiaye, le pouvoir politique étale ses contradictions en envoyant Pape Alé Niang en prison. Il rappelle: "En 2011, j'étais l'avocat d'Abdou Latif Coulibaly dans l'affaire Sudatel. Et j'étais le président du premier tribunal organisation en dehors de l'espace judiciaire pour innocenter Abdou Latif Coulibaly avec Mouhamadou Mbodj, Alioune Tine, Seydi Gassama et les autres." Selon lui, le seul guide du journaliste reste le critère de l'intérêt général. "On a eu 14 morts en mars 2021 et on nous parle d'un document disculpatoire. On nous parle aussi d'un marché de 45 milliards de francs. Ce sont des informations d'intérêt général qu'un journaliste ne peut pas taire", dit-il. Avant d'insister: "Pape Alé Niang a toujours joué ce rôle. On ne peut pas comprendre que quand on est dans l'opposition, on est avec la presse et une fois au pouvoir, on emprisonne des journalistes." D'ailleurs, estime-t-il, "il est paradoxale qu'on veuille lutter contre les réseaux sociaux et en même temps faire obstacle au travail formel des journalistes. Si on veut que les rumeurs cessent, on doit permettre aux journalistes d'accéder à l'information officielle. Le pouvoir politique me semble être dans une contradiction en voulant faire obstacle au travail des journalistes et dire qu'il veut lutter contre l'information non-officielle, qui n'est pas contrôlée".
Entre, Me Assane Dioma Ndiaye pense qu'il est important que "la presse sache l'espoir que le peuple porte sur elle". Et pour cause, souligne l'avocat, "l'Assemblée nationale ne joue pas son rôle. Le pouvoir judiciaire, à maintes occasions, n'a pas été au rendez-vous de l'histoire. Le rôle de la presse, c'est de dénoncer des scandales, c'est de contribuer à la promotion de la démocratie et pour la bonne gouvernance dans l'intérêt des populations". "La presse doit savoir la responsabilité qui pèse sur ses épaules en direction des prochaines échéances. Si la presse est domestiquée, si elle est muselée à partir de l'affaire Pape Alé Niang, les journalistes risquent de ne pas être au rendez-vous de l'histoire. La presse doit lancer un signal fort et refuser ce qui peut participer à la dislocation de la société, pour que le pays n'aille pas à la dérive", plaide Me Assane Dioma Ndiaye.