NETTALI.COM - Une publicité qui a attiré l’attention en ce mois de novembre 2022, c’est celle déclinée sous forme d’affichettes placardées sur les poteaux électriques installés le long des routes de la capitale sénégalaise. Elles annonçaient la 2ème conférence internationale sur ce nouveau concept qu’est « la masculinité positive ». Une annonce illustrée par la photo d’un couple avec un seul enfant. Une publicité, symbole des nombreuses tentatives de contrôle de la pensée des Africains.
Présidée par le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall en tant que président en exercice de l’Union africaine, la conférence est un prétexte pour faire un plaidoyer en faveur des femmes. Une conférence dont les bases ont déjà été jetées depuis le 25 novembre 2021 à Kinshasa, lors de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Six chefs d’Etat africains s’étaient pressés à l’Hôtel Fleuve Congo pour participer à un sommet inédit : la Conférence des hommes sur la masculinité positive. Les « champions de la cause féminine », comme ils se sont autoproclamés à l’issue de la rencontre, ont parlé d’une seule voix pour condamner les discriminations et les maltraitances envers les femmes du continent. « Nous devons peser de tout notre poids pour faire cesser ces violences », avait déclaré le président sénégalais, Macky Sall.
Lancée par l’Union africaine (UA) et son président en exercice, le Congolais Félix Tshisekedi, ainsi que par l’African Women Leaders Network (AWLN), l’organisation d’Ellen Johnson Sirleaf, ex-présidente du Liberia, cette rencontre a inauguré l’apparition dans le discours politique, d’un concept jusque-là cantonné aux sphères féministes et universitaires : la « masculinité positive ». Ce qui veut dire que c’est la logique d’un combat qui se poursuit et qui change d’acteurs et qui sont les hommes.
A la conférence de Dakar des 9 et 10 novembre 2022, après avoir encensé ces « vaillantes femmes africaines », « ces filles qui égalent ou dépassent des garçons (dans les écoles, lycées, universités), ces femmes d’affaires », « ces vendeuses au marché », le président Macky Sall a lancé un appel en faveur de l’arrêt de la maltraitance, du harcèlement, des brimades, des insanités, du viol et autres sollicitations non désirées. » Pour Macky Sall, « il ne suffit pas de dire ça suffit. Il faut agir ; agir pour que cesse l’omerta du silence, en temps de paix comme en temps de guerre. Oui, il faut que ça cesse ! C’est ce que veut l’Agenda 2063 de l’Union Africaine »,
Il y a en tout cas de quoi s’interroger sur un tel concept, « la masculinité positive», tant il interpelle à la première lecture. Sa construction est lourde, en plus de ne pas être séduisant et encore moins bienveillant à l’égard des hommes. Il est tout simplement pompeux et induit une charge plutôt négative, tout en diffusant un sentiment de contrainte à l’égard de la gente masculine. Le pire, c’est ce message diffus du couple avec un enfant qui montre la voie qu’on cherche à faire suivre et qui est celle de la bien-pensance occidentale qui n’a d’autre dessein que de véhiculer l’idée du contrôle des naissances aux Africains. Emmanuel Macron sera certainement content, lui qui a une position trop teinté de préjugés sur la question de la natalité en Afrique.
Mais au-delà de l’idée diffuse, veut-on faire passer l’idée que les hommes africains n’ont jamais été positifs et bienveillants dans leurs actes envers les femmes ? Qu’ils seraient ces barbares et violents qui battraient les femmes à chaque fois que cela leur plaît ? Qu’ils les harcèleraient en en faisant des mineures, voire des objets de désir ? On aimerait bien comprendre. Il ne s’agit nullement de nier l’existence d’actes de violence de la part d’hommes envers des femmes en Afrique, et de par le monde d’ailleurs. Mais cette propension à vouloir faire prendre en charge des sujets qui ne sont pas pensés par les Africains, peut laisser penser que ces derniers ne savent pas choisir ce qui constitue des problèmes et a de l’intérêt pour eux . Nos chefs d’état ont sans doute mieux à faire, comme par exemple se battre pour la promotion de la bonne gouvernance et le développement économique et social de leurs propres pays, en montrant la voie, plutôt que d’embrasser certaines causes qui ne sont que des fabrications occidentales à eux imposées. Ils ne doivent point être les réceptacles de ces combats qu’on cherche subtilement à mener sous nos cieux.
Il y en a évidemment des violences chez les femmes en Occident, c’est sûr, mais eux règlent ces questions par la voie judiciaire. Pourquoi en serait-il autrement en Afrique ? Qu’ils nous laissent donc régler nos problèmes à notre manière, suivant nos stratégies, us et coutumes et s’occuper des leurs. Chaque société a en effet ses réalités, ses contradictions, mais c’est à chacune d’elle d’en prendre conscience et de les surmonter à sa manière. Mais au lieu de se préoccuper de leurs problèmes, ils préfèrent nous gaver de termes tels que « féminicide », « parité », etc.
Que fait-on de ces femmes qui ébouillantent leurs maris en Afrique ? Ou de celles qui dépouillent des hommes à travers ces escroqueries au mariage ou ce phénomène qui consiste à dépouiller certains hommes, victimes de leurs sentiments voire de leur naïveté ? Ne sont-ce pas des formes de violence ? Il y a désormais un nouveau phénomène, le chantage sexuel contre des hommes, mais contre des femmes également. Des histoires qui occupent de plus en plus les pages « faits divers » ou « société » des journaux sénégalais. Pourquoi pas, pour verser dans l’ironie, ne pas organiser une contre conférence sur la « Féminité positive » ?
Pour parler plus sérieusement, il ne s’agit nullement d’opposer les hommes aux femmes, mais de laisser les peuples décider par eux-mêmes.
A la vérité, tous ces concepts importés que l’on cherche à imposer à nos sociétés, n’intéressent pas la plupart des femmes qui ne se reconnaissent point dans le combat de ces supposées féministes. Tout comme les hommes de ce pays ne sont pas ces ignobles salopards qui cautionnent les violences exercées sur des femmes. Ceux qui se livrent à des actes de cruauté, en tuant, battant ou en manquant du respect aux femmes, doivent voir les lois s’abattre sur eux dans toute leur rigueur.
Ces occidentaux qui s’érigent en maîtres à penser, ne se rendent certainement pas compte que dans nos pays, les femmes sont partout et dans toutes les sphères professionnelles de la société, y compris dans les forces de sécurité où elles étaient jusqu’ici absentes. C’est la preuve qu’elles ne font pas l’objet de discrimination institutionnalisée comme on semble le penser parce qu’elles occupent des postes très importants. Que l’on ne nous cherche surtout pas des poux. Aucune société n’est parfaite et chacune évolue dans le temps, suivant ce qu’elle doit considérer comme perspective positive pour elle. Les solutions doivent venir de chacune d’elle et non pas transiter par ces canaux indirects que sont ces Organisations non Gouvernementales qui ne font qu’inoculer une certaine pensée occidentale, avec des représentants locaux dans certains cas, uniquement attirés par l’appât du gain.
Tenez, la notion même de parité qu’on nous a si souvent vendue au point même de pourrir nos listes électorales et élections, n’est pas par exemple une trouvaille des plus pertinentes. Elle permet de laisser sur le bord de la route, quantités de femmes compétentes et quantités d’hommes compétents, sous le prétexte fallacieux de l’égalitarisme qui relègue au second plan, la compétence.
Loin de promouvoir une quelconque brutalité ou domination masculine, ces bien-pensants d’occidentaux qui passent par de multiples canaux pour faire passer des messages ou façonner notre manière d’être, bref pour transformer nos sociétés à leur image, doivent cesser de croire qu’ils doivent toujours dire aux autres ce qu’ils doivent faire ou penser. Nos dirigeants ne doivent plus accepter cela, la posture occidentale étant aussi scandaleuse que déplacée. Le pire que ces derniers courent derrière un siège permanent de l’Afrique au sein des pays membres du G-20. C’est d’ailleurs ce que le chef de l’Etat sénégalais et président en exercice de l’Union africaine, Macky Sall, invité par le président indonésien à prendre part au 17ème sommet des leaders des 19 pays les plus riches du monde et de l’Union européenne (G 20), mardi 15 et mercredi 16 novembre, va demander.
De même lors du Forum de Paris sur la paix, le président de la République Macky ne s'en était-il pas pris au Conseil de sécurité de l'Onu, déplorant l'absence de l'Afrique au Conseil de sécurité de l'Onu.. «Nous (pays africains) n’étions pas là quand on formait les Nations Unies. Donc, les règles qui sont là et qui les gouvernent ne sont pas dans notre intérêt. Toute l’Afrique a 54 Etats. Aucun Etat n’est membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu. C’est une injustice ! Alors que l’essentiel de l’agenda, c’est l’Afrique. On n’est pas présent. On fait des rotations, mais ce n’est pas juste. Il faut que nous osions, avec vous, remettre en cause ces règles dépassées », avait déploré le président Macky Sall.
Tout cela prouve que l’Afrique n’a pas voix au chapitre et n’est pas audible dans les instances de cette même organisation des Nations Unies qui a parrainé cette conférence sur la masculinité positive. Tout au plus, notre continent se contente-t-il de consommer les concepts et décisions prises par les pays occidentaux.
L’occident face à ses contradictions
Elle est en tout cas bien loin l’époque de la colonisation. Ce fardeau si lourd à porter et dont l’Afrique n’arrive toujours pas à se débarrasser. Elle se poursuit de manière un peu plus subtile en épousant d’autres formes, les unes aussi insidieuses que les autres. Lorsque la France par exemple (le système à différencier avec le peuple français) garantit le FCFA et trouve une autre dénomination l’ECO, n’est-ce pas pour atténuer le symbole du colonialisme que la monnaie reflète ; mais aussi de faire moins sentir une tutelle si pesante. N’est-elle pas en même temps en train de contrôler notre souveraineté économique ? Si les économies des pays francophones en étaient au moins plus performantes que celles anglophones d’Afrique !
Lorsque des entreprises françaises décident de venir «chasser en meutes », ne cherchent-elles pas à capter davantage de marchés ? Mais dans leur inconscient, elles s’imaginent juste en terrain conquis. Elles sont en réalité revenues en force depuis qu’elles ont noté l’offensive des Chinois, Turcs, Marocains, etc.
Aujourd’hui, la France officielle contrôle en partie notre manière de consommer avec les acteurs de la grande distribution (Auchan, Carrefour, etc) qui essaiment nos grandes villes, l’existence d’une classe moyenne émergente justifiant cela. Pathé Cinéma a réussi à attirer nos enfants dans les salles de cinéma récemment inaugurées à Mermoz. Il suffit de faire un tour dans ce quartier, le week-end, pour se rendre compte de l’affluence qui y règne. Il est vrai, cela dit, que depuis la mort de la SIDEC, le cinéma est mort de sa belle mort, sous nos cieux, même si Netflix et la télévision par internet (IPTV) et ces chaînes payantes tentent d’occuper la place. Le cinéma vu sous cet angle, est plus considéré comme un loisir, une sortie et non comme l’idée d’aller simplement voir un film, avec d’autres activités commerciales connexes. Ils ont en tout cas fait une belle affaire, ces Français en regroupant sur un même espace à Mermoz, leurs enseignes telles que Décathlon, Auchan et Pathé avec dans le lot, une enseigne américaine KFC, exploitée sous forme de franchise par la famille de Babacar Ngom.
La vérité est que ces occidentaux veulent dire aux Africains et aux autres quoi penser, quoi manger et comment s’amuser. Que restera-t-il aux Africains lorsqu’ils auront fini de contrôler leur pensée, leur argent et leur manière de consommer et de s’amuser ? L’Africain deviendra assurément l’esclave qui méconnait qu’il l’est.
A l’inverse, l’on se rend compte que sur la question du voile islamique, la Burka par exemple, jugée d’ailleurs à tort comme un accoutrement islamique, il y a un amalgame terrible qui en est fait. Certains médias Français ont fait de la question de l’Islam, leur sujet favori, organisant des débats sans fin, confondant allègrement certaines tenues qui ne sont en réalité que des apparats culturels. Il n’en ont cure. Ce n’est pas la vérité qui les intéresse. Ils veulent bien dicter leur mode de vie, mais n’acceptent que les autres soient eux-mêmes. Ce qui les intéresse, ce n’est point d’informer sur l’Islam, mais d’amener à le détester car il représenterait un danger pour L’occident chrétien. Eric Zemmour, l’essayiste et désormais homme politique, n’a-t-il pas pris l’habitude de dire « à Rome, on fait comme les Romains » ? Une manière de déclarer qu’on ne peut pas être en France et se comporter comme si on était chez soi. Il faut s’assimiler, se mettre à l’heure française.
Figurez-vous bien que ce même Eric Zemmour est parrainé par Bolloré, l'oligarque français qui a fait fortune en Afrique en vendant aussi (à côté du transport, de la logistique ), du sport, des loisirs et les téléfilms africains -à travers Sunu Yeuf). Sa chaîne "C News" sur Canal+ passe pourtant son temps à promouvoir des messages de haine, de racisme et de xénophobie, en ayant offert pendant la période préélectorale de la présidentielle en France, une tribune au polémiste qui avait fini par booster l'audience, tellement ses propos faisaient écho. Ce dernier aura heureusement vite vu sa bulle se dégonfler comme un ballon de baudruche. Le polémiste a si souvent pris une interdiction islamique pour l’Islam. Comme lorsqu’il parle de l’apostasie, c’est pour juste dire que l’Islam est rétrograde et barbare. Ce qui s’appelle prendre une infime partie pour le tout ! L’amalgame est volontaire et cherche tout simplement à discréditer la religion islamique qui est bien plus forte qu’il ne saurait l’imaginer.
Sur la question de l’homosexualité par exemple, l’occident pense devoir la promouvoir par tous les moyens. Ne tente-t-il pas tous les jours de la faire légaliser, malgré des oppositions dans des pays comme le Sénégal ? Des homosexuels, il en existe certes depuis belle lurette dans nos sociétés, mais pourquoi diable cherche-t-on par tous les moyens à vouloir l’imposer aux autres ? Il y a en effet une offensive qui s’exerce de nos jours dans la promotion de l’homosexualité et qui passe par différents canaux, notamment le sport, les loisirs, les films et les dessins animés pour enfants. Dans le championnat anglais, les ballons sont désormais aux couleurs LGBT, les brassards de capitaines aussi. La quête de la banalisation est à l’œuvre. Il est d’ailleurs de plus en plus rare de suivre un film sans que des scènes ne montrent des femmes qui s’embrassent, font l’amour ; de même que des hommes qui s’embrassent ; et parfois ce sont des enfants de même sexe qui découvrent leur attirance pour d’autres enfants de même sexe qui sont mis en scène. L’objectif est clair, faire accepter l’homosexualité en la montrant sous ses aspects les plus impudiques et les plus extrêmes, à un point où elle cessera de choquer.
Que ces occidentaux arrêtent tout simplement de vouloir nous imposer leurs recettes importées, ils ont eux-mêmes des problèmes avec les recettes importées de l’étranger.
Voilà donc autant de raisons qui doivent faire réfléchir ces occidentaux qui ne devraient point faire aux autres, ce qu’ils ne voudraient pas qu’on leur fasse.
A l’heure de la mondialisation où il est difficile d’ériger des murs, les Africains doivent se battre en se dotant de puissants groupes médiatiques, à même de traverser le continent et de pouvoir montrer un autre visage de l’Afrique positive qui avance, plutôt que de continuer à subir les assauts occidentaux qui n’ont aucun intérêt à ce que l’Afrique s’émancipe. Tous ces pays disposent de puissante chaînes de télé, de radio à l’image de France 24, I 24, Al Jazeera, RFI, TV5, etc