NETTALI.COM - C’est un fait. La majorité présidentielle a trouvé le moyen de faire voter les budgets du gouvernement et ce faisant, reléguer les objections des députés de l’opposition au rang de complaintes. Pourtant, si l’adoption est aisée pour les ministères, l’examen, lui, peut s’avérer difficile à vivre pour les ministres.
Ce fut le cas hier pour Cheikh Oumar Anne dont le passage devant l’hémicycle a débuté tôt le matin pour se prolonger jusque tard dans la soirée. Il y a encore que le ministre de l’Éducation a dû faire face à des moments particulièrement pénibles. Même si pour le député Guy Marius Sagna, il ne s’agissait en aucun cas d’humiliation. «Je ne le dis pas pour vous humilier », a-t-il lâché durant son temps de parole. Ce, après avoir rappelé à Cheikh Oumar Anne qu’il fut «le corrupteur de ce qu’il est chargé de défendre aujourd’hui».
« Le rapport de l’Ofnac vous a épinglé pour détournements de deniers publics quand vous étiez au Coud. Lorsque vous avez pris 89 millions de FCFA pour accueillir le Président, vous avez pris cet argent de l’école publique. De la même manière que lorsque vous aviez payé un mort, vous avez pris cet argent de l’école publique», a rappelé l’élu de Ziguinchor, pour qui, il existe un sabotage de l’école publique, laquelle perd de plus en plus de terrain face à la prolifération du privé.
Pour cause, année après année, les sessions budgétaires accordent toujours un grand pourcentage du budget à la résorption des abris provisoires, à la formation des enseignants et à la dotation en matériels. L’année dernière, le prédécesseur de l’actuel ministre avait demandé et obtenu plus de 120 milliards de FCfa pour le remplacement des abris provisoires. De la même manière, une ligne de crédit a été ouverte pour le recrutement de 8100 nouveaux enseignants dans le cadre de la résorption progressive des déficits. Pourtant, cette année encore, la nouvelle Législature a eu les mêmes doléances à l’endroit de Cheikh Oumar Anne : effectifs pléthorique, constructions de salles de classes, daaras modernes, abris provisoires, état d’avancement des travaux de lycées….
Florilèges de réponses du ministre : «Pour les abris provisoires, la résorption se fera au fur et à mesure (…) Le premier lot est déjà réalisé à plus de 98 % », «Les 5000 enseignants recrutés ont permis de combler tout le déficit qui avait été noté mais, les déficits actuels sont le fruit des départs à la retraite, des décès enregistrés», «Le déficit de tables-bancs est de l’ordre de 300 000 unités, un projet est en train d’être ficelé pour résorber ce déficit», «Sur les daaras, un diagnostic sans complaisance doit être fait sur ces structures qui accueillent près de 700 000 enfants et qui ne doivent pas être laissés en rade par le système éducatif.» Au bout du bout, le ministère de l’Éducation a réussi à faire voter son budget 2023 arrêté à plus de 800 milliards en autorisations d’engagement et plus de 700 milliards en crédits de paiement.