NETTALI.COM - Le directeur de publication de Dakarmatin est retourné en prison depuis hier, sur ordre du juge du 2e cabinet et sur demande du procureur. Dans un communiqué largement partagé mardi, le parquet est revenu sur les motivations de sa demande.
‘’Les maladresses de Pape Alé Niang dans ses courts moments de liberté ne peuvent décemment autoriser le procureur de la République, Hamady Diouf, à raconter des histoires sur notre confrère, en prenant souvent des libertés avec la vérité. S’il est vrai que son comportement peut indisposer et mettre mal à l’aise beaucoup de gens, la corporation de journalistes reste déterminée à défendre les valeurs et principes du métier’’, lit-on dans une note. ‘’Le journalisme et la justice ont en commun certains fondamentaux. Ce sont, entre autres, les faits. Ils sont intangibles. Toute action judiciaire, toute information doit reposer sur des faits. Or, dans son communiqué, le procureur lui prête des intentions et des allégations’’, dénonce la Cap.
Elle fait référence aux sorties du journaliste, notamment celle dans le live de Mollah Morgun. ‘’Certainement, nous n’avons pas écouté et regardé les mêmes audio et vidéos. Le journaliste, de nouveau en captivité depuis le mardi 20 décembre, n’a fait qu’une sortie. Il est établi–et de manière clairement incontestable-qu’il n’a nullement et aucunement évoqué la procédure, ni les éléments du dossier le concernant. Pape Alé Niang a dénoncé les conditions de son arrestation qui sont rocambolesques et inacceptables dans le contexte d’un État de droit qui poursuit un citoyen régulièrement domicilié à Dakar. Il est surtout revenu sur la situation des «détenus politiques» dont les sieurs Cheikh Oumar Diagne et Abdou Karim Guèye qu’il a eu le loisir de rencontrer en prison’’, dément la Cap.
Par conséquent, ‘’sur la base du principe de responsabilité qui guide son action, la Coordination des associations de presse (Cap) n’épouse pas cette sortie et la trouve inopportune. Monsieur le Procureur de la République ne peut oublier un seul instant que Pape Alé Niang est un citoyen sénégalais qui bénéficie toujours et jusqu’à preuve du contraire de la présomption d’innocence. À cet effet, rien ni personne ne l'empêche - conformément aux articles 8 et 10 de la Constitution - de jouir de sa liberté d’expression dans le respect des dispositions de l’article 127 du Code de procédure pénale. En l’espèce, les avocats et des juristes ont raison de dénoncer ce que le procureur qualifie allègrement et émotionnellement d'actes constitutifs de la violation des termes ou conditions du contrôle judiciaire’’, ajoute la Coordination des associations de presse.