NETTALI.COM- Le Premier ministre, Amadou Ba, a rencontré les organisations de la société pour parler du rapport de la Cour des comptes relatif à la gestion des fonds forces Covid-19. Au sortir de cette entrevue, Aliou Sané, coordonnateur du mouvement "Y en marre", et membre de la société civile, est revenu sur les détails de la rencontre.
Que pouvons-nous retenir de votre rencontre avec le Gouvernement ?
C'est une rencontre qui a regroupé le Premier ministre, les ministres des Finances, du Budget, du Commerce et presque l'ensemble de la société civile sur des questions importantes de l'heure, notamment le rapport de la Cour des comptes lié à la gestion des Fonds destinés à la lutte contre la Covid-19 au Sénégal. Nous avons pu échanger avec le gouvernement. Nous avons exprimé au Premier ministre la rupture de confiance qu'il y a entre ceux qui sont censés nous diriger et la plupart du peuple sénégalais. C'est en vertu de cela que la plupart de ceux qui ont appris que "Sunu milliard dou rees" va participer à cette concertation, ont estimé que cela n'en valait pas la peine. Parce qu'ils ont vu que quand le président Macky Sall a appelé à l'union sacrée, nous faisions partie des acteurs qui étaient venus lui donner nos idées par rapport à la lutte contre la pandémie et faire des recommandations fortes par rapport à la gestion de ces milliards. Et nous avons vu ce qu'ils en ont fait. Au finish, on se retrouve avec des milliards du peuple qui ont été détournés. Ces mêmes citoyens qui ont pensé que ce n'était même pas utile qu'on vienne à cette rencontre-là, ont rappelé tous ces rapports des corps de contrôle de l'État - l'OFNAC, la Cour des comptes et d'autres - qui n'ont pas eu de suites judiciaires.
Et qu’est-ce que vous avez dit au Premier ministre ?
Nous avons dit au Premier ministre qu'au lieu de donner suite à ces rapports qui dorment dans les tiroirs ou sous le coude du président, on a vu que ceux qui étaient épinglés jusque-là ont eu des promotions venant du président de la République comme pour narguer le peuple. C'est comme ça qu'on l'a dit au Premier ministre. C'est pourquoi, il y a cette rupture de confiance entre ceux qui nous dirigent et les Sénégalais. Mais nous avons estimé que tant qu'il est possible de se parler, qu'on viendrait le faire devant le Premier ministre et le gouvernement. C’est ce qu'on a fait aujourd'hui. On leur a dit que les choses ne se règleront pas par la communication. La question de ce rapport et de ses recommandations doit faire l'objet d'une prise en charge très rapide par les services compétents, la justice sénégalaise. Le gouvernement doit prendre le plus vite possible des dispositions. Le Premier ministre nous a dit que le ministre de la Justice a reçu les documents de la Cour des comptes jeudi et qu'ils sont en train d'y travailler. Les informations judiciaires demandées doivent l'être au plus vite. Parce que c'est une exigence populaire. Ils n'ont pas donné de délai. En tout cas, le peuple qui s'est rassemblé à la Place de la Nation est encore là, déterminé à se battre pour qu'on leur rende leurs milliards.
Vous vous êtes donné rendez-vous dans un mois...
Ça, c'est autre chose. Ils veulent qu'entre le gouvernement et la société civile, qu'il puisse y avoir des dialogues sur les questions de l'heure. L'autre question importante est que dans la trentaine d'organisations de la société civile qui sont là, aucune n'a pris la parole sans demander la libération des détenus politiques et de tous les prisonniers d'opinions, mais aussi du journaliste Pape Alé Niang. Cela a été une demande forte. J'ai dit au Premier ministre que pour les 12 mois qui restent du second et dernier mandat du président Macky Sall, qu'il a besoin de travailler. Et cela ne peut se faire sans la sérénité. Et la sérénité dans ce pays, on ne peut pas l'avoir s'il y a des prisonniers d'opinion. Donc, il faut qu'ils soient libérés le plus vite possible. J'espère qu’ils vont tout mettre en œuvre pour que ces personnes soient libérées.
En clair, il n’y a pas donc une décision tranchée ?
Ce qui est important, c'était de venir parler au gouvernement, dire au Premier ministre le message des Sénégalais à la Place de la Nation et dans les chaumières. Maintenant, nous allons voir la suite qui sera donnée. En tout cas, pour ce qui est de nos milliards, la lutte va continuer.
Êtes-vous rassurés au sortir de cette rencontre ?
Ce qui importe, encore une fois, c'est qu'on a eu l'opportunité de transmettre. Qu'est-ce qu'ils en feront ? À partir de demain, on verra. On reste déterminés pour la lutte pour que "gnou goki sunuy milliards" et la libération des détenus politiques et d'opinion. Et pour terminer, on ne pouvait avoir une telle rencontre avec le Premier ministre, le ministre de la Justice, sans lui dire "Jamm mo gueune 3e mandat". Parce que l'autre facteur de stabilité, à partir de là jusqu'aux élections, c'est que le président Macky Sall respecte la Constitution, la parole donnée. On a même rappelé au ministre de la Justice, Ismaila Madior Fall, le travail qu'il a fait dans cette réforme de la Constitution pour verrouiller le troisième mandat. On lui a rappelé toutes les vidéos qui existent sur les réseaux sociaux et partout dans le monde où il dit clairement que nul ne peut prétendre à plus de deux mandats consécutifs au Sénégal. J'espère qu'ils seront à la hauteur des aspirations du peuple sénégalais.