NETTALI.COM - L'année 2023 qui commence sera, à coup sûr, celle de toutes incertitudes pour le Sénégal. Les Sénégalais risquent de passer les prochains mois, la peur au ventre. Et pour cause, plusieurs dossiers chauds devront être tranchés. Le risque est donc réel de voir le Sénégal plonger dans un cycle de violences comme en 2011.
"2023 sera le clone de 2011", a ironisé Khalifa Ababacar Sall. Le président de la Conférence des leaders de Yewwi askan wi était dimanche dernier "l'invité Grand format" de la chaîne de télévision privée Walf Tv. Ces propos de l'ancien maire de Dakar rappellent les périodes douloureuses vécues par les Sénégalais pendant les mois qui ont précédé la présidentielle de 2012. En ce début d'année 2023, c'est-à-dire à un peu plus d'un an de la présidentielle de 2024, tous les ingrédients semblent réunis par le Sénégal revive les mêmes soubresauts.
En fait, si le Sénégal a vécu les violences qui ont fait plus d'une dizaine de morts en 2011-2012, c'est principalement à cause de l'obsession d'alors du Président Abdoulaye Wade. Faisant à l'époque fi de la parole donnée, mais aussi de la Constitution limitant le nombre de mandats à deux, le vieux président avait décidé de briguer un troisième bail à la tête de l'Etat. Résultat: des milliers de Sénégalais s'étaient mobilisés pour lui dire non. Le pays vécut alors des mois de manifestations violentes avec au moins une dizaine de morts. 12 ans après, c'est le même procédé qu'utilise le Président Sall, c'est-à-dire, rappelle l'écrivain Felwine Sarr, "nommer des juges acquis à sa cause au Conseil constitutionnel, lâcher ses propagandistes dans les médias et ses juristes qui tentent par une sophistique juridiciste (...) de rendre acceptable une lecture de l'article 27 de la Constitution qui, sémantiquement, éthiquement, politiquement et juridiquement ne l'est pas et fouler ainsi au sol le texte fondamental qui nous lie et qui fixe les règles qui gouvernent notre vivre-ensemble". Rappel d'autant plus important que c'est les mêmes arguments de 2011 qu'utilisent les théoriciens qui "deuxième quinquennat" de Macky Sall. Ce dernier, comme Wade avec son fameux wax waxeet, en 2011, ne veut plus qu'on lui rappelle ses engagements, notamment celui clairement écrit à la page 165 de son livre "Le Sénégal au coeur" publié en 2019 quand il lance à ses concitoyens : "Et me voici de nouveau devant vous en vue de solliciter votre confiance pour un second et dernier mandat." 2023 étant "le clown de 2011", nul doute qu'une déclaration de candidature de Macky Sall va plonger le Sénégal dans une série de violences. Le chef de l'Alliance pour la république (Apr) en est tellement conscient qu'il gardera son "ni oui ni non" le plus longtemps possible.
Mais en 2023, il n'y a pas que la question du 3e mandat qui va susciter polémiques, débats et passions. Le pouvoir de Macky Sall a bien d'autres dossiers chauds à trancher. C'est le cas de l'affaire du journaliste Pape Alé Niang. En prison depuis de nombreuses semaines, le journaliste observe une grève de la faim pour dénoncer ce qu'il qualifie d'acharnement du pouvoir contre sa personne. Son cas suscite une vive émotion au sein de la société sénégalaise. Mieux, en plus de la mobilisation de ses confrères, mais aussi de membres de la société civile, des défenseurs des droits de l'homme de différentes parties du monde demandent sa libération. Une patate chaude qu'il va falloir vite refroidir. A ce lot de personnes "injustement" détenues, il faut ajouter les activistes Cheikh Oumar Diagne et Abdou Karim Gueye, mais aussi plus d'une quinzaine de jeunes membres du parti Pastef.
Le parti d'Ousmane Sonko affûte d'ailleurs ses armes. Car, en plus de la traque contre ses jeunes militants, Pastef attend le dénouement de l'affaire Sweet Beauty. La dame Adji Sarr continue d'accuser Ousmane Sonko de viol. Ce, malgré la diffusion sur les réseaux sociaux d'enregistrements audios où on l'entend confier à son marabout que ses accusations ne sont que le fruit d'un complot mal monté par des adversaires du maire de Ziguinchor. D'ailleurs, les avocats et les partisans du leader de Pastef bottent en touche toutes les accusations de la jeune dame et dénoncent un dossier complètement vide. Et tous attendent la décision du doyen des juges Maham Diallo. Si le pouvoir espère un procès afin de "déshabiller" un adversaire redoutable (à défaut d'obtenir une condamnation pour viol), il est quasi certain que les "Patriotes" ne croiseront pas les bras et regarder le pouvoir de Macky Sall conduire leur leader à l'abattoir. Autant dire alors que 2023 est bien l'année de tous les risques pour le Sénégal.