NETTALI.COM - Papa Massata Diack, fils de l'ex-patron de l'athlétisme mondial Lamine Diack, comparaît à partir de vendredi devant la cour d'appel de Paris, soupçonné d'avoir été au centre d'un système de corruption visant à cacher des cas de dopage en Russie en 2011, un scandale qui avait ébranlé le monde du sport.

Chargé du marketing à la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), il est également soupçonné d’avoir détourné environ 15 millions d'euros grâce à des commissions jugées "exorbitantes" - parfois près de 22% - sur des contrats de parrainage et de droits télévisés.

En septembre 2020, il avait été condamné à cinq ans de prison ferme et un million d'euros d'amende lors du procès en première instance, où il était absent.

"Il conteste farouchement les infractions reprochées, il n'est pas associé au dopage des athlètes russes et à de quelconques commissions liées à ce dopage", a affirmé à l'AFP l'un de ses avocats, Me Antoine Beauquier, avant ce procès qui doit durer jusqu'au 19 janvier.

Son client sera de nouveau absent car placé sous contrôle judiciaire au Sénégal, où une enquête sur ces faits est en cours, a-t-il dit.

Papa Massata Diack, 57 ans, "a reçu des commissions proportionnelles à l'importance des contrats qu'il avait réussi à obtenir", a ajouté l'avocat.

"Au moment où il intervient, la Fédération est à peine sponsorisée, c'est lui qui va convaincre de grands institutionnels", a expliqué Me Beauquier.

Seul dans le box

Lamine Diack, président de l’IAAF de 1999 à 2015 et ex-membre influent du Comité international olympique (CIO), avait été condamné dans ce dossier à quatre ans de prison, dont deux ferme, pour corruption et abus de confiance.

Il avait fait appel mais sa mort, en décembre 2021, a entraîné la fin des poursuites le concernant.

Un autre protagoniste de cette affaire, l'ancien chef de l'antidopage à l'IAAF, le Français Gabriel Dollé, est également décédé depuis sa condamnation à deux ans de prison avec sursis.

Deux responsables russes, l'ancien président de la Fédération nationale d'athlétisme Valentin Balakhnitchev et l'ancien entraîneur Alexeï Melnikov, sont également rejugés.

Absents en première instance, ils ont été condamnés respectivement à trois et deux ans de prison ferme pour avoir soutiré 3,45 millions d'euros à des athlètes russes afin qu'ils n'apparaissent pas sur la liste des sportifs suspectés de dopage.

Habib Cissé, qui conseillait Lamine Diack, sera finalement le seul dans le box des prévenus.

L'avocat de 52 ans avait été condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis pour avoir reçu ces 3,45 millions d'euros et pour avoir participé au ralentissement des procédures de sanctions contre ces athlètes. Il nie les accusations.

"Tandem"

Dans cette affaire qui a secoué le monde du sport, Papa Massata Diack est soupçonné d'avoir organisé, en "tandem" avec son père, un système de corruption à partir de fin 2011 pour couvrir des cas de dopage d'athlètes russes, révélés par des variations suspectes sur leurs "passeports biologiques".

Leur but, selon l'accusation, était d'obtenir le renouvellement des contrats de parrainage et de diffusion avec la banque d'Etat russe VTB et la chaîne de télé publique RTR, en vue des Mondiaux de Moscou en 2013.

Ces contrats, a dit Lamine Diack au procès, avaient assuré la survie de l'IAAF.

En contrepartie, ils avaient fait traîner en longueur les dossiers disciplinaires établis par l’IAAF, permettant à plusieurs athlètes de participer aux JO de Londres en 2012. Certains y seront même sacrés, avant d'être déchus.

L'affaire avait été révélée par l'agent de la marathonienne russe Liliya Shobukhova, qui avait payé 450.000 euros pour disparaître de la liste. Finalement suspendue en 2014, elle avait demandé un remboursement et reçu 300.000 euros provenant d'un compte à Singapour qui a permis de remonter à Papa Massata Diack.

Les noms de plusieurs autres athlètes et des sommes apparaissent sur des notes saisies chez Habib Cissé, mais la trace de l'argent n'a pas été retrouvée.

Son avocat, Louis-Marie de Roux, a dénoncé l'absence au procès des athlètes impliqués.

"Il est invraisemblable que ces athlètes, qui sont des corrupteurs actifs (en ayant donné de l'argent pour ne pas être suspendus, NDLR) ne soient pas là", a-t-il dit `