NETTALI.COM - Après le marathon budgétaire, le ministre des Finances et du Budget a présidé, ce mardi, l’atelier de lancement officiel de l’exécution budgétaire, au titre de l’année 2023.

Sur les 6 411,5 milliards F CFA arrêtés comme budget 2023 pour le Sénégal, un taux de 5 % a déjà été exécuté. L’annonce a été faite par le ministre des Finances et du Budget Mamadou Moustapha Ba, qui a officiellement lancé, hier (mardi), l’exécution budgétaire, au titre de l’année 2023. Si la journée marque une date symbolique pour les principaux acteurs impliqués dans le processus d’accomplissement des dépenses de l’État, l’exécution a commencé au premier jour ouvrable de la nouvelle année. C’est par ce moment de dialogue et de partage, à travers un atelier annuel, que l’argentier de l’État a invité ceux qui ont “la lourde tâche de mettre en œuvre la politique budgétaire et financière de notre pays”, à mettre en pratique les “hypothèses de reprise progressive de l’activité économique” contenues dans le budget. “Il s’agit d’apporter des informations, de confronter les points de vue, dans une perspective d’enrichissement mutuellement bénéfique qui met en exergue l’expertise et l’expérience de l’ensemble des parties prenantes à l’exécution budgétaire”, affirme Mamadou Moustapha Ba.

Des dépenses publiques toujours soutenues

Les défis sont de taille, avec le début annoncé de l’exploitation des ressources d’hydrocarbures en 2023. Ceci devrait avoir un impact sur la croissance économique, attendu à 10,1 %, contre 4,8 % en 2022 et 6,5 % en 2021. Malgré cela, le gouvernement reste confronté à un contexte de dépenses publiques soutenues vers une année déjà qualifiée de “sociale”, avec un budget de “solutions”. En plus du prolongement de la crise russo-ukrainienne, l’exécution budgétaire 2023 devra inclure la consolidation de “la politique de justice et d’équité sociales chère à Monsieur le Président de la République Macky Sall”. Cela se matérialise à travers la revalorisation des salaires (+236 milliards F CFA ; le soutien accru aux ménages les plus vulnérables), la poursuite des subventions (550 milliards F CFA dont 450 milliards F CFA pour l’énergie et 100 milliards F CFA pour les denrées de première nécessité), les renonciations de recettes fiscales, etc. Pour faire face à ces dépenses, relève le ministre des Finances, “les régies financières, les services des Impôts et domaines, des Douanes et du Trésor public sont tous mobilisés pour l’atteinte des objectifs en matière de mobilisation de recettes et de ressources financières”. Deux moyens d’espérer y parvenir sont déjà identifiés : “l’accélération de la mise en œuvre de la stratégie de mobilisation des recettes à moyen terme (SRMT), qui se traduira par l’élargissement de la base fiscale et l’amélioration du recouvrement. Comme par le passé, notre pays continuera d’adopter une stratégie d’endettement modérée et prudente et de poursuite de la politique d’optimisation et de rationalisation de la dépense publique”.

Mobilisation des ressources et endettement, les leviers

La gestion budgétaire de l’année en cours sera marquée par la poursuite de réformes budgétaires enclenchées en 2020 et qui ambitionne de renforcer l’utilité et l’efficacité des dépenses publiques avec l’amélioration de la qualité des services publics ; d’améliorer les principes de la performance, de la responsabilisation et de la reddition des comptes au sein du système budgétaire et de promouvoir la place du Parlement dans le débat budgétaire et dans le contrôle et l’évaluation des finances et des politiques publiques. Un levier sur lequel le ministre des Finances a promis de s’appuyer davantage est la responsabilisation des acteurs, qui devra se traduire dans le processus de l’exécution du budget par une meilleure efficacité. Mamadou Moustapha Ba de préciser que “cette responsabilisation s’accompagne cependant par un renforcement du contrôle interne budgétaire et la planification infra annuelle des dépenses à exécuter”. Pour le premier point, les services de la Direction générale du Budget, avec l’appui du Projet d’assistance technique à la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (AT-PSE) ont procédé à l’accompagnement de cinq ministères pilotes (de la Santé, de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de la Femme et des Mines) à travers des sessions de formation sur le contrôle interne budgétaire, la cartographie des risques et l’audit basé sur les risques. Des activités qui voudraient “outiller au mieux les acteurs afin qu’ils puissent mieux internaliser les nouvelles normes et techniques de gestion des finances publiques. Sous ce rapport, le contrôle interne budgétaire permettrait d’anticiper la mise en place du contrôle hiérarchisé ou modulé des dépenses où les gestionnaires seront au cœur du contrôle budgétaire en parfaite adéquation avec l’esprit de la réforme”.

Renforcement du contrôle interne

Quant à la planification infra annuelle des dépenses, “elle permettra d’évaluer, planifier et suivre le rythme de consommation des crédits alloués aux ministères et institutions constitutionnelles, à travers une meilleure articulation et une mise en cohérence des plans d’engagement trimestriels, des plafonds des dépenses avec le plan de passation des marchés et le plan de trésorerie de l’État”, informe le ministre des Finances. Il faut dire que le gouvernement nage en eaux troubles depuis la publication du rapport de la Cour des Comptes sur “le contrôle de la gestion du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la Covid-19 (Force Covid)” et manquements qu’il a relevés sur la gestion des deniers publics et les procédures administratives. Avec les instruments susmentionnés, le ministre Mamadou Moustapha Ba compte “assurer une meilleure priorisation des dépenses tenant compte de leur caractère urgent, incompressible et leur saisonnalité”. Car une bonne programmation budgétaire, relève l’argentier de l’État, c’est celle qui sait anticiper les dépenses, qui tient compte des contraintes de trésorerie, de nos objectifs en termes de cible de déficit à chaque période. Le budget 2022 exécuté à 95,4 % Dans le même ordre d’idées, le ministre des Finances et du Budget, qui assure la fonction de régulation du budget, à travers les contrôleurs budgétaires, procèdera, en rapport avec les ministères dépensiers, à la détermination des plafonds d’engagement trimestriels. Ces plafonds, en lien avec le plan de trésorerie, serviront de base à l’élaboration de plans d’engagement cohérents avec les plans de passation des marchés. Malgré les nombreux chocs exogènes qui ont caractérisé l’année 2022, la gestion budgétaire a connu une exécution avec un taux d’engagement de 95,7 % et d’ordonnancement de 95,4 %. Une performance que le ministre des Finances espère voir ses services reproduire, grâce à une bonne maîtrise des procédures sur toute la chaîne de dépenses.