NETTALI.COM - Déclarée mort-née en 2000, Fatimatou Binetou Rassoul Bâ a retrouvé ses parents à l'âge de 23 ans, jeudi, à l'orphelinat de Louga, où elle avait été placée depuis 2001, après plusieurs tentatives vaines de les retrouver avec eux.
‘’Nous sommes venus aujourd'hui assister à la rencontre de Bineta avec ses parents, pour qu'on puisse leur rendre leur fille, parce que c'est nous qui avions confié la garde de l'enfant à l'orphelinat de Louga", a expliqué à la presse Mme Diop Rokhaya Mbengue, à l'occasion de la rencontre de la jeune femme avec ses parents.
Alors qu’elle était la responsable de l'unité néonatalogie de l'hôpital Le Dantec, Mme Diop, qui est aujourd’hui à la retraite, avait pris soin de Fatimatou Binetou Rassoul Bâ pendant son séjour dans cet hôpital pour le traitement d'une asphyxie néonatale''.
"Fatimata est née à l'hôpital de Grand-Yoff, puis elle a été référée à la maternité de l'hôpital Le Dantec le 8 août 2000, à 6 heures du matin, parce qu'elle souffrait d'une asphyxie néonatale'', raconte-t-elle. Sa jumelle, elle, n'avait pas survécu.
Fatimatou Binetou Rassoul Bâ est selon elle arrivée à Le Dantec dans ‘’un état de détresse sévère’’. ‘’Nous avions accueilli [le bébé] au niveau de la crèche, parce qu'il était dans un état de détresse sévère, et comme il était très fatigué, nous avions le devoir de le réanimer. Et quand nous l'avions réanimé, ensuite il a commencé à récupérer petit à petit'', a-t-elle ajouté.
Compte tenu de son faible poids, l’option avait, dit-elle, était prise de placer le nourrisson dans une couveuse. ‘’Nous avons fait tout ce qu'on devait faire pour le sauver, ensuite on l'a fait entrer dans la couveuse, parce que c'était un petit nourrisson, qui pesait 1500 grammes'', a-t-elle expliqué.
Le service a fait de son ‘’mieux, et par la grâce du Tout-puissant, elle a pu récupérer, poursuit-elle. Et nous avons continué à la suivre et l'assister comme on doit s'occuper d'un bébé", a ajouté l’ancienne responsable de l'unité de néonatalogie de l'hôpital Le Dantec.
Malgré tous ces soins, le bébé est tombé malade une semaine plus tard. Loin de se décourager, l'hôpital recommence à lui dispenser des soins, jusqu'à ce qu’à sa guérison. "Et c'est au dixième jour que l'enfant est complètement guéri et n'a plus aucun problème", rappelle-t-elle.
Elle dit "avoir continué à s'occuper de lui, comme on doit s'occuper d'un nourrisson, c'est-à-dire prendre soin de son hygiène alimentaire et corporel, jusqu'à ce que Dieu fasse qu'il grandisse". Mais, en dépit de la prise en charge correcte dont bénéficie l’enfant, personne ne venait lui rendre visite pour prendre de ses nouvelles depuis qu'elle est internée, confie Mme Diop.
Elle dit "avoir mené des recherches pour retrouver ses parents’’, des efforts qui s’avéreront ‘’vains au bout d'un an", selon elle. "C'est à ce moment qu'on a eu une opportunité, c'était l'orphelinat de Louga. Et c'est ainsi qu'on l'a remis [le bébé] à la responsable qui l'a amené ici, le 14 août 2001", a-t-elle révélé.
Récemment, signale-t-elle, l'orphelinat a informé les services de Le Dantec qu’il avait pu entrer en contact avec les parents de la fille. Sa responsable, Alimatou Sall, n’a cependant pas voulu s’exprimer sur le sujet.
Toutefois, Serigne Lamine Sall, son frère, déclare que ‘’Bineta ne cessait de demander des nouvelles de ses parents, pour savoir s’ils étaient vivants, ou morts (….)’’. ‘’Cela fait deux ans (…), nous avons présenté son cas à l’émission +Xaalass+’’ sur Radio Futurs Médias (RFM, privée), a confié le marabout.
Lors de cette émission, dit-il, un auditeur a déclaré qu’il connaissait dans le quartier de Grand-Yoff, à Dakar, un couple vivant à Mabo, dans la région Kolda, auquel l’histoire de la jeune femme pourrait être reliée.
‘’Il s’est débrouillé pour trouver leur numéro de téléphone. Il a échangé avec eux et m’a ensuite remis leur contact’’, a ajouté Serigne Lamine Sall. Il déclare que l’histoire que lui a racontée le couple comportait des ressemblances avec celle de l’enfant recueilli à Le Dantec. C’est ainsi que Serigne Lamine Sall décida alors de mettre Bineta en rapport avec le couple. Ces contacts ont permis des retrouvailles après tant d’années de séparation douloureuse.
Fatimata Binetou Rassoul Bâ a "rendu grâce au Tout-puissant'', remerciant, dans la foulée, les propriétaires de l'orphelinat pour lesquels elle ne tarit pas d'éloges. "Ils sont tous très gentils et se sont très bien occupés de moi", a-t-elle témoigné, la tête recouverte d’un voile. Elle dit vouloir continuer l'apprentissage du saint Coran et poursuivre ses études, jusqu'à obtenir le bac avant de rejoindre ses parents.