NETTALI.COM - Février 2022-Février 2023. Le Président Macky Sall a terminé son mandat d’un an à la présidence de l’Union africaine (Ua) Il passera le témoin à son homologue comorien ce week-end, 18 et 19 février, à Addis Abéba.
Sa désignation comme président en exercice de l’Union Africaine a coïncidé avec les 20 ans de l’organisation. Il a présidé aux destinées de l’Union durant un an (février 2022-février 2023). Macky Sall a été confronté à de nombreux défis. Parmi ceux-ci, le financement du développement de l’Afrique, la relance des économies africaines après le Covid-19, la lutte contre le terrorisme... Partout où il est allé, le Président sénégalais a porté un fort plaidoyer pour l’Afrique. Devant tous les «grands» de ce monde, Macky Sall n’a pas mâché ses mots et s’est fait l’avocat du continent. Et cela a commencé à sa première prise de parole dans ses habits de Président en exercice de l’Ua, le 05 février 2022. Macky Sall s’était engagé à poursuivre le plaidoyer pour la réallocation des Droits de tirage spéciaux (Dts) en faveur des pays africains. Un engagement qu’il a tenu, le 09 juin 2022, face aux dirigeants de l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde).
Pour lui, le quota de 33 milliards de dollars reçu par l’Afrique était un acquis considérable, mais méritait d’être consolidé, d’autant plus qu’il y a eu peu de progrès dans cette réallocation et dans l’initiative G20 sur la suspension de la dette, alors que les effets cumulés du Covid-19 et de la guerre en Ukraine rendent encore plus pressants les besoins de liquidité des économies les plus vulnérables.
L’acte le plus mémorable de son mandat à l’Ua restera sans doute son déplacement en Russie pour rencontrer le Président Vladimir Poutine, le 3 juin 2022. En pleine guerre russo-ukrainienne, Macky Sall est allé parler à son homologue russe pour lui faire part des craintes d'une crise alimentaire en Afrique, provoquée par l'offensive russe en Ukraine. Il a ainsi demandé à Poutine de prendre conscience que les pays africains sont des victimes de la guerre en Ukraine. Une rencontre à l’issue de laquelle un accord a été trouvé entre la Russie et l’Ukraine pour faciliter l’exportation des céréales. Au dernier sommet du G20, tenu à Bali (Indonésie) les 15 et 16 novembre 2022, le Président Macky Sall a plaidé pour un siège permanent de l'UA au G20, adhésion qui, pour lui, serait moins une faveur qu’une évidence géopolitique pourvoyeuse de légitimité et d’autorité.
Un mois avant cela, à la 77e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies, le Président Sall, qui fut le 2e orateur, a prononcé face aux leaders des grandes puissances mondiales un discours historique. «Je suis venu dire que l’Afrique a assez subi le fardeau de l’histoire, qu’elle ne veut pas être le foyer d’une nouvelle guerre froide…».
Plus récemment, du 25 au 27 janvier, le Président sénégalais a accueilli près d’une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement à Diamniadio, pour le sommet de Dakar sur la souveraineté alimentaire. Durant trois jours, les dirigeants africains, sous la houlette de Macky Sall, ont débattu sur la nécessité pour l’Afrique de nourrir l’Afrique. Du 13 au 15 février, le Président Sall a pris part à Dubaï au Sommet mondial des gouvernements, une rencontre organisée chaque année depuis 2013 par les Emirats Arabes Unis, et rassemble plusieurs dirigeants gouvernementaux et non gouvernementaux pour réfléchir sur des enjeux mondiaux liés à la paix et à la sécurité, aux questions économiques et sociales, à l’environnement et à l’innovation technologique… Sur place, il a vanté les richesses et potentialités du continent.
Autant d’événements, de voyages et de rencontres qui ont contribué à fortifier le leadership du Président Macky Sall, mais également la diplomatie sénégalaise et africaine. La liste est loin d’être exhaustive. Le président sénégalais n’a pas chômé durant cette année où il a présidé aux destinées de l’Ua. Il a pratiquement fait le tour du continent, se rendant partout où la paix était menacée. Mali, Gambie, Guinée, Tchad, Burkina Faso… Macky Sall a prêché la bonne parole et œuvré pour le développement des pays africains, mais également pour une meilleure place de l’Afrique dans le monde.
Et pour le chercheur en Relations internationales, Thierno Souleymane Niang Diop, c’était une bonne chose que le Président Macky Sall soit à la tête de l’Ua, pour l’image du Sénégal, et aussi cela vient récompenser une tradition diplomatique du Sénégal qui joue les premiers rôles, même si on n’est pas un pays qui pèse géographiquement sur la scène internationale. «A la tête de l’Ua, Macky Sall a osé dire, de manière assez courageuse, qu’il faut que les Occidentaux arrêtent de nous dicter la marche à suivre. Et il faut que l’on continue dans cette dynamique. Il a rappelé au monde entier que l’Afrique est une puissance démographique importante, qu’elle sera même la première puissance démographique en 2060. Le plaidoyer du président Macky Sall a été que l’Afrique ait une place permanente au Conseil de sécurité des Nations unies, parce que souvent ce sont les autres qui décident pour nous quand il s’agit de résolutions de conflits.» Pour le spécialiste, depuis son accession à la magistrature suprême, le Président Macky Sall a essayé d’avoir une feuille de route diplomatique très intéressante, pour permettre au Sénégal d’être présent dans certains conclaves au niveau international et d’apporter sa partition dans les questions de paix, de sécurité… «Je pense donc que c’est une logique qui a mené le Président Macky Sall à la tête de l’Ua, estime-t-il. Mais cela n’a pas été facile parce qu’on est encore sous le joug de la pandémie du Covid, ensuite la guerre en Ukraine a éclaté, et cela a mis à nu nos faiblesses en Afrique et réveillé nos vieux démons relatifs à l’autosuffisance alimentaire, stratégique… et cette dépendance est une chose que nous devons dépasser. C’est pourquoi l’un des actes majeurs que le Président Macky Sall a posé, c’était d’aller voir le Président russe, pour jouer les bons offices afin que le conflit entre ces deux pays producteurs de ressources soit dépassé. C’était une très bonne chose, diplomatiquement et stratégiquement.»