NETTALI.COM - Jeudi dernier, Ousmane Sonko a été "enlevé" de force sur la Corniche ouest et déposé chez lui par les Forces de défense et de sécurité. Toutefois, un fait a étonné plus d'un partisan du leader de Pastef. Il s'agit de l'absence notoire des principaux lieutenants du maire de Ziguinchor. Suffisant pour que certains y voient les premières failles d'un parti présenté jusqu'ici comme un bloc homogène et solide.
Le fait peut sembler banal. Il a pourtant toute son importance. Jeudi dernier, de graves incidents se sont produits sur la Corniche ouest de Dakar. Alors qu'il revenait de son procès (finalement renvoyé au 16 mars prochain) contre Mame Mbaye Niang, Ousmane Sonko est gazé par les forces de l'ordre. Pis, alors qu'il refusait de quitter son véhicule malgré l'insistance des Forces de défense et de sécurité, le leader de Pastef n'a pu rien faire quand un des éléments de la Brigade d'intervention polyvalente (Bip) de la police a cassé la vitre de la portière arrière de son véhicule. Il est vite extrait de son véhicule avant d'être embarqué dans un blindé de la police. Direction: la cité Keur Gorgui. Ce, devant quelques uns de ses militants qui ont assisté, impuissants, au spectacle.
Chose étonnante, il n'y avait, dans les parages, aucun des lieutenants connus du président de Pastef. Pas l'ombre d'un Bassirou Diomaye Faye, d'un Birame Soulèye Diop encore moins d'un El hadji Malick Ndiaye, connus pour être les plus grands défenseurs du leader de Pastef sur les plateaux de télévision. Ousseynou Ly et Abass Fall, député et premier adjoint au maire de Dakar, étaient presque seuls avec Ousmane Sonko et son avocat Me Ciré Clédor Ly au moment des faits. Un constat que plusieurs militants ou sympathisants de Pastef ont très peu apprécié. Et ils n'ont pas hésité à le faire savoir sur les réseaux sociaux.
La même situation s'est produite dans l'après-midi du jeudi. Alors qu'il se rendait au siège de son parti pour une conférence de presse, Ousmane Sonko est encore gazé par la police. Ce qui l'oblige à rebrousser chemin. C'est finalement Bassirou Diomaye Faye et Birame Soulèye Diop qui tiennent la conférence de presse. Cette fois-ci, seul Mouhamed Bilal Diatta, maire de la comme de Keur Massar Sud, est avec le "Patriote" en chef.
"Incompréhensible", selon certains militants et sympathisants de Pastef. Sur les réseaux sociaux, ils n'hésitent pas de tirer sur Bassirou Diomaye Faye, Birame Soulèye Diop ou encore El hadji Malick Ndiaye. Présenté comme le "héros" qui a affronté les lacrymogènes aux côtés de son leader, Mouhamed Bilal Diatta est obligé de monter au créneau pour recadrer. "Il faut arrêter de dire certaines choses. L'heure est à l'union parce que l'union fait la force", rappelle-t-il dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux. Il ajoute que Pastef est un parti organisé où chacun a un rôle à jouer. "Macky Sall a dépassé les limites et il va en payer les pots cassés", laisse entendre le maire de Keur Massar Sud. Non sans louer l'engagement de Bassirou Diomaye Faye, El Malick Ndiaye et Birame Soulèye Diop pris pour cibles par certains jeunes.
Failles ou pas, les "Patriotes" sont encore sous le choc. Ils semblent avoir été surpris par ce qui s'est passé sur la Corniche ouest jeudi dernier. Et tout indique qu'ils comptent s'organiser pour ne plus laisser leur leader seul face face aux Forces de l'ordre. D'ailleurs, Ousmane Sonko a, lui-même donné le ton ce dimanche 19 février.
Présent au méga meeting du Parti de l'unité et du rassemblement (PUR) à Guédiawaye, le chef de Pastef a lancé un "game is over" au Président Macky Sall. "Ce qui s'est passé sur la Corniche, est le fait de milices armées par Macky Sall et que la police ne peut pas arrêter. Mais qu'il sache que s'il touche à un seul leader de la coalition Yewwi askan wi, le peuple va le sortir du palais et le traîner dehors comme tous les dictateurs qu'on a connus dans le passé. Son règne est terminé. Et le jour où on se lèvera pour marcher sur le palais, rien ne pourra le sauver, ni la police, ni l'armée encore moins la gendarmerie", a martelé le leader de Pastef ce dimanche au stade Amadou Barry de Pikine.