NETTALI.COM - Doit-on aveuglément faire confiance à nos hommes politiques au point de boire leurs paroles ? Voire de les idolâtrer et croire à tous ces projets mirobolants qu’ils nous vendent ? Le rêve d’un Sénégal meilleur sans corruption et où il y aura mille et une réformes… Bref.
Après l’expérience des fameux slogans ayant guidé la campagne de Macky Sall, dont « une gouvernance sobre et vertueuse » et « la patrie avant le parti », une frange de l’opinion en est encore à exprimer des regrets, ressassant sa déception. Mais n’est-ce pas bien trop tard ? De même les conclusions des Assises nationales et le rapport de la Commission nationale de Réforme des institutions, sont pour l’heure rangés dans les tiroirs à côté de leurs voisins les cafards !
Le récent entretien de Macky Sall avec l’hebdomadaire français l’Express est venu nous donner un autre coup de massue. La nouvelle posture du président de la république, pas si nouvelle que cela d’ailleurs, nous montre à quel point nos hommes politiques se jouent de nous. Macky Sall nous a simplement dit qu’il a désormais le droit avec lui, son mandat de 7 ans acquis en 2012, étant hors de portée de la réforme, suivant une décision du Conseil constitutionnel en date de 2016.
Une autre manière de nous dire que sa candidature ne dépend plus finalement que de lui. Macky glisse et évolue pas à pas dans ses positions, comme pour mieux faire intégrer cette nouvelle donne dans la tête des Sénégalais. C’est ce qui s’appelle tenter de faire passer la pilule en douceur ! En un mot et pour faire court, l’affaire est désormais politique.
Et pourtant, beaucoup savent que lorsque le président Sall a consulté le conseil constitutionnel, ce n’était point pour une question de nombre de mandats, mais bien et uniquement de référendum qui devait consacrer la réduction de son mandat acquis en 2012 de 7 à 5 ans.
Qu’il ne cherche surtout pas à embrouiller les esprits, les sénégalais sont les témoins de l’histoire et ils savent bien que jusqu’en 2019, lui comme ses partisans étaient persuadés qu’il ne pouvait pas faire un second mandat de 5 ans.
Ce qui est surtout difficile à encaisser, c’est le fait que la parole n’a plus sa sacralité qu’on lui donnait en Afrique. Il est vrai que du point de vue de la justice, elle peut ne pas avoir de valeur juridique, mais le fait pour le président de nous faire croire qu’il ne se dédit pas pour avoir donné une opinion qui correspondait à sa conviction du moment, tout en faisant valoir que celle-ci peuvent évoluer et que les circonstances peuvent l’amener à changer de position…. Le pire est qu’il nous fasse croire qu’en politique, tout est ouvert, est tout simplement ahurissant . « Nous sommes en politique. Mais pour l’instant, je n’ai pas déclaré ma candidature. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit», a-t-il asséné !
On en arrive même à croire que la duperie fait désormais partie du jeu politique et qu’il faut faire dans l’enfumage pour percer. Tout simplement.
L’exemple le plus patent est le pilonnage, pour ne pas dire l’acharnement du Parti démocratique sénégalais contre Aminata Touré. Le parti du pape du Sopi, au lieu de s’en prendre au président de la république, préfère se défouler sur l’ancienne premier ministre qu’il a décidé de prendre comme cible. Il la rend ni plus, ni moins responsable de tous les déboires de Karim Wade puisqu’elle était à l’époque, ministre de la justice. N’est-ce pas le président de la république qui décide de la politique pénale ? Aminata Touré une cible bien trop facile ! Une posture du PDS vue comme une sorte de fuite en avant dans le seul but de ne pas anéantir les espoirs d’une éventuelle amnistie dont bénéficierait Karim Wade. Rappelons que ce dernier a toujours soutenu qu’il voulait une révision de son procès, sans grand espoir toutefois, insistant sans cesse sur le fait de ne pas être demandeur d’un quelconque bénéfice d’une amnistie.
De même, la demande d’exclusion d’Aminata Touré de la grande coalition de l’opposition qu’elle veut mettre en place avec ses futurs alliés de « Yeewi askan wi », n’est-elle pas juste une manière de créer un obstacle à sa formation ? L’on se rappelle, il n y a guère longtemps d’ailleurs du refus du PDS de participer à l’initiative de la fameuse motion de censure contre le gouvernement par leurs alliés de « Yewwi askan wi ». L’on peut également souligner leur désolidarisation avec leurs mêmes alliés en votant en faveur de la défénestration de Mimi Touré. N’oublions surtout pas aussi que Yewwi avait proposé de former avec le groupe « Liberté et Démocratie » de la coalition Wallu, une seul groupe parlementaire. Ce que Wallu dont la force la plus importante le PDS, avait refusé.
Difficile en tout d’avoir une vraie lisibilité du jeu politique, tellement il est loin d’être clair. Même du côté de Khalifa Sall, certains observateurs ont eu à déclarer que Macky Sall et ce dernier se parlent. Le bénéfice de l’amnistie par l’ancien maire de Dakar n’est pas encore acquise. Et lui semble faire profil bas effectuant patiemment ses tournées à l’intérieur du pays pour accroître son potentiel électoral. Et certains observateurs semblent même avoir vu derrière le remplacement de Khalifa Sall par Habib Sy à la conférence des leaders de Yewwi, une manière de prendre subtilement ses distances pour mieux se préparer à la présidentielle, avec en toile de fond, la quête de cette amnistie qui permettrait à l’ancien maire de Dakar d’être sur les starting-blocks en 2024.
Sauf que les jeux ne sont toujours pas faits et la sortie récente d’Ismaila Madior Fall a l’émission « Objection » sur Sud FM, était bien trop délirante pour montrer le caractère sérieux de la requête. Depuis quand faut-il une manifestation d’intérêt pour bénéficier d’une amnistie ? L’on sait bien que ce sont des faits qu’on amnistie sur une période donnée. Comment le ministre de la justice a-t-il pu préjuger de l’identité des bénéficiaires pour savoir à qui cela devrait profiter ou pas ?
L’amnistie parlons-en d’ailleurs. Pourquoi faire bénéficier d’une amnistie, deux personnes qui sont condamnées pour détournement de deniers publics et enrichissement illicite afin qu’elles aient la possibilité de concourir à l’exercice du pouvoir ? Dans le même temps, un Ousmane Sonko condamné définitivement même à plus de 3 mois avec sursis, n’aurait plus le droit d’être éligible. Admettons que cela tombe sous le sens. Il serait même d’ailleurs bien logique que ceux qui sont condamnés pour les deux premiers motifs, ne puissent plus être éligibles. Le type de condamnations dont ils font l’objet, sont directement en porte-à faux avec l’exercice du pouvoir. Dans l’esprit du législateur, il aurait été bien plus indiqué de rendre inéligible ceux qui sont condamnés pour détournements de deniers publics et crimes tels que le viol, le meurtre, l’assassinat, etc
La politique telle qu’elle s’exerce sous nos cieux, ressemble de plus en plus à une affaire de duperie, de jeux d’ombres et de calculs vicieux, que ce qu’elle est censée être. Elle est même d’un niveau tellement décevant qu’on en arrive même à se demander si la vertu y a encore cours.
Cheikh Yérim Seck à l’émission « Confrontation » du samedi 18 mars, a fait une affirmation de taille selon laquelle les promesses des hommes politiques ne valent pas les morts d’hommes que l’on constate lors des manifestations. La preuve est qu’il n’ y a pas, selon lui d’opposition radicale au Sénégal puisqu’ils se parlent tous. Il en vaut pour preuve que, quel que soit le cas, les politiques se parlent en souterrain avec des intermédiaires qui manœuvrent. Citant l’exemple de Macky Sall, Khalifa Sall et Karim Wade, celui-ci de déclarer qu’ils se sont toujours parlés alors que les deux étaient en prison. Une manière de faire valoir que ces discussions sont l’aboutissement de leur grâce, même s’il ne le dit pas expressément.
De même, il a informé que malgré l’hostilité affichée entre Mame Mbaye Niang et Ousmane Sonko, rien ne nous dit qu’il n y a pas d’émissaires cachés ? Demandez peut-être au père de celui-ci, Imam Mbaye Niang.
Le journaliste ne s’en est pas limité là. Il s’est aussi permis d’évoquer les retrouvailles entre Ousmane Sonko et Mimi Touré. C’était lors du « giga meeting » de Acapes, alors que celle-ci était venue remercier à sa « descente d’avion », les responsables de la coalition Yewwi askan Wi pour la posture du groupe parlementaire lors de son éviction de son poste de député.
De même, retraçant la relation Idrissa Seck-Macky Sall et le fameux « mbourok Sow » tant chanté, il a fait savoir que Macky déteste Idy et que l’ancien maire de Thiès n’a jamais eu la moindre considération et encore moins d’estime pour lui. Mais malgré cela, a-t-il déclaré, ils se sont retrouvés au gré des circonstances politiques.
Mais peut-on à dire vrai exclure le dialogue du jeu politique ? A la condition qu’il ne se résume plus à ces sortes de dialogues politiques ou nationaux qu’on nous vend avec des conclusions qui finalement, ne permettent pas de surmonter les problèmes d’avant. Mais lorsque le dialogue finit par de la compromission avec de l’entrisme et du personnel politique casé à la clef, il n’est rien d’autre que la duperie sur le dos des citoyens.