NETTALI.COM - Bien naïf celui qui voudra bien croire que nos politiques, sous ce ciel brumeux sénégalais, sont des anges. Ils avancent tous masqués. Bien masqués d’ailleurs. Dans un tel jeu d’ombre qu’on a du mal à les suivre. Ils finissent à force par donner le tournis.
Qu’Idy soit tout sucre, tout miel avec Macky en quittant la barque Benno avec ministres, postes et un discours aussi mielleux, est bien étonnant. On en arrive même à se demander si c’est celui-là même qui raillait tantôt la vision de Macky Sall et son incapacité à gouverner ! Que le président Sall d’habitude si réfractaire à l’adversité, accepte sans grand regret et avec philosophie, la liberté de l’ancien Pm à vouloir être candidat, est d’autant plus surprenant. Ils sont bien suspects ces deux-là !
Entre la visite de courtoisie rendue à Ousmane Sonko et le moment que l’ancien maire de Thiès a choisi pour balancer une histoire bien tirée par les cheveux de chef de l’opposition, le timing est bien serré pour qu’il fasse accréditer l’idée qu’Il souhaite dans son désir le plus ardent, voir Ousmane Sonko concourir en 2024. Il a au passage dénié à Macky Sall le droit de ne pas être candidat ! Il ne se gêne pas celui-là, il veut à la vérité se voir dérouler le tapis rouge. Tranquillement !
Au jeu de la surenchère, nos politiques sont passés maîtres dans l’art du camouflage. Qui pour croire que Karim Wade ne veut pas d’une amnistie, alors qu’il passe son temps à faire croire à qui veut l’entendre qu’il ne prendra qu’une révision de procès ? Ils la posent comme condition de leur participation au dialogue, dans une sorte de baroud d’honneur, y ajoutant la question de l'amnistie, du parrainage, tout en demandant la prorogation des délais d'inscription sur les listes électorales.
Il y a en tout cas bien longtemps que les députés de "Wallu" ne suivent plus leurs amis de "Yewwi" à l’hémicycle. Et même en dehors. Ils ont refusé de voter la motion de censure, ont dit non au concert de casserole et ne veulent pas non plus d’une alliance avec Aminata Touré dans le cadre d’un projet de grande coalition avec Yewwi. Ils en veulent à mort à Aminata Touré, ces libéraux, alors qu’ils devraient plutôt s’en prendre à Macky Sall. Celui-là même qui définit la politique pénale sénégalaise, Mimi n’ayant été qu’une ministre de la justice ayant exécuté cette même politique définie par qui on sait. Ils se défaussent à tous les coups, les sopistes !
Aminata Touré elle, rend coup pour coup. Elle n’a pas cessé de balancer ses missiles en direction du PDS qui les lui rend bien. Mais posture contradictoire tout de même, en conférence de presse, l’ancienne Première ministre dénonce une possible amnistie de Karim Wade et se tait opportunément sur celle de Khalifa Ababacar Sall qui est la plus agitée. Elle invoque des décisions des autorités judiciaires pour légitimer sa position contre Karim Wade et attaque la même justice qui a lancé des poursuites contre l’opposant Ousmane Sonko. Elle s’en prend au ministre Antoine Félix Abdoulaye Diome, ancien procureur dans la traque qui avait abouti à la condamnation du leader du PDS. Sauf qu’on l’a tantôt vue tout sucre tout miel, lors de la campagne des législatives avec son ex-mari Oumar Sarr qu’elle souhaitait poursuivre dans le cadre de la traque des biens mal acquis ; de même qu’avec Aida Ndiongue, elle aussi accusée d’avoir dilapidé les fonds du contribuable ! Etonnante comme posture ! Les circonstances. Encore les circonstances !
Les 138 milliards que doit Karim Wade à l’Etat du Sénégal la préoccupent tellement qu’elle a remis ça sur la table. Elle ne veut pas voir cet argent passer par pertes et profits. Normal quand même, si tant est que nous sommes dans un pays de justice ! L’amnistie tant agitée, est en cause. Sauf qu’elle ne nous a toujours pas dit ce qui a dû être recouvré en tant que ministre de la justice. Elle préfère renvoyer la patate chaude à Amadou Ba, alors ministre des finances de l’époque. Avec elle, tout est bon pour barrer la route pour Macky en direction de 2024. Sur le front du 3ème mandat, elle est en tout cas bien active et voit dans l’organisation du dialogue, une manière de diviser l’opposition. Elle n’épargne toujours pas le Pds qu’elle qualifie de co-organisatrice du dialogue. La vengeance, n’est-ce pas un plat qui se mange bien froid ?
Khalifa Sall semble lui prendre subtilement ses distances avec Yewwi, tout en y demeurant. Il s’est désengagé de son poste de président de la conférence des leaders et a fait cap vers le Sénégal des profondeurs. Une autre version du « Nemekou tour » à la sauce socialiste. La jurisprudence Macky a bien fait tache d’huile.
Toujours est-il que la récente rencontre de Macky avec Barth, Habib Sy et Khalifa Sall, tout sucre tout miel avec force d'accolades, poignées de main et sourires, a fini de secouer le monde de Yewwi qui a rué dans les brancards pour accuser le service de com du palais de faire croire à des retrouvailles qui n'existent que sur les photos. En attendant la suite des évènements, un communiqué de la coalition Yewwi Askan Wi est venu démentir tout rapprochement. Yewwi se veut toujours "résolument ancrée dans l’opposition au régime de Macky Sall, la Coalition Yewwi Askan Wi réaffirme sans ambages son plan d’action destiné à mettre fin à sa présidence au plus tard le 25 février 2024, et la participation effective de tous ses candidats à l’élection présidentielle". Sauf que toutes les candidatures au sein de Yewwi Askan Wi ne sont pas encore recevables.
Yewwi n’ose quand même pas croire que Khalifa Sall ne participera pas au dialogue. El Malick Ndiaye s’est chargé du rôle de sondeur à « Grand Jury » de la RFM. Une question à peine voilée pour khalifa Sall. Un message subliminal comme pour le débusquer de son dessin de dialogue que ce dernier trouve toutefois bien impératif. L’ancien maire de Dakar aussi se veut prudent, il avance des points de discussions en attendant des termes de référence.
Qui oserait croire que ce dernier pourrait renoncer à cette amnistie ? Que les Pastefiens ne rêvent même pas, l’amnistie hante le sommeil et les rêves de Khalifa Ababacar qui entrevoit la retraite politique , si d’aventure il venait à rater cette occasion 2024.
Tiens tiens, il s’est emmuré dans un silence bien assourdissant, ce cher et jadis très turbulent Barth. Il a même répondu à l’invitation du 4 avril du président Sall en désormais bon et sage républicain. Et le jeudi 4 mai, Macky l’a même encensé au forum sur l’économie sociale et solidaire, vantant son travail remarquable. Il lui a même promis de dire à son père jean paul Dias que son fils a bien travaillé. Sacrés politiciens. Les circonstances et les opportunités, ils connaissent bien !
Ousmane Sonko pendant ce temps, enchaîne ses sorties après avoir observé une courte pause parole, vue par ses inconditionnels comme une stratégie. Elle ne pouvait de toute façon être que de courte durée parce qu’il a tant à dire en ces moments de manœuvres politiques, le dialogue étant en vue et ses procès se rapprochant. Aussî s’en est-il pris à la minorité de magistrats qu’il juge inféodés au pouvoir, caressant au passage la majorité. Il a tout aussi loué l’esprit républicain des militaires et nuance de plus en plus son discours sur la France. Récemment, il a dézingué l’Imam de la « Grande mosquée » de Dakar pour son sermon à l’endroit des jeunes, lors de prière de la korité. Il a aussi annoncé la « désobéissance civique », alors que ses deux procès sont programmés autour de mi-mai. Il ne reconnaît pas cette justice-là ! Sacré provocateur que cet Ousmane, figurez-vous qu’il a foulé le sol gambien, comme pour narguer les autorités judiciaires qui devraient selon lui lever son contrôle judiciaire. Mais comme il ne la reconnaît pas cette justice qu’il qualifie d’injuste ! La jurisprudence Oumar Sarr, l’homme de la fameuse pirogue, est en tout cas passée par là. Cela a eu lieu sous l’ère Macky !
Macky Sall, malgré les critiques de Mimi, avance dans sa logique de dialogue et continue à brouiller les pistes après avoir asséné un « Kou gueed sa yaya ayé » (« celui qui refuse, c’est son problème ») très peu apprécié par ceux qui sont tentés par un refus du dialogue. Ousmane Sonko a décrypté. Le F 24 lui, n'est pas emballé par l'appel et compte manifester le 12 mai à la place de l'Obélisque pour la libération des détenus et contre le 3ème mandat.
Le PIT en la personne de son secrétaire général, a pris position et opté pour une candidature unique au sein de Benno. Il n’est pas fermé à la candidature de Macky Sall, même s’il attend de savoir les raisons qui vont guider celle-ci.
Ah les politiciens, ils ne cesseront jamais de nous rouler dans la farine, sans qu’aucun d’eux ne daigne finalement nous parler de programmes, et de manière démocratique et claire. Entre les programmes avec leurs fondements idéalistes et chimériques visant à transformer le Sénégal en pays de rêve, les Sénégalais n’y voient que du feu et continuent à ronger les os qu’on veut bien leur laisser.
Mais où sont passés les hommes d’affaires, censés être les personnes les plus importantes de ce pays ? Ils sont tous réduits à quémander des marchés publics et pire de la sous-traitance, sous le pompeux jargon de contenu local, dans le cadre des chantiers pétroliers et gaziers qui nous font tant rêver. Et les « goorgorlous » dans tout cela, eh bien, ils sont toujours tenaillés par la vie chère et un loyer toujours hors de prix, malgré la baisse du prix sur laquelle ils ne cracheront pour rien au monde !