NETTALI.COM - Les dérives sur les réseaux sociaux préoccupent Cheikh Tidiane Gadio. Sur I-radio, lors du "Jury du dimanche" du 21 mai, il les a dénoncées et condamnées. Il a surtout pointé du doigt Ousmane Sonko et ses partisans et fustige ce qu'il appelle "les claviers mille collines".
« Le Sénégal est victime comme tous les pays du monde de ce qu’on appelle la communication digitale dans son versant le plus dangereux, le plus tragique ». C’est l’avis de Cheikh Tidiane Gadio, invité du "Jury du dimanche".
"On substitue les spécialistes de l’information et de la communication, vous, vous n’osez pas affirmer quelque chose que vous ne pouvez pas prouver. Vous cherchez des faits, eux, ont organisé ce que j’appelle la mort des faits. Il n y a plus de faites. Ces gens sont dans la communication digitale. Vous mettez 100 jeunes qui ont chacun 5 ou 10 noms de profil ça fait 1000 personnes qui insultent les gens, qui attaquent les gens, qui enveniment la situation, qui ne disent jamais quelque chose qu’ils ont à prouver. Aujourd’hui avec l’accès des smartphones dans toutes les maisons, on voit les domestiques, les jardiniers qui écoutent des personnes qui leur racontent des choses sans preuve, sans argumentaire parce qu’ils n’en ont pas besoin », explique l'ancien ministre des affaires étrangères.
"Au Sénégal, nous avons les claviers mille collines"
A l’en croire, les réseaux sociaux précipitent tous les pays du monde dans une forme de catastrophe. « Vous avez vu ce qui s’est passé aux Usa avec le Capitole, cela a été organisé autour des réseaux sociaux. Au Sénégal, chaque matin que vous vous réveillez, on vous fait croire à des choses, vous tirez à boulets rouges. Je l’ai dit dans une contribution sur les dérives communautarismes. Au Rwanda, on a vu "La radio mille collines". Au Sénégal et dans certains de pays, nous avons "les claviers 1000 collines" où les gens tapent des injures, de la violence, de l’affabulation. On ne cherche plus les faits, on n’argumente pas ce n’est pas nécessaire. On affirme. Ce sont les populistes sénégalais. »
Quid des solutions ? Cheikh Tidiane Gadio estime que « c’est presque une erreur de vouloir arrêter la mer avec ses bras ». Car, argue-t-il, « ces réseaux risquent d’être là pour longtemps» Le vrai défi, l’enjeu, à son avis, « c’est que les êtres humains se ressaisissent » . « Vous voyez les débats pour juguler l’intelligence artificielle ? Le monde commence à avoir peur des montres que nous avons créés, les grands systèmes médiatiques de la communication digitale qui échappe au contrôle de tout le monde », ajoute-t-il.
"Ils ont commencé à insulter ma mère... 251 insultes...
Dans la foulée, le parlementaire renseigne avoir été victime de ces dérives. « Le 15 février 2021, il y avait un débat sur la levée de l’immunité parlementaire de Ousmane Sonko, j’étais à Ndjaména, invité par cinq Chef d’Etat pour prononcer un discours sur l’armée africaine, ils ne le savaient pas. A 6h du matin, 7h, ils ont commencé à insulter ma mère jusqu’à 12heures. Quand ils ont vu que je n’étais pas là, tout d’un coup, comme un mot d’ordre, tout a été arrêté. Le gestionnaire de notre page Facebook a compté 251 insultes. Ils ont insulté une femme qui est une sainte. J’étais extrêmement touché, mais je me suis dit que cela ne devait pas me décourager. Que c’est le Sénégal d’aujourd’hui »
Poursuivant ses critiques contre Sonko et ses partisans, il fulmine : « ils ont la violence dans le cœur, la violence dans l’esprit. Et ils sont prêts à aller aussi loin que possible. L’appel qui est lancé, si Sonko fait partie de leurs leaders. Lui et d’autres leaders pensent que cette méthode-là est bonne, la stratégie du chaos. On installe le chaos, on essaie de chasser ceux qui sont au pouvoir pour s’installer. Avez-vous entendu un seul débat programmatiques, quels sont les projets de société ? »