NETTALI.COM - Au lendemain de sa comparution devant la chambre criminelle de Dakar dans le procès pour viols opposant Adji Sarr à Ousmane Sonko, le Docteur Alfousseynou Gaye a sorti un communiqué pour informer n’avoir jamais prélevé du sperme dans le sexe de Adji Sarr, accusant au passage la presse d’avoir travesti ses propos. Des journalistes sont ainsi revenus à la charge pour fustiger sa duplicité.
Le docteur Alfousseynou Gaye s’est, au lendemain du procès marathon opposant Adji Sarr à Ousmane Sonko et Ndèye Khady Ndiaye, illustré à travers un communiqué rendu public, intitulé «mise au point». Le gynécologue est revenu sur sa déposition faite à la barre de la Chambre criminelle. Et accuse la presse d’avoir travesti son récit. Dans ce document, Alfousseynou Gaye accuse la presse de lui avoir attribué à tort, des propos dans lesquels «il confirmait la présence de spermatozoïdes vivants» prélevé du sexe de Adji Sarr.
Le docteur Gaye semblait oublier que le procès était public et que sa déposition ne pouvait être dénaturée par tous les journalistes présents dans la salle d’audience et majoritairement composés de chroniqueurs judiciaires, habitués à couvrir de tels procès.
L’Observateur a vite fait de lui apporter la réplique en relatant exactement ce qui s’est passé.
«Appelé à la barre de la Chambre criminelle où il a comparu lundi dernier à titre de témoin, Dr Alfousseynou Gaye affichait une mine dégrafée. Dans un silence de cathédrale et devant une assistance muette, Dr Gaye est soumis par la chambre criminelle à l’exercice de prestation de serment. La main droite levée, il jure, dans une ambiance solennelle : «De dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité». Un acte imposant qui fait prendre à l’homme de l’art, toute la mesure et les conséquences d’un faux témoignage. C’est à 21 heures 20 minutes que le gynéco a fait son témoignage. A l’attention des magistrats, il va, avec conviction, confirmer «avoir examiné sa patiente, Adji Sarr, le 2 février 2021.» Il précisera avoir été sollicité par son avocat, Me Papa Samba So dit Gaby, qui l’a informé qu’une dame a été agressée sans préciser la nature des blessures. Ensuite, il (l’avocat) lui a demandé d’aller prendre la victime au salon de massage «Sweet Beauté». C’est après cela qu’il est allé à la rencontre de Sidy Ameth Mbaye à bord de sa voiture de couleur noire. Ensemble, ils se sont rendus au chevet de Adji Sarr qu’ils ont conduite, la même nuit, à l'hôpital Idrissa Pouye de Grand-Yoff, où il officie. Le Dr Gaye révèle avoir accepté d’entreprendre ces diligences, après que son avocat, Me Gaby So, l’a averti qu’il pourrait tomber sous le coups de poursuites judiciaires : «Non assistance à personne en danger», s’il ne s’exécutait pas. Ceci étant, Alfousseynou a admis avoir effectivement consulté la patiente, Adji Sarr. Sur réquisition de la gendarmerie, les conclusions du diagnostic scientifique lui seront transmises le lendemain. Puis, il a établi le rapport médical. Dr Gaye va révéler aux juges de la Chambre criminelle avoir effectué des prélèvements en vue d’un test Adn. Ceci, au motif qu’il avait relevé «une sécrétion sur le sujet». Le parquet cherchera à lui tirer davantage le ver du nez : «Ce que vous aviez découvert étaient-ce des spermatozoïdes.» Sa réponse était claire comme l’eau de roche. «J'ai reçu une réquisition aux fins d’examiner la patiente A. Sarr. J'ai donné suite à cette réquisition en effectuant un prélèvement en vue de tests ADN. Je ne saurais être formel en disant que ce test Adn peut démontrer la paternité des spermatozoïdes», a répondu le témoin Alfousseynou Gaye. Le procureur de la République qui ne lâche pas, lui rappelle qu’il est un sachant et qu’il est censé pouvoir donner une réponse scientifique. Le docteur Gaye campe sur sa position. Prenant la balle au bond, Me Ousmane Thiam, un des avocats de Adji Sarr, relance la question. «Je vous rappelle que vous avez été interrogé par le juge d’instruction. Confirmez-vous la présence de spermatozoïdes vivants.» La réponse du Dr Gaye est sans équivoque : «Je confirme», rappelle «L’Observateur».
Fana Cissé et Ayoba Faye de Pressafrik diront la même chose pour dire que le Dr Gaye a bien dit qu’il avait prélevé des spermatozoïdes dans le sexe de Adji Sarr.
Mor Amar de «Enquête» dira même que « ce médecin est simplement dangereux pour la paix publique ». «Comment tu peux te comporter comme une poule mouillée à la barre et venir après remettre en cause, en jouant sur les mots, l’honnêteté des gens, qui n’ont eu le tort que de rendre compte de ta déposition. Ton attitude est tout simplement lâche et ne contribue qu’à mettre en exergue ta fourberie. As-tu besoin de mentir pour faire plaisir? », écrit le journaliste sur sa page facebook
Pour que nul n’en ignore, Mor Amar a relaté la quintessence de la déclaration du gynécologue devant la barre de la chambre criminelle de Dakar.
« Dr Gaye a d’abord reconnu à la barre que c’est lui qui est allé prendre Adji Sarr a Sweet Beauty sur demande de Maître Pape Samba So. Avec sa voiture contrairement à ce qui se disait comme quoi que c’est le chauffeur de Mamour Diallo. Dr a toujours préféré taire cette information malgré ses sorties médiatiques. Dr Gaye a dit avoir fait des prélèvements vaginaux en vue de tests adn comme c’est bien dit dans le certificat médical que tout le monde a vu. C’est avec ces prélèvements que des tests ont été fait à l’hôpital. Les résultats sont sortis le lendemain (donc le 3 et non le 2) et ont confirmé la présence de spermatozoides vivants. Ce qu’il a lui-même reconnu à la barre sans autre précision. Je rappelle qu’au niveau du juge d’instruction, Dr avait allégué avoir perdu ces fameux résultats. Il a fallu saisir l’hôpital pour avoir les résultats. C’est lâche de sa part de remettre en cause l’intégrité de ses collègues de l’hôpital. Aujourd’hui il veut nous sortir un débat de juriste alors que lui le médecin n’a pas voulu se prononcer sur les questions relatives à son domaine posées à la barre. Quelques illustrations : à la question de savoir est-ce que ton certificat médical signifie qu’il n’y a pas eu de viol, il répond : je ne peux pas répondre à cette question. A la question est ce qu’un test adn était nécessaire pour montrer la paternité des spermatozoides, il déclare : je ne peux pas répondre à cette question…. Alors Dr vous avez raté une belle occasion de vous la boucler », peste Mor Amar.
Curieusement, après le tollé créé par "la mise au point", un autre communiqué, intitulé "Avertissement" et attribué au Dr Alfousseyni Gaye, a été rendu public ce jeudi. Il dément la paternité du document publié ce mardi.
Rappelons que l’ordonnance de mise en accusation et de renvoi devant la Chambre criminelle, établi le 28 février 2023 par le Doyen des juges, Oumar Maham Diallo, rapporte que « le rapport médical dressé le 03 février 2021 (par le Dr Alfousseynou Gaye, suite aux réquisitions des gendarmes pour l'examen d'Adji Sarr, fait état d'absence de lésion vulvaire, de déchirure ancienne de l'hymen sur 3 heures, 7 heures et 11 heure. Et que des prélèvements ont été faits en vue de tests ADN. Lors de sa seconde audition, le Docteur Alfousseynou Gaye déclare avoir perdu un certain nombre de documents suite à des déménagements répétés. Toutefois, au terme de la délégation judiciaire délivrée à la Section de recherches le 23 novembre 2022, le chef de service du Laboratoire de Biologie médicale de l'hôpital Général Idrissa Pouye de Grand Yoff a fourni l'original de la demande d'analyse du docteur Gaye, autant que la réponse figurant au registre tenu à cet effet et faisant état de la présence de spermatozoïdes vivants.»