NETTALI.COM - La direction du groupe Walfadjri a reçu ce vendredi une note du ministère de la Communication, des télécommunications et de l’économie numérique l’informant de la décision de suspendre les programmes du groupe médiatique pendant un mois. Une situation difficile pour Walf, puisque son personnel est d’ores et déjà mis au chômage technique et des licenciements collectifs suivront pour la survie de l’entreprise.
30 jours de suspension pour Walf. Une décision lourde de conséquences tant sur le plan économique que social. Dans une note signée par le ministre des Télécommunications et de l’économie numérique, Moussa Bocar Thiam, il est précisé que le signal du groupe Walfadjri est suspendu pour un mois à partir du jeudi 1er juin 2023 date à laquelle, les violentes manifestations avaient éclaté. D’ailleurs, le ministre, dans ce communiqué, a estimé que cette décision du gouvernement fait suite au «constat dans la couverture de la situation de tensions par le groupe Walfadjri, la diffusion en boucle des images de violences exposant des adolescents, accompagnées de propos subversifs, haineux, dangereux incitant à la violence et portant manifestement atteinte à la sécurité de l'État, à l'intégrité territoriale, à la stabilité et à la paix sociale, en violation flagrante de toutes ses obligations». Moussa Bocar Thiam ajoute aussi que ces images sont «en violation flagrante des obligations de l’Etat à sauvegarder la paix, l'ordre public et les impératifs de la sécurité et de la défense nationale». Il informe toujours dans la note qu’en «cas de récidive, après la reprise de la diffusion des programmes du groupe Walfadjri, conformément à la réglementation, l'autorisation pourrait faire l'objet d'un retrait définitif». Une décision qui aura de lourdes conséquences sur les agents du groupe de feu Sidy Lamine Niass.
Tout le personnel du groupe Walf mis au chômage technique, des licenciements collectifs annoncés
En sit-in hier dans leurs locaux, le directeur du groupe Cheikh Niass estime que la coupure du signal du groupe Walf sans aucune notification, ni préavis est une décision injuste de la part de l’Etat du Sénégal. «C’est une injustice. La lettre de notification nous a été envoyée par le ministre de la communication ce vendredi. C’est la troisième fois qu’on coupe notre signal en l’espace de deux années. En mars 2021, nous n’avions pas porté plainte ni fait un sitin, pensant être dans un Etat de droit. La deuxième fois, en février 2023, nous avions organisé un sit-in et porté plainte au niveau de la Cour suprême. Mais, depuis lors, notre plainte n’a pas été enrôlée. Aucune date n’a été retenue», a regretté Cheikh Niass qui, furax, embraye : «Ils ont commis une injustice envers nous. Ils ont coupé notre signal sans préavis. Quand nous avons demandé à Babacar Diagne s’il était l’auteur de cette forfaiture, il s’est dédouané. C’est après avoir parlé avec le directeur de Canal Plus que ce dernier m’a dit avoir reçu une lettre du ministre de la Communication Moussa Bocar Thiam, lui disant de couper notre signal sur ce bouquet pour diffusion de messages mensongers et subversifs».
Une décision lourde de conséquences, fait constater Cheikh Niass. «Cette coupure de signal, nous porte vraiment préjudice. Nous avons une entreprise avec des charges et des dépenses. Aujourd’hui, nos charges tournent autour de plus de 60 millions FCFA. Avant, il fallait qu’on maintienne nos partenaires et employés à l’aise. Nous avons tout fait pour qu’il n’y ait ni démission encore moins de licenciement. Mais, à l’impossible, nul n’est tenu», reconnaît-il. C’est la raison pour laquelle, «tout le personnel du groupe Walf est d’ores et déjà mis au chômage technique et des licenciements collectifs suivront pour la survie de l’entreprise». Pour autant, le directeur du groupe Walf ne compte pas baisser les bras. Pour Cheikh Niass, le gouvernement veut liquider Walf. «Cette décision est une déclaration de guerre. De notre côté, nous allons boycotter toutes les activités de l’Etat. De plus, nous appelons à une marche vers le Palais. Désormais, la révolution est en marche et rien ne l’arrêtera», annonce le Directeur du groupe Walf.
«Une décision fallacieuse et un abus de pouvoir»
«C’est un abus de pouvoir», lâche Mamadou Ibra Kane. Le président du conseil des diffuseurs et éditeurs de presse (Cdeps) estime que la procédure de suspension est infondée. «Walf a reçu la notification de suspension du signal de ses programmes ce vendredi. Un manquement très grave par rapport à la loi. Car, en principe, la décision administrative doit être motivée et servie au responsable moral de l’entreprise de presse. Donc, en retardant la notification, on a lésé les droits de Walf Tv en ce sens que c’était depuis le 1er et la notification n’a eu lieu que le 9 juin. Donc, huit jours plus tard». De plus, enchaîne-t-il, «le fait que la décision a été prise par le ministre de la Communication est une violation de la loi. Puisque l’article 192 de la loi portant Code de la presse stipule que l’autorité administrative compétente est le gouverneur, le préfet ou le sous-préfet. En aucun cas, il est fait mention du ministre ou du ministère de la Communication. Il faut que l’Etat apprenne à faire respecter les lois». Aujourd’hui, pour Mamadou Ibrahima Kane, il faut que le Walf use de tous les recours de droit qui lui est offert. «Rien ne sert de sortir des communiqués ou d’engager des actions qui ne sont pas conformes à la loi, il faut utiliser l’Etat de droit».