NETTALI.COM - La grève décrétée par le Syndicat des agents des impôts et domaine (SAID) a vécu, hier, sa seconde journée. Comme le premier jour, selon des sources, le mot d’ordre a très peu été suivi et l’Etat, dans le même temps, a établi un record, avec 100 milliards FCFA collectés en 48 heures.

Alors qu’on prédisait une hausse du nombre de grévistes, en raison de la participation « opportuniste » d’agents tentés d’anticiper leur week-end, c’est bien le contraire qui s’est produit, au deuxième jour du mouvement d’humeur du Syndicat des agents des impôts et domaine (SAID). Il nous revient que le taux de suivi du mot d’ordre par les agents de la DGID est tombé à 10%, alors qu’il était de 11% le premier jour. Autre mauvaise nouvelle pour les grévistes, si leur mouvement avait pour objectif de paralyser la collecte des recettes fiscales, activité qui constitue l’ADN de la DGID, c’est comme si le mouvement avait plutôt porté chance à l’Etat, dit-on. On annonce plus de 100 milliards de francs collectés entre le 15 et le 16 juin. Ce qui est présenté comme un record !

Pourtant, le SAID avait bien choisi ses dates : le 15 du mois est le jour de collecte de la TVA, le principal impôt qui alimente le budget de l’Etat. L’objectif était donc clairement de perturber le recouvrement des recettes, et donc d’asphyxier le trésor public, à quelques encablures de la Tabaski. Un coup qui, selon nos interlocuteurs, n’a pas marché au vu des résultats obtenus. Nul doute que chacun des deux protagonistes, l’Etat et le SAID, se fera désormais une idée précise du rapport de forces.

Les connexions avec Pastef, facteur démobilisateur

Quelle lecture faire de ces événements ? Il est sans doute trop tôt pour tirer des conclusions mais certains enseignements paraissent évidents, selon plusieurs indiscrétions d’agents. Le premier est que de nombreux fonctionnaires de l’administration des impôts et Domaine n’ont, souligne-t-on, pas apprécié de se voir enrôler de force dans un combat politique qui n’est pas le leur. ‘’La consanguinité entre le SAID et PASTEF crève les yeux (le syndicat a été créé par Ousmane Sonko et il a été dirigé par Waly Diouf Bodiang de même que par Bassirou Diomaye Faye : autrement dit, par des ténors de PASTEF). Cette consanguinité n’a jamais été appréciée de tous, mais le SAID faisait régner la peur, car il n’hésitait pas à écarter un agent de la distribution des parcelles obtenues dans le cadre de l’action syndicale, uniquement parce que cet agent ne suivait pas aveuglément ses mots d’ordre’’, souffle un interlocuteur, du côté de la rue Thiong, siège de l’administration des Impôts.

Le second enseignement découle de l’analyse des profils des grévistes: ils comptent, selon nos informations, en leur sein seulement 9% d’inspecteurs des impôts (le corps auquel appartiennent pourtant Bassirou Diomaye Faye et Waly Diouf Bodiang, au nom de qui la grève avait été lancée). Et d’après certaines remontées d’informations, ‘’les inspecteurs grévistes sont plutôt constitués de cadres frustrés par les dernières affectations au sein de la DGID ou qui rencontrent, de manière générale, des difficultés dans le déroulé de leur carrière’’.

Très loin des préoccupations politiciennes, ces agents auront plutôt trouvé dans la grève une occasion pour exprimer leur mécontentement et se rappeler au bon souvenir des autorités.

Qu’en sera-t-il de l’avenir? Trop tôt pour le dire, mais il est indéniable que le SAID ne sort pas renforcé de l’histoire. Surtout qu’il traîne l’image d’un syndicat d’enfants gâtés du système. La DGID est l’organisation dont les agents sont les mieux rémunérés de toute l’administration sénégalaise, là où tout le monde rêve d’aller…

La DGID est actuellement l’administration qui a placé le plus de cadres à la tête d’institutions de la République ou de structures prestigieuses: Primature, CESE, Banque Agricole, BNDE, Caisse des dépôts et consignations, La Poste… Et Macky Sall, le premier Chef d’Etat de l’histoire du Sénégal à avoir nommé un inspecteur des impôts à la tête du ministère des finances, a des raisons de s’estimer bien mal payé en retour…
Cette grève qui, souligne-t-on, a fait pschiiit est jugée par certains comme ‘’un caprice de riches, surtout par les autres corps de la Fonction publique qui, à grade et bagage académique égaux, ne possèdent pas une infime partie des avantages financiers et fonciers de leurs collègues des Impôts’’. Tout un programme !

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