NETTALI.COM- Le Président du parti Sénégal en tête et par ailleurs membre de la coalition Yewwi Askan Wi Moustapha Guirassy, invité sur le plateau de Jury du dimanche sur la 90.3 Iradio parle de démocratie catastrophique en évoquant l'arrestation de Ousmane Sonko. L'ancien ministre qui réfute l'appel à l'insurrection reproché au leader de Pastef soutient que « c’est le même conditionnel qui a été utilisé, aussi bien par Macky Sall que par Ousmane Sonko, que par d’autres acteurs politiques depuis Senghor, Diouf pour faire pression sur l'Etat ».
Alors que le débat sur la levée du blocus de Ousmane Sonko secouait la toile, le leader du Pastef et tête de file de l’opposition sénégalaise est arrêté dans l’après-midi du vendredi pour vol de téléphone portable et appel à l’insurrection. Et ce samedi, le procureur a corsé le dossier en révélant que l’opposant est poursuivi pour appel à l’insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l’État, complot contre l’autorité de l’État, actes et manœuvres à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste mais également de vol.
Invité sur le plateau de Jury du dimanche, le Président du parti Sénégal en tête, membre de la coalition Yewwi Askan Wi, Moustapaha Guirassy assimile cette situation de démocratie catastrophique. A l’en croire, « nous vivons une démocratie catastrophique, un déclin de la démocratie, des jours sombres de notre démocratie ». « Je pense que de l’histoire politique du Sénégal a rarement vécu des périodes aussi troubles, faites d’imprévisibilité, de tâtonnements et d’angoisse. Je pense qu’il n’y a pas que le monde politique qui est consterné, c’est presque tous les Sénégalais » fulmine-t-il. Non sans constater pour le regretter que la justice est en train d’être instrumentalisée. A son avis, « Ousmane Sonko est un opposant qui gêne beaucoup, qui a une méthode et une approche qui gênent beaucoup le pouvoir en place ». Et malheureusement, dénonce-t-il, « la démocratie subit des coups extraordinaires, fragilisant les fondements de notre démocratie ».
Très critique à l'endroit du régime, l’ancien ministre ajoute que « malheureusement, encore plus ridicule pour notre démocratie quand on parle de vol de portable, et encore plus ridicule, on parle d’insurrection ». C’est pourquoi, il estime que le Procureur a été très mal à l’aise pour expliquer ce qui s’est passé. « J’ai vu dans une tentative d’explication, d’abord, on parlait d’une voiture qui était tombée en panne. Au même moment, un gendarme, qui expliquait le contraire, pour dire qu’ils étaient là-bas en faction, en train de faire de la surveillance, de la filature. Donc, il y avait une contradiction. Le lendemain, on le voit encore expliquer ce vol. C’est quand même compliqué », fulmine M. Guirassy. Qui, dans le même sillage, indique que le procureur aurait pu dire simplement qu’il a fait une saisie de portable au lieu de parler de vol. « Aujourd’hui, juridiquement, ils sont encore en train d’emprunter un chemin de non droit. Parce qu’en disant qu’il a été arrêté, continuer à dire que ce jugement-là est toujours défait, c’est quand même prendre les Sénégalais pour des demeurés » argue le membre de la coalition Yewwi Askan Wi.
Outre le vol, l'invité de JDD considère que l'appel à l'insurrection ne saurait prospérer. Rappelant que notre devise est « Un peuple, un but, une foi », M. Guirassy soutient qu'il est naturel pour tout politique de faire appel à ce peuple pour défendre la Constitution, la démocratie, ou pour se défendre. « Et c’est ce qui a été fait très souvent par Ousmane Sonko », précise-t-il. Et d'ajouter : « je me rappelle qu’en 2012, lors d’un meeting à Fatick, le Président Macky Sall disait si Abdoulaye Wade confisque ma victoire, j’irai le déloger au Palais. Alors, est-ce que le Président Macky Sall confesserait aujourd’hui qu’il avait fait un appel à l’insurrection ? Non. Je pense tout simplement qu’il était en train de faire un appel au peuple sénégalais pour dire que le peuple doit absolument se battre pour défendre sa victoire au cas où il serait victorieux... En fait, c’est le même conditionnel qui a été utilisé, aussi bien par Macky Sall que par Ousmane Sonko, que par d’autres acteurs politiques depuis Senghor, Diouf ».
S’agissant du blocus, l’ancien maire de Kédougou soutient qu’il ne reposait sur aucune décision. Par conséquent, il y voit un abus d’utilisation d’une force. « Un blocus qui ne reposait sur aucune décision administrative, ni décision de justice. Cinquante jours, c’était quand même abusé. On a levé le blocus sans aucune explication » note-t-il.
Pour lui, il serait plus judicieux pour l’État d’être plus transparent et avoir aussi plus de respect au peuple sénégalais pour expliquer, justifier toute décision prise en son temps. « Nous pensons tout simplement que quand ils faisaient le blocus, par respect aux citoyens sénégalais, il fallait peut-être des explications. Il fallait mettre en avant une décision administrative ou de justice, et en levant aussi le blocus. Je pense que notre démocratie en gagnerait plus » relève M. Guirassy.