NETTALI.COM - Cent quarante et une personnalités de divers secteurs d’activité et de plusieurs pays réclament au président de la République, Macky Sall, « la mise en liberté d’office de l’opposant Ousmane Sonko » et « des autres personnes détenues pour […] leurs opinions », ainsi que le retrait du décret avec lequel Pastef-Les patriotes a été dissous.
Ces personnalités, dont des hommes politiques, des universitaires, des avocats, des magistrats, des journalistes, des militants des droits de l’homme et des professionnels d’autres secteurs d’activité, ont publié une tribune dans laquelle elles lancent cet appel.
« Nous […] appelons monsieur Macky Sall, président de la République du Sénégal, à […] donner les instructions nécessaires à son ministre de la Justice, afin que les chefs de parquet mettent en œuvre une procédure d’urgence pour obtenir la mise en liberté d’office d’Ousmane Sonko », écrivent les signataires de la tribune.
Concernant encore l’opposant et maire de Ziguinchor (sud), ils appellent le chef de l’État sénégalais à s’évertuer à « préserver sa vie » et à faire « respecter ses droits civiques ».
Les signataires du texte, dont fait partie le professeur Serigne Diop, ancien ministre de la Justice du Sénégal, réclament « la mise en liberté provisoire des autres personnes détenues pour avoir exprimé librement leurs opinions et mené des activités politiques, conformément aux droits garantis par la Constitution ».
Ils appellent Macky Sall à « retirer le décret de dissolution de Pastef, pour un retour à un ordre constitutionnel garantissant le pluralisme intégral » au Sénégal.
« Conflits et recul de la démocratie »
« Nous exhortons le président Macky Sall à faire mettre en œuvre ces mesures, afin de restaurer la paix, l’unité et la concorde nationale, dans un espace sous-régional marqué par des conflits et le recul de la démocratie », ajoutent M. Diop et ses coauteurs.
Auteurs de la tribune « à titre individuel ou au nom de collectifs ou d’associations », ces « citoyens du Sénégal, d’Afrique et du monde entier » disent être « soucieux de la préservation de l’État de droit et préoccupés par la dégradation du climat politique et social » sénégalais.
Ils affirment être préoccupés par les « menaces qui pèsent sur la concorde civile au Sénégal » et « attachés à la paix, à la stabilité et à la préservation des acquis démocratiques du pays ».
Les auteurs de la tribune disent être « profondément attachés au respect et à la protection du droit à la vie garantie par la Constitution du Sénégal et les traités internationaux des droits humains ».
« Les motifs de son interpellation [et] de son incarcération ont évolué […] Il est d’abord accusé de vol d’un téléphone portable, puis suivent d’autres chefs d’inculpation très graves », observent-ils en parlant d’Ousmane Sonko.
« Son parti […] a été dissous par décret, alors qu’il participe, depuis sa création, à la vie politique, bénéficie d’une large représentation à l’Assemblée nationale et dirige des dizaines de collectivités territoriales », soulignent les auteurs du texte.
Ils rappellent qu’ "au moins trois personnes ont été tuées à la suite des manifestations de protestation contre son arrestation, qui ont éclaté [dans] le pays ». « Des arrestations massives de militants et sympathisants du parti, dont des élus, ont eu lieu et la plupart des personnes interpellées sont inculpées pour de graves chefs d’infraction et placées en détention. »
« Sa santé s’est gravement détériorée »
Ousmane Sonko et plusieurs militants ou sympathisants de Pastef-Les patriotes placés en détention observent une grève de la faim.
« Sa santé s’est gravement détériorée, et il a été admis aux urgences hospitalières, dimanche 6 août 2023 », rappellent Serigne Diop et les autres auteurs de la tribune.
Le professeur Alioune Sall, ancien juge international, Mamadou Ismaïla Konaté, avocat et ancien ministre de la Justice du Mali, Reed Brody, avocat au barreau de New York (États-Unis d’Amérique), son confrère sénégalais Abdoulaye Tine, le Burkinabè Bénéwendé Stanislas Sankara, avocat et ancien ministre, l’ancien procureur Alioune Ndao et l’ancienne Première ministre du Sénégal Aminata Touré ont signé le texte.
L’ancien ministre gambien Demba Ali Jawo, Issa Ndiaye, ancien ministre de l’Éducation du Mali, le député ivoirien Michel Gbagbo, Mamadou Lamine Diallo, député et vice-président de l’Assemblée nationale du Sénégal, les journaliste Ibrahima Lissa Faye et Mame Gor Ngom, le professeur Boubacar Diop, dit Buuba, font partie des auteurs de la tribune.
Ousmane Sonko a été arrêté le 28 juillet. Trois jours plus tard, il a été inculpé d’appel à l’insurrection, d’association de malfaiteurs, d’atteinte à la sûreté de l’État, de complot contre l’autorité de l’État.
L’opposant placé sous mandat de dépôt le 31 juillet est également accusé par le parquet de Dakar d’actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves, d’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et de vol.
Le jour de son inculpation, le ministre de l’Intérieur, Antoine Diome, a annoncé la dissolution de son parti.
« Pastef […] a fréquemment appelé ses partisans à des mouvements insurrectionnels », a argué M. Diome, ce que les responsables de ladite formation politique et ses militants ne cessent de nier.
M. Sonko est classé troisième à l’élection présidentielle de 2019, derrière l’ancien Premier ministre Idrissa Seck et Macky Sall, qui s’est fait réélire. Pastef-Les patriotes et ses alliés constituent l’un des principaux groupes parlementaires de la législature élue le 31 juillet 2022.