NETTALI.COM - L’artiste de renommée internationale est aussi l’ancien ministre de la Culture et conseiller du président sénégalais Macky Sall. L’adversaire politique de ce dernier, Ousmane Sonko, est incarcéré depuis fin juillet.
La politique sénégalaise s’est invitée à Paris mercredi soir. Des partisans de l’opposant politique Ousmane Sonko ont perturbé la première du spectacle « Birima » au théâtre du Châtelet, un conte musical signé Youssou Ndour. L’artiste africain à la renommée internationale est l’ancien ministre de la Culture, du Tourisme et conseiller du président sénégalais Macky Sall, au pouvoir depuis 2012.
Sur des vidéos partagées sur les réseaux sociaux, on entend plusieurs personnes, visiblement disséminées dans le public, scander « Libérez Sonko ! », « Macky Sall le dictateur » ou encore « Youssou Ndour assassin ». Condamné pour diffamation, puis pour corruption de la jeunesse, le plus farouche des adversaires politiques de Macky Sall est inculpé et incarcéré depuis fin juillet dans le cadre d’une troisième procédure où il risque la perpétuité.
Ces procédures judiciaires compromettent sérieusement sa participation à l’élection présidentielle de février 2024. Depuis le début, Ousmane Sonko et ses partisans dénoncent un complot politique du président Macky Sall pour l’écarter du scrutin. Chaque volet judiciaire impliquant l’ancien député provoque des troubles au Sénégal.
Les perturbations sont intervenues « au bout d’une demi-heure », raconte au Parisien une spectatrice présente mercredi soir. « C’est venu d’un peu partout dans la salle, on a entendu des hurlements. Au début, je pensais que ça faisait partie du spectacle », rapporte cette trentenaire. Mais quand des vigiles interviennent pour en sortir « quelques-uns », la jeune femme comprend ce qu’il se passe.
Des perturbations jusqu’à la fin du spectacle
« Les cris n’ont pas cessé et le spectacle a continué malgré tout, on n’entendait plus rien de ce qu’il se passait sur scène », soupire-t-elle. Une dizaine de minutes plus tard, « Youssou Ndour a cessé la représentation une ou deux minutes pour laisser les gens s’exprimer, mais ça n’a pas calmé leur colère ». Selon cette spectatrice, les hurlements ont duré « pendant une heure », soit jusqu’à la fin du spectacle, et des « bagarres ont éclaté au niveau du parterre, entre les partisans de Sonko et ceux qui n’étaient pas d’accord avec eux ».
Le concert a été « gâché », regrette cette spectatrice. Elle reproche surtout au théâtre du Châtelet de « n’avoir rien fait » : « On a été pris en otage et personne n’est venue les arrêter. » À la sortie, la jeune femme et son compagnon ont demandé des comptes à une personne à l’accueil. « On nous a répondu qu’il fallait envoyer un mail pour faire une réclamation », ce qu’elle va faire dans la matinée. Le couple va demander à se faire rembourser.
« Birima » est encore au programme tous les soirs jusqu’à samedi. Contacté, le théâtre du Châtelet n’a pas encore répondu à nos sollicitations.