NETTALI.COM - Pour contourner le refus de la Direction générale des élections (DGE) de délivrer des fiches de parrainage au mandataire désigné par Ousmane Sonko, le Pastef a mis en selle cinq de ses responsables, dont Birame Soulèye Diop, Bassirou Diomaye Faye, Guy Marius Sagna, El Malick Ndiaye et Abass Fall qui ont pu récupérer des fiches de parrainage. Une stratégie du contournement qui n'est pas sans risque pour le parti récemment dissous par décret présidentiel.
Et la question que beaucoup se posent, est de savoir si Ousmane Sonko sera candidat à la présidentielle du 25 février 2024 ou pas ? Rien n'est moins sûr. Du moins pour le moment. Ils sont en tout cas plus de 200 leaders de partis, personnalités de la société civile, religieux, artistes... à avoir retiré leurs fiches de parrainage. Et le leader de Pastef, sous mandat de dépôt depuis le 31 juillet dernier, est le seul à qui la Direction générale des élections (DGE) a refusé de délivrer des fiches de parrainage. La preuve qu'il y a des raisons de douter de la candidature d'Ousmane Sonko à la prochaine présidentielle. A moins que la justice ne le rétablisse dans ses droits.
Ayant mesuré ce risque, le Pastef qui a toujours refusé l'idée d'un plan B, a sorti de son chapeau une stratégie qui en a surpris voire dérouté plus d'un. 1, 2, 3, 4... 5. C'est ainsi que des responsables du parti dirigé par le maire de Ziguinchor, ont retiré des fiches de parrainage et sont donc aptes à collecter des parrains et se porter candidats à la prochaine présidentielle. Une stratégie qui n'est toutefois pas sans risque pour le Pastef connu pour son unité et la détermination de ses responsables et militants.
Le premier risque pris par Pastef, c'est que les "Patriotes" ne peuvent plus se cacher. Ils ont bel et bien un plan au cas où leur chef est recalé. Mais ce plan est aussi risqué parce qu'il va inéluctablement réveiller les ambitions au sein d'un parti qui a toujours mis le "projet" et la "patrie" au-dessus de toute autre ambition. La vérité, c'est que tant qu'Ousmane Sonko est dans les dispositions de porter le "projet Pastef", les uns et les autres accepteraont de taire leurs ambitions. Ousmane Sonko out, la réalité peut être tout-à-fait différente. Et ce qui se dessine risque de diviser le Pastef en trois camps au moins.
Il y a d'abord Birame Souleye Diop, administrateur du parti et chef du groupe parlementaire Yewwi askan wi, qui peut donc légitimement revendiqué le statut de numéro 2 et donc de khalife en l'absence du khalife. Son handicap : il ne semble pas jouir d'une grande popularité dans les rangs de Pastef. Mais il peut bel et bien avoir la prétention de porter les couleurs de Pastef en 2024. Une popularité que Guy Marius Sagna est, lui, en train d'acquérir. Le courage et la détermination de celui qui a souvent été sur le terrain avec Ousmane Sonko séduit de plus en plus de "Patriotes". La tournée qu'il effectue actuellement dans la diaspora en est la preuve la plus parfaite. Et le troisième camp serait celui de Bassirou Diomaye Faye qui représente l'élite intellectuelle du parti. Celui qui est considéré, à tort ou à raison, comme la tête pensante de Pastef, est légitime pour porter le brassards de capitaine en cas de disqualification d'Ousmane Sonko.
Les "5 candidats" de Pastef resteront-ils fidèles et loyaux à Ousmane Sonko et au "projet"? Pourraient-ils prendre le risque de tomber dans le piège des ambitions présidentielles? C'est la grande équation que Pastef va devoir résoudre. Toutefois, ils sont tous conscients d'une réalité. Ils tirent tous leur légitimité d'Ousmane Sonko. Et la meilleure manière de se brûler les ailes, serait d'aller à l'encontre de la ligne qu'il aura, lui-même, tracée. C'est pourquoi d'ailleurs aucun d'entre eux n'ose prononcer le mot candidat sans le coller au nom Sonko. Mais jusqu'à quand?