NETTALI.COM - Le rappeur Mor Talla Guèye allas Nit Doff a été présenté hier, au procureur de la République par la Section de recherches. Il a fait l’objet d’un retour de parquet. Voici les détails de l’enquête préliminaire.
Sur instruction du procureur de la République Abdou Karim Diop, le rappeur Mor Tall Guèye alias Nit Doff a été arrêté vendredi passé, par la Section de recherches de Colobane. Déféré devant le tribunal de Dakar, Nit Doff a fait l’objet d’un retour de parquet.
Le vendredi 17 novembre 2023, le procureur de la République, Abdou Karim Diop, s’était autosaisi suite à la sortie du rappeur et activiste Mor Talla Guèye alias Nit Doff. Le chef de parquet a ordonné à la Section de recherches de la Gendarmerie de Colobane d’ouvrir une enquête suite à la vidéo de Nit Doff, largement relayée sur les réseaux sociaux.
Dans son live sur sa page Facebook, le 12 novembre 2023, le rappeur dénonce la manière dont le pays est dirigé. Il s’est attaqué aux autorités étatiques en les traitant de tous les noms d’oiseaux. Ensuite, Nit Doff a appelé les jeunes à se mobiliser pour la journée du 17 novembre 2023, jour du procès, opposant Ousmane Sonko à l’Etat du Sénégal devant la Cour suprême.
Rapidement, les gendarmes-enquêteurs se sont rendus à son domicile à Nord Foire. Une équipe de surveillance et d'observation sera disposée aux alentours de sa maison. C’est aux environs de 15 heures que les gendarmes sont passés à l’action. Ils l’ont interpellé avant de le conduire, sous bonne escorte, à la Caserne Samba Diéry de Colobane où se trouvent leurs locaux.
Assisté par Mes Khoureychi Ba et Michel Mahécor Diouf, le rappeur a été auditionné durant plusieurs heures par les gendarmes-enquêteurs. Interrogé sur son discours du 12 novembre 2023, Nit Doff déclare : «Comme tout le monde qui me connaît, j'en ai toujours fait depuis plus de quinze ans et comme artiste engagé, sur des sujets d'actualité intéressant mon pays. Je parlais de mes ressentis et de ma vision que j'ai l'habitude de partager. C'est dans ce cadre que je me suis prononcé à travers ce live, ce jour-là. »
Quand les gendarmes lui ont demandé s’il a, lui-même, posté la vidéo sur sa page officiel Facebook, il acquiesce et sur ses motivations, il a dit que c’était dans l'optique d’exprimer ses pensées. Sur ses accusations concernant des nervis qui accompagnent les forces de défense et de sécurité et qui torturent des jeunes, le rappeur estime qu’il voue un grand respect aux forces de défense et de sécurité par rapport à leurs actions et leur rôle. Il a précisé qu’il n’a jamais dit que les nervis accompagnaient des forces de l'ordre. «Mais je m'offusquais du fait que ces forces de l’ordre ne les ont pas arrêtés. Alors qu'ils étaient dans les rues à bord de Pickup et armés de bâtons», précise le tonitruant rappeur. Concernant les tortures infligées par des nervis, Nitt Doff répond qu’il a été une fois été attaqué par des nervis. «Par rapport à ces jeunes, Je n'ai que des témoignages reçus de ces derniers lors de mon séjour carcéral. Le reste, c'est à travers le constat de tous les Sénégalais par rapport à leurs attaques», souligne-t-il.
Poursuivant, les gendarmes enquêteurs lui ont demandé d’apporter la preuve que ce sont des politiciens qui ont financé ces nervis pour attaquer les jeunes, comme il l’a dit dans la vidéo. Nitt Doff rétorque que ce sont tous les témoignages entendus, vus et partagés dans les réseaux sociaux où des gens disaient qu'ils ont été payés. Cependant, il a dit n’avoir pas vu un politicien payer un nervi. Pour celui qu’il appelait Firaouna (pharaon), le rappeur souligne qu’il indexait le système. Sur son appel aux jeunes à se mobiliser pour la journée du 17 novembre 2023 pour suivre la cour suprême, il confirme qu’il faisait référence à des conférences de presse, des lives, des partages, de la solidarité dans les réseaux sociaux pour que la Cour suprême laisse Ousmane Sonko participer à la prochaine élection présidentielle de 2024. «Je précise que durant tout mon live, je n'ai jamais appelé les gens à sortir dans les rues», confirme-t-il. Pour finir, les enquêteurs ont relevé la partie dans laquelle il évoquait les voleurs de milliards, Nitt Doff dit qu’il parlait à toutes ces personnes épinglées par des rapports et tous ces dossiers de détournement de fonds, comme le dossier Force Covid-19. A la suite de cet interrogatoire, Nitt Doff a été placé en garde à vue pour les délits d'outrage envers les dépositaires de l'autorité et de la force publique, outrage au chef de l'Etat, diffamation et incitation à l'insurrection.