NETTALI.COM - Baye Modou Fall alias Boy Djinné et son gang de six repris de justice ont été déférés au parquet de Dakar par la Sûreté urbaine de Dakar. L’enquête a permis de mettre en lumière plusieurs cas de cambriolage ces derniers jours. Les policiers de la Brigade de lutte contre la criminalité (Blc), une entité de la Sûreté Urbaine, ont pu savoir que «Boy Djinné» avait constitué, depuis la prison, un gang de sanguinaires, auteur de plusieurs braquages ces derniers temps, dont celui en plein jour à la Médina.
Dans la nuit du 5 au 6 décembre dernier, Boy Djinné et des éléments de son gang ont été appréhendés vers 4h30 mn à Bambey, précisément sur l’autoroute «Ila Touba» par des éléments de la gendarmerie. Les premiers éléments de l’enquête renseignait que «Boy Djinné» envisageaient de signer un cambriolage à Touba. Déférés dans un premier temps, devant le procureur de la république près le tribunal de grande instance de Thiès, ils ont été orientés à Diourbel car les faits objet de leur arrestation était commis dans la région voisine de Diourbel. Pour approfondir l’enquête, le chef du parquet Diourbel a remis un soit-transmis à la gendarmerie.
Le cambriolage d’une société de transfert de fonds à Colobane
Alors qu’ils étaient inculpés et placés sous mandat de dépôt à la Maison d’arrêt et de correction de Diourbel, «Boy Djinné» et sa clique sont mis à la disposition des limiers de la Sûreté urbaine qui en avaient fait la demande. C’était dans le cadre de l’enquête relative à un cambriolage commis dans la nuit du 9 au 10 novembre au quartier Colobane.
Le gang composé de «Boy Djinné», qui passe pour le stratège du groupe, Ousmane Ben Afane Ndiaye dit Bamba, alias l’homme à la gâchette, Amadou Ndiaye, le chauffeur attitré du gang et Mamadou Lamine Diallo, avait pris en filature un fourgon de transport de fonds. Le véhicule sera suivi du centre-ville de Dakar (avenue Peytavin), à la rue 43 de Colobane. Là, les occupants du fourgon débarquent leurs «colis» dans une société spécialisée dans le transfert de fonds. Boy Djinné et son gang, qui étaient à bord d’un véhicule de marque Ford, descendent et à visage découvert ils inspectent discrètement l’opération. Dans la foulée, les malfrats se concertent et Afane propose de passer à l’action tout juste après le départ du fourgon. Les autres membres n’y trouvent aucun inconvénient, mais « Boy Djinné », plus rompu à la tâche qu’eux, s’y oppose fermement. Pour l’as des évasions, lancer l’assaut à cette heure de l’après-midi dans ce populeux quartier de Colobane et dans une rue grouillante de monde, c’est se jeter dans la gueule du loup. Dans la foulée, il avertit son lieutenant, Afane, et les autres qu’il se retire du projet si le groupe maintient sa volonté d’entrer en action avant la nuit. Finalement son argumentaire est adopté par le groupe. Boy Djinné décide de reporter l’opération dans la nuit. Ainsi, vers 3 heures du matin, Boy Djinné et son commando se présente sur les lieux. L’assaut est donné. En deux temps trois mouvements, le gang cerne le vigile qui tente de résister. Afane dégaine son pistolet, tire sur le vigile et l’atteint à la cuisse. Dans la foulée, le préposé à la sécurité des lieux est violemment molesté et blessé à la machette. Le terrain balisé, le commando va s’atteler pendant trois tours d’horloge à défoncer le portail de la société de transfert de fonds pour mettre la main sur l’imposant coffre-fort bourré de liasses de billets de banque. Ils accèdent aux locaux, mais leur coup va foirer du fait de jeunes qui rodaient dans les environs. Une fois de plus, Afane Ndiaye dégaine son pistolet et tire sur les intrus. Voyant l’étau se resserrer autour d’eux, « Boy Djinné » et Cie débranchent le disque des caméras de surveillance de la société et vident les lieux.
Les coups de filets de la SU qui ont perdu les membres du gang
Le commissariat du 4e arrondissement de la Médina (compétent dans le secteur), hérite du dossier et procède aux constats d’usage. Seulement, au regard du caractère très professionnel du gang, la haute hiérarchie de la police met en scelle la Brigade de lutte contre la criminalité (Blc) de la Sûreté urbaine de Dakar. Approfondissant l’enquête, le commissaire Sankharé et ses hommes vont réquisitionner les enregistrements d’une caméra de surveillance d’une structure contiguë à la société de transfert d’agent. Le film permet de voir à l’œuvre «Boy Djinné» et certains de ses acolytes épiant le fourgon de transfert de fonds. Poursuivant leurs investigations, les enquêteurs de la Su cherchent à identifier le propriétaire du véhicule utilisé par les malfrats en relevant sa plaque d’immatriculation. Les enquêteurs ont pu ainsi savoir que la voiture blanche de marque Ford a été louée auprès d’une dame par le nommé Amadou Ndiaye (membre du gang). Ce dernier va avouer après son arrestation, en précisant que c’est «Boy Djinné» qui l’a chargé de s’acquitter de cette tâche. Loquace, Amadou Ndiaye va balancer un autre maillon du gang : Mamadou Lamine Diallo, domicilié au quartier de Rebeuss. Arrêté à son tour, Mamadou L. Diallo avoue avoir participé aux braquages pilotés par «Boy Djinné». A son tour, il balance un autre élément du gang : Mamadou Ndiaye qui sera arrêté chez lui à Guédiawaye. La perquisition de sa chambre a conduit à la découverte d’un pistolet, d’une cagoule, d’une paire de gang… Avec son concours, les hommes du commissaire Sankharé vont mettre la main sur un autre membre du gang : Khadim Lo, cueilli à Grand Yoff. Il était détenteur d’une moto. Il finira par confesser que l’engin en question a été utilisé pour commettre le braquage suivi d’une fusillade en plein jour à la Médina, le 29 novembre dernier. Qu’il était en compagnie de Afane Ndiaye qui sera arrêté après qu’il a tiré sur un civil et un policier du Groupement mobile d’intervention (Gmi), dans l’enceinte de la grande mosquée de Dakar. Il rappelle qu’il était parvenu à se sauver à bord de cette moto.
2 millions de FCfa, des bijoux en or d’une valeur marchande de 15 millions de FCfa volés à la cité Fayçal
Pour élucider cette affaire aux multiples ramifications, le procureur près le tribunal de grande instance de Dakar, va saisir son collègue de Diourbel aux fins d’un transfèrement de «Boy Djinné» à Dakar. Il sera admis au Camp pénal de Liberté 6. Le commissaire Sankharé va également formaliser une série de demande d’extraction de «Boy Djinné», «Ben Afane Ndiaye» et Cie, pour les besoins de l’enquête en cours. Auditionnés, confrontés et opposés à des pièces à conviction, «Boy Djinné» et Cie vont avouer d’autres forfaits dont le cambriolage commis dans la nuit du 26 au 27 novembre dernier, à la cité Fayçal (Guédiawaye).
Ici, «Boy Djinné» et son commando se sont attaqués à une structure à l’enseigne «Chef Aïda». Une autre partie du groupe fait irruption dans une villa voisine. Dans cette demeure appartenant à un richissime homme d’affaires, les malfrats vont dérober 2 millions FCfa, plus un important lot de bijoux en or d’une valeur marchande de 15 millions de FCfa. Pour y parvenir, le gang avait ouvert le feu sur deux vigiles de ladite société.
Au cours de l’enquête, Boy Djinné dit avoir organisé tous ces braquages pour se refaire une santé financière. Ben Afane Ndiaye, emprisonné il y a 2 dans une affaire de cambriolage, dit avoir recouvré la liberté en présentant un faux certificat médical. Mamadou Lamine Diallo qui a recouvré la liberté à la suite d’une condamnation à 10 ans prison pour des faits de braquage, a bénéficié d’une grâce au bout de 9 ans de prison.
L’enquête bouclée, Boy Djinné et Cie ont été déférés lundi au parquet de Dakar pour, association de malfaiteurs, vols multiples commis la nuit avec effraction, usage de véhicule et d’arme à feu.
