NETTALI.COM - De la chambre 42 de la Maison d'arrêt et de correction de Rebeuss où il est en détention préventive, Me Moussa Diop a écrit au Bâtonnier de l'Ordre des avocats de Paris où il est inscrit. Dans sa lettre, il dénonce sa "détention provisoire arbitraire" et liste les "violations" de ses droits en tant qu'avocat et candidat déclaré à la présidentielle de 2024.
C'est en sa "qualité d'avocat régulièrement inscrit au Barreau de Paris" et "élisant domicile au sein du cabinet de Boubacar Wade au Sénégal" que Me Moussa Diop a pris sa plume du fond de la chambre 42 de la prison de Rebeuss. Et c'est pour informer le Bâtonnier de l'Ordre des avocats de Paris qu'il fait l'objet "d'une détention provisoire arbitraire suite à la dénonciation d'un manque de transparence et d'une gestion nébuleuse des ressources minières d'une part et l'achat d'armements par le palais de la République sans passer par le ministère de la Défense". "Je précise que mes propos d'alerte ont été tenus dans une conférence de presse ouverte que je tenais en tant que candidat à l'élection présidentielle prévue le 25 février 2024", écrit Me Moussa Diop. Qui ajoute: "En totale violation de l'accord de réciprocité lié les Barreaux de Paris et du Sénégal sur la protection des avocats, j'ai été arrêté et placé en détention." Et d'expliquer: "En effet, selon ledit accord, aucun avocat des deux barreaux ne peut être arrêté ou détenu dans l'un des deux Etats sur décision du procureur général près la Cour d'appel après information préalable du Bâtonnier du rattachement de l'avocat poursuivi." "Or, souligne-t-il dans sa lettre, aucune de ces exigences au dessus des normes sénégalaises n'a été respectée. Le procureur de la République auprès du Tribunal de grande instance de Dakar qui a été à l'origine de mon arrestation, est incompétent pour agir puisque l'accord inter-barreaux exige que seul le procureur général près la Cour d'appel dispose de ce pouvoir."
En outre, Me Moussa Diop rappelle que "toute cette cavale judiciaire est enclenchée par le Président sortant Macky Sall" dont il s'est publiquement opposé au troisième mandat parce que "contraire à la Constitution sénégalaise". Selon lui, il s'agit là d'une "volonté manifeste d'écarter le maximum d'adversaires politiques, en foulant aux pieds l'Etat de droit, la bonne gouvernance de nos ressources minières et le refus de faire appliquer les décisions de justice qui lui sont défavorables (cas de l'opposant Ousmane Sonko)". Aussi demande-t-il au Bâtonnier du barreau de Pais de saisir son collègue du Sénégal afin l'accord inter-Barreaux soit respecté et que cesse la détention arbitraire dont il se dit victime. "Je dispose de toutes les preuves de ma domiciliation professionnelle au Sénégal, de mes constitutions judiciaires dans des dossiers pendants devant les juridictions sénégalaises", poursuit l'ancien Direction général de Dakar Dem Dikk. Et de rappeler: "Mon confrère Juan Branco, avocat au Barreau de Paris, avait été arrêté et détenu au Sénégal dans les mêmes conditions au mois de septembre avant d'être immédiatement remis en liberté sur la base de l'accord inter-barreau entre Paris et le Sénégal suite à votre intervention."
"Pour le respect du traitement égalitaire et de l'uniformisation des règles applicables à tous les avocats des deux barreaux se trouvant dans les mêmes conditions, je vous demanderai de bien vouloir diligenter l'Ordre des avocats de Paris auprès de votre collègue sénégalais afin que cesse sans délai cette détention arbitraire qui entrave non seulement mes activités d'avocat, mais aussi ma candidature à l'élection présidentielle prévue le 25 février 2024", écrit Me Moussa Diop à l'endroit du Bâtonnier de l'Ordre des avocats de Paris.