NETTALI.COM - Elle est bien dure la vie de politicien en ces temps de parrainages. Du stress et des surprises jusqu’au bout ! Alors que bon nombre de candidats pensaient que leurs parrainages allaient passer comme lettre à la poste, ce sont beaucoup de certitudes qui se trouvent ébranlées. Et beaucoup d’honneur sont déjà en jeu.
Si seulement Aly Ngouille Ndiaye et Boun Abdallah Dione savaient, ils ne se seraient certainement pas lancés de manière aussi tardive dans les parrainages, après avoir rejeté des règles qu’ils avaient auparavant acceptées dans le processus de candidature de Benno ! Les faits semblent même donner raison à Macky Sall, même si Amadou Ba n’a pas non plus eu la vie bien dure pour passer le cap, après avoir opté pour le parrainage des députés. Il ne fallait surtout pas prendre de risques malgré les millions de parrainages prétendument collectés. Tout comme Khalifa Sall, Karim Wade ont su être bien sages. Avoir un appareil politique huilé qui permet d'avoir à so actif des députés et des conseillers a aussi cet avantage de permettre un passage au parrainage sans embuches. Pourquoi s'en priver ?
L’on devrait surtout se demander si Cheikh Tidiane Dièye, Habib Sy auraient passé le cap du parrainage sans l’aide de Pastef ? Boubacar Camara lui, n’a pas eu à subir les affres des doublons, aidé en cela par un tirage au sort salutaire qui l’a classé premier. Il y en a même pour juger antidémocratique cette institution du tirage au sort. Mais, il semble qu'il faille faire avec puisque ce sont les règles du jeu. N’en déplaise à Abdourahmane Diouf qui arrive bien trop tard pour demander un autre tirage au sort.
Mais où sont passés ceux-là qui bombaient le torse, revendiquant le luxe d’avoir des parrains qui paient, en plus de parrainer ? Ils font moins les malins ! Mamadou Lamine Diallo, l’homme qui ne vit et ne respire que par les communiqués et les critiques acerbes, Thierno Alassane Sall, Abdourahmane Diouf, Abdoul Mbaye, les politiciens dans le genre intello, plus enclins à passer du temps dans les média que sur le terrain, sont heureusement pour beaucoup admissibles et doivent pour la plupart compléter leurs parrainages. Ce qui n’est pas chose aisée car remonter la pente, peut relever pour certains, du parcours du combattant, voire même de la mission impossible, avec le risque de se voir rattraper par d’autres doublons. Comme ce cher et très bavard Bougane dont le parrainage doit bien troubler le sommeil. Il doit encore combler près de 19000 parrains. Ils sont en tout cas convoqués, ce lundi 8 janvier pour parfaire leurs dossiers de parrainage.
Anciens premiers ministres, anciens ministres, anciens Dg, politiciens accrochés aux basques des partis politiques les plus populaires, l’APR ou le Pastef, ou à la réputation fabriquée par les médias, ils sont pour la plupart passés à la trappe des doublons. La raison sans doute pour certains d’être au bord de la crise de nerfs. Comme cette chère Mimi Touré qui se demande à quel fichier se fier, ayant constaté, suite au communiqué de la Cena, que celui affiché sur le site, n’est pas à jour. C’est l’organisation des vérifications qui est ainsi dénoncée par Boun Abdallah Dione, là Thierno Alassane Sall qualifie les doublons de fantaisies, alors que le Pastef parle de falsification du fichier.
Bref les éternelles questions de fiabilité et de transparence du processus, alors que des partis politiques eux-mêmes se sont donnés les moyens de disposer du fichier général, en dehors même de toute remise officielle et légale. D’autres ne parvenant pas à disposer du fichier actualisé, sont allés piocher dans les anciennes versions et remplir les fiches de parrainage. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles, en sus des données sur la carte d’électeur, la loi prévoit un discriminant qui figure sur la carte nationale d’identité et qui change à chaque scrutin.
En tout cas, avec le parrainage, la collecte frauduleuse de données à caractère personnel, si on en croit le journal "Enquête", est une véritable préoccupation, un business lucratif pour certains. Il y a quelques semaines, la presse faisait état d’une affaire de trafic qui avait mal tourné. Un ancien vacataire à la Direction de l’automatisation des fichiers (DAF gestionnaire des fichiers) avait proposé au mandataire d’un candidat déclaré un code d’accès au fichier moyennant la somme de 500 000 francs CFA. Ce dernier, ayant versé une avance sans obtenir le fichier, avait fini par porter plainte contre son escroc présumé. Tous les deux avaient été arrêtés par la Police. Deux célèbres candidats, A. T. et M. B. D. avaient été cités dans la même affaire, avant d’être disculpés par l’ex agent à la DAF. L’instruction suit toujours son cours. Mais, malgré cette tentative avortée, ceraines situations n’ont pas manqué de susciter des questionnements, lors des opérations de contrôle des parrainages. Avec des taux de doublons qui généralement dépassent l’entendement, des taux qui varient de 40 à 80% pour certains candidats, sans parler du taux élevé d’électeurs non identifiés au fichier général.
Par ailleurs, il existe aussi d’énormes soupçons sur les grands candidats d’utiliser les parrains qu’ils avaient collecté sur le terrain, soit pour aider des candidats à participer, soit pour augmenter le risque de doublons à travers la multitude de candidatures. Bref des soupçons de tricherie à tous les étages, en attendant que ceux qui en sont victimes, apportent la preuve de leurs allégations, comme l’a entrepris le Pastef en ce qui concerne Bassirou Diomaye Faye. Ce qui est surtout étonnant, c'est le fait aujourd'hui qu'Ali Ngouille ndiaye, Mimi Touré et Boun Abdallah se retrouvent à dénoncer un système dont ils sont comptables ! Déjà le lundi 8 janvier, un collectif de "28 candidats spoliés" a déposé une requête auprès du Conseil constitutionnel pour exiger le rétablissement dans leur droit des parrains que l'on dit non-identifiés dans le fichier général des électeurs. "Nous sommes venus déposer une requête collective en compagnie de M. le ministre Aly Ngouille Ndiaye, de l'honorable député Cheikh Abdoul Bara Doly Mbacké, Mme le ministre Assome Diatta... tous candidats à l'électon présidentielle du 25 février 2024", a révélé Aminata Touré, porte-parole du jour.
Toujours est-ils que de 262 candidats ayant retiré des fiches de parrainage, ce sont au finish 93 qui ont finalement déposé leurs dossiers au Conseil constitutionnel. A titre provisoire, seulement 9 candidats sur 93 sont passés d’office (Déthié Fall, Habib Sy, Boubacar Camara, Amadou Ba, Khalifa Sall, Karim Wade, Daouda Ndiaye, Anta Babacar Ngom, Cheikh Tidiane Dièye) ; 64 sont sont out et 2O sont candidats admis au second tour et devront remplacer leurs doublons externes. Il s’agit d’Aliou Mamadou Dia (202 à Diourbel) Aly Ngouille Ndiaye (1009) Malick GAKOU (3.449) Me El Hadji Diouf (Près de 4000 ) Bassirou Diomaye Faye (4.219) Mamadou Lamine Diallo (5.199) Idrissa Seck (5.800) Mouhamed Boun Dione (7.817) Elhadj Mamadou Diao (11.953) Serigne Mboup (13.000) Pape Djibril Fall (13.000 et 03 régions) Serigne Guèye Diop (13.228 et 02 régions), Abdoul Mbaye (13.771), Elhadj Abdourahmane Diouf (13.792), Thierno Alassane Sall (près de 14000 ), Souleymane Ndené Ndiaye (18.669), Aminata Touré (18.980 et 04 régions), Bougane Gueye ( 18996 ), Amadou Ly ( Près de 24.000 ) et Rose Wardini (31.000).
Qui aurait cru que le parrainage citoyen serait aussi difficile pour certains, alors même qu’on a revu le pourcentage de parrains à collecter à la baisse du fait du dialogue politique ?
Le parrainage est en vérité, une opération sérieuse qui requiert rigueur et compétence pour comprendre et pouvoir remplir les dossiers, mais surtout s’y pencher tôt et de faire presque le tour du pays pour espérer obtenir des récoltes fructueuses auprès des populations. Anta Babacar Ngom et le professeur Daouda Ndiaye ont, eux, pour les novices qu’ils sont, vite compris qu’il fallait mouiller le maillot. Résultat des courses, leurs efforts ont bien payé, même s’il y en a d’aucuns pour douter de leur réussite, sans pour autant pouvoir apporter la preuve de leurs allégations. Que de spéculations et de supputations sur ce sujet !
Tout cela nous montre en réalité que devenir président d’un pays de 18 millions d’habitants n’est pas une affaire de paresseux. Mais bien plus que cela, tous ces gus et rigolos sans background, ni faits d’armes, doivent comprendre que c’est une affaire d’élite et surtout pas de privilégiés. L’élite s’entendant par ceux qui œuvrent sérieusement pour l’avenir du pays. Pas ces prédateurs ou entrepreneurs politiques qui ne pensant qu’à vider les caisses de l’Etat à la moindre occasion. N’importe quel gus ne devrait pouvoir prétendre briguer la magistrature suprême. Car à la vérité, le pouvoir se mérite. Aller à sa conquête aussi, requiert de disposer d’un appareil politique ou une machine électorale bien huilée. Beaucoup y réfléchiront par deux fois avant de plonger la prochaine fois. Mais pour une prochaine, il faudrait sans doute songer à appliquer la loi sur les partis politiques qui n’est, en réalité, respecté par aucune formation politique, même pas par ceux de la majorité présidentielle.