NETTALI.COM - Les détenus et les gardes pénitentiaires de la prison de Mbour ont vécu, jeudi, une chaude journée émaillée de vives tensions entre les deux parties. En grève de la faim, les prisonniers se sont violemment affrontés aux gardes pénitentiaires. Ce, suite à une tentative d’évasion d’un des leurs qui a, par la suite, a été blessé.
La Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Mbour a été le théâtre, jeudi, de violents affrontements entre des détenus et certains gardes pénitentiaires. Des affrontements musclés qui se sont finalement soldés par des tirs de pistolet et au cours desquels, Ameth Ciss, un des pensionnaires de la Chambre 12 de la «Cité Malaw», a été blessé à la main. C’est au moment où le détenu gréviste tentait de s’évader de la prison, en voulant escalader le mur de clôture. Certains soutiennent qu'il a reçu une balle. Mais le Procureur de la République de Mbour, Eliace Abdoulaye Diop, a vite démenti l'information.
Tout est parti de la grève de la faim que les prisonniers de la «Cité Malaw» ont entamée, jeudi, pour, disent-ils, s’insurger contre les longues détentions préventives. Sans jamais bénéficier de procès pouvant les fixer sur leur sort. Ainsi, le matin, après avoir, à l’unanimité, retourné le petit-déjeuner aux responsables chargés de la gestion des repas, les détenus se retrouvent dans la cour de leur quartier général. Comme à l’accoutumée, ils s’adonnent à leurs activités quotidiennes et autres jeux d’esprit. Seulement, cette ambiance bon enfant sera brusquement perturbée par un évènement malheureux qui prend au dépourvu ces pensionnaires de la «Cité Malaw». Car, aux environs de 11H, au moment où tous les détenus grévistes se regroupent à un endroit pour élaborer des stratégies leur permettant, cette fois-ci, d’avoir gain de cause auprès du procureur de la République, un de leurs camarades, répondant au nom de Ameth Ciss, se retire du groupe.
Sans attirer l’attention de ses codétenus, Ameth Ciss, récemment condamné à 2 ans d’emprisonnement pour trafic et usage de chanvre indien, se dirige vers l’un des murs de clôture de la prison. D’un pas alerte, il grimpe sur le mur pour sauter de l’autre côté de la prison. Mais il est vite aperçu par un des gardes pénitentiaires. Ce dernier, pour empêcher le détenu de s’évader, le somme de redescendre du mur. Mais sans succès. Et le garde pénitentiaire fait aussitôt usage de son arme en tirant plusieurs coups de sommation.
Des tirs de sommation répétés qui ont visiblement installé la panique chez les autres prisonniers. Ces derniers décident, à leur tour, de dissuader les gardes pénitentiaires, afin qu’ils arrêtent les tirs. Ensemble, ils ramassent des pierres qu’ils jettent aux gardes pénitentiaires. Ameth Ciss sera ainsi écorché à la main par les barbelés. Grièvement blessé, Ameth Ciss finit par tomber et commence à se vider de son sang. Il est alors acheminé à l’infirmerie où il a bénéficié de soins. Avant d’être, plus tard, mis dans une cellule d’isolement. Plus tard, le blessé a été envoyé à la chambre 7 de la grande cour.
Les repas déversés dans les postes police de la prison
A 13H, alors que la situation est toujours tendue avec les grévistes qui ruminent toujours leur colère, les repas sont servis. Mais, les détenus refusent de s’alimenter et retournent encore tous les plats. Cependant, au lieu de déposer les plats au niveau de la cuisine, les détenus, déterminés à en découdre avec les gardes pénitentiaires, vont déverser tout le contenu de leurs plats au niveau du poste police de la «Cité Malaw». Ils sont ensuite suivis par leurs codétenus du quartier «Isolé» et de la «Grande cour» qui déversent tous les repas aux postes de police respectifs de la prison. Une attitude qui crée encore des accrochages entre les pensionnaires et les gardes pénitentiaires de la Mac de Mbour. Ce n’est qu’aux environs de 14 H qu’un calme précaire est revenu dans ce lieu de privation des libertés. Par ailleurs, même avec l’intervention des autorités de la Direction de l’Administration pénitentiaire (Dap) qui se sont déplacées jusque dans la prison pour appeler les grévistes à de meilleurs sentiments, ces derniers leur ont opposé un niet catégorique.
Ils soutiennent n’avoir besoin que de la présence du ministre de la Justice pour lui soumettre leur cahier de doléances. Car, d’après eux, seul le ministre de tutelle peut apporter des solutions idoines à leurs longues détentions préventives. Mais aussi aux difficiles conditions de vie carcérales dont ils soutiennent être victimes. En attendant de voir les choses rentrer dans l’ordre à la prison, les détenus continuent leur grève de la faim.