NETTALI.COM - Ancien ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye se prépare pour la bataille judiciaire. Annonçant un recours pour excès de pouvoir devant la Cour suprême contre le décret du président de la République, il demande aux députés de l’opposition de se tenir prêts pour porter l’affaire devant le Conseil constitutionnel, en cas d’adoption de la proposition de révision de la Constitution.
Quelle est votre position par rapport à la décision du président de la République portant retrait du décret sur la convocation du collège électoral ?
Je ne suis pas d’accord avec la décision du président de la République d’abroger le décret portant convocation du col- lège électoral. En termes plus simples, le président de la République a décidé d’annuler l’élection présidentielle pré- vue le 25 février 2024. D'ailleurs, nous avons retenu, dès (ce) lundi, de saisir la Cour suprême pour son annulation pour excès de pouvoir.
Des candidats ont appelé à des manifestations communes. Partagez-vous cette initiative et allez-vous manifester à côté d’autres candidats pour exiger la tenue du scrutin ?
Bien sûr que je partage leur position et les manifestations sont l’expression d’un désaccord avec les décisions prises. Je les partage parfaitement. Nous devons ouvrir plusieurs fronts de bataille pour combattre cette aberration constitutionnelle. Ma coalition se focalise égale- ment sur le front judiciaire en attaquant le décret.
Parmi les causes du report, il a été évoqué le fait que le régime est sûr de perdre l'élection, si elle se tient le 25 février. Êtes-vous d'avis ?
Oui, parfaitement, le président de la République sait que le candidat de Benno Bokk Yaakaar (BBY) ne peut pas gagner l’élection. BBY a perdu la majorité depuis les Locales de 2022 et les défec- tions majeures connues avec cette élec- tion les amèneront sûrement à la défaite.
Diriez-vous que l'histoire vous donne raison, vous qui disiez qu’Amadou Bâ n'est pas le bon profil ?
Je pense qu’aujourd’hui, l’histoire m’a donné raison et j’avais prédit que le candidat de BBY n’irait pas au second tour et cela tient toujours.
On vous a vu aux côtés des candidats dits spoliés qui demandaient le report. Pourquoi avez-vous soutenu leur initiative et non celle du PDS ?
Lorsque le collectif était mis en place, nous avions dit et publiquement, le 8 janvier, que nous ne demandions pas un report. Aujourd’hui, nous constatons malheureusement qu’une partie des spoliés demande le report, mais d’autres, et pas des moindres, maintiennent leur position de refus de tout report ou annulation de l'élection présidentielle et j'en fais partie.
Quand même, ce sont des faits graves qui ont été reprochés à certains juges. Si les faits sont avérés, est-ce qu'on peut tenir les élections dans ces conditions ?
Oui, mais jusqu’à présent, ce ne sont que des accusations et nous ne disposons d’aucun élément prouvant leur culpabilité. Les accusés sont innocents jusqu’à ce qu’ils soient condamnés conformément aux dispositions légales en cours dans ce pays.
Est-ce que vous allez participer au dialogue auquel appelle le président ?
Cela dépend de l’objet. Je considère que tout dialogue actuellement entamé doit avoir pour seule finalité le départ du président Macky Sall le 2 avril 2024 et la tenue de l'élection présidentielle à la date du 25 février 2024.
Une élection est-elle possible le 25 août ?
Pour la Présidentielle, il semble que c’est la date retenue dans la proposition de loi déposée à l’Assemblée et qui devrait être examinée ce lundi. Je ne pense pas que les députés vont l’adopter en plénière. Mais en cas de vote favorable, j’exhorte tous les députés opposés à cette forfaiture, quel que soit leur bord, à l’attaquer devant le Conseil constitutionnel pour son annulation.
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