Pour Abdou Mbow et ses autres collègues députés de la mouvance présidentielle, il est évident que l'acte qu'ils ont posé le lundi dernier à l'Assemblée nationale a évité au Sénégal un lendemain électoral qui serait incertain. "Nos compatriotes ont été informés ces derniers jours de certains dysfonctionnements qui ont commencé à entacher la crédibilité d'une des étapes du processus électoral initié depuis quelques mois par les pouvoirs publics de notre pays”, a notamment soutenu le président du groupe parlementaire de Benno, Abdou Mbow.
Il poursuit : "Certains d'entre eux ont d'ailleurs motivé la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire à l'initiative du groupe parlementaire Liberté, démocratie et changement qui a exigé que toute la lumière soit faite sur les soupçons de corruption et de conflits d'intérêts sur des membres du Conseil constitutionnel, notamment l'élimination du candidat Karim Meissa Wade et autres ainsi que les conditions de contrôle du parrainage citoyen".
Pour Abdou Mbow, appuyer cette initiative revient à "permettre à l'ensemble de la population sénégalaise à se faire une idée précise de cette affaire qui pourrait entacher grave- ment l'image et la réputation de notre démocratie".
Pour étayer la thèse du caractère biaisé du processus électoral, le député s'est référé au cas Rose Wardini.
Selon M. Mbow, on est en face d'une incohérence, d'un manque de logique. "À la lumière des enquêtes ouvertes sur la base de soupçons, il s'est avéré qu'un des candidats définitivement retenus par le Conseil constitutionnel pour participer au scrutin, en l'occurrence madame Rose Wardini, dispose d'une double nationalité sénégalaise et française, alors que notre charte fondamentale en son article 28 dit : "Tout candidat à la présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise."
Selon le parlementaire, c'est fort de ce constat que le président lui- même a pris la décision "d'abroger le décret convoquant le corps électoral, laissant le soin à l'Assemblée nationale de poursuivre sa procédure".
Dans son argumentaire, ce membre de l’APR a fustigé la conduite de ses collègues de l'opposition au sein de l'hémicycle. "Les députés de Yewwi Askan Wi et de Taxawu, notamment, qui ont encore écorné l'image de notre institution et de notre démocratie par le dénigrement, le refus de laisser les députés faire leur travail en toute conscience et en toute responsabilité. Comme lors de l'installation des députés de l'ac- tuelle législature, ils ont essayé d'empêcher physiquement le vote, obligeant le président de l'Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, à recourir aux forces de l'ordre pour permettre la libre expression des parlementaires”.
Pour finir, Abdou Mbow a aussi rappelé la nécessité de répondre à cet appel au dialogue émis par le président de la République. "À l'heure actuelle, les perspectives sont clairement identifiées : il faut un dialogue ouvert, inclusif et constructif. Le président de la République, Macky Sall, dispose de temps pour décliner les termes de référence du dialogue, afin d'obtenir les consensus nécessaires pour aller à une élection présidentielle apaisée, libre, transparente et inclusive le 15 décembre 2024".
Il renchérit : "Par-delà nos désaccords, notre responsabilité, celle de chacune et de chacun d'entre nous, est de participer à ce dialogue natio- nal pour que les insuffisances constatées lors du processus électoral ne se répètent plus. Le groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar ose espérer que cet appel au dialogue sera entendu pour le bien du Sénégal"