CONTRIBUTION - Il est incontestable que le report de l'élection présidentielle a ins- tallé notre pays dans une crise très grave. La responsabilité du Président Macky Sall est écrasante, car c'est l'échec de sa stratégie d'élimination de ses adversaires politiques par des manipulations institutionnelles qui nous a conduit dans l'impasse actuelle.

Certes, il faut reconnaître que l'occasion lui a été offerte, cette fois-ci, par les membres de la Coalition Karim 2024, dont je me réclame, qui n'ont pas pu se résoudre à aller à l'élection sans leur candidat dont l'exclusion leur a paru injuste et infondée car résultat d'une conspiration documentée.

Mais, quoiqu'il en soit, le problème que nous avons aujourd'hui est un problème de but et non de cause.

Peu importe qui est coupable ou victime, il nous faut trouver de façon urgente le moyen de sortir de la crise si nous ne voulons pas faire vivre à notre peuple des malheurs encore plus grands.

D'emblée, j'exclus toute ingérence étrangère dans le règlement de nos conflits internes : nulle part, l'intervention de la communauté internationale n'a ramené la paix de façon durable.

Bien que prôné par certains de nos compatriotes, dont la patience face aux manipulations du pouvoir a atteint ses limites, j'exclus, aussi, tout recours à la violence.

Ni les casses, ni les perturbations de l'ordre public, ni les invectives entre nous, ni la répression ne nous permettront de sortir de la crise, bien au contraire cela pour- rait l'exacerber davantage.

Pire, il arrivera bien un moment où les forces de sécurité et de défense en auront assez de nos enfantillages et ils pourraient prendre et exercer le pouvoir pour elles-mêmes pour nous aider à regretter notre si imparfaite démocratie actuelle.

Dès lors, il nous faut dialoguer, mais, dialoguer ne signifie ni capituler ni renoncer à ses principes, c'est trouver un terrain d'entente qui per- met à chaque partie de sauver la face et à notre pays de retrouver la stabilité nécessaire pour nous mettre au travail.

Pour ce faire, il est important que le chef de l'état libère le millier de prisonniers politiques qu'il détient sans aucune base légale, qu'il s'engage avant le 2 avril 2024 à former un gouvernement d'union nationale et à extirper du code électoral toutes les modifications contestées qu'il y a introduit depuis son arrivée au pouvoir.

À son tour, l'opposition doit accepter le report de l'élection présidentielle, tel que décidé par le parlement et s'asseoir avec le pouvoir dans un dialogue franc et sérieux, sans sujets tabous.

Hélas, nous n'avons pas assez de temps pour nous décider, car les marchands de malheurs rôdent parmi nous et autour de nous, pressés de voir notre pays plongé dans le chaos, car c'est dans le chaos qu'ils trouvent leur bonheur.

Que Dieu nous protège de leur maléfice remède et prédiction.

Vive le Sénégal.

TAMBA DANFAKHA PRÉSIDENT COALITION PRIORITÉ EMPLOI